12 années de réclusion criminelle pour l'homme accusé d'avoir transmis le VIH - Procès / Aix

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12 années de réclusion criminelle pour l'homme accusé d'avoir transmis le VIH

La cour d'assises des Bouches-du-Rhône a prononcé jeudi une peine de douze années de réclusion criminelle contre Christophe Morat, jugé depuis lundi pour avoir transmis le VIH, sciemment et en récidive.

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Mis en ligne le 02/10/2014

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Un récidiviste jugé pour avoir contaminé avec le VIH une de ses partenaires
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Un récidiviste jugé pour avoir contaminé avec le VIH une de ses partenaires

L'avocate générale avait requis 15 ans de réclusion criminelle contre cet homme de 40 ans, qui avait déjà été définitivement condamné en 2005 à six ans d'emprisonnement pour des faits similaires.

Christophe Morat était jugé pour "administration volontaire de substances nuisibles" à plusieurs femmes, ayant entraîné pour l'une d'entre elles, contaminée, "une mutilation ou une infirmité permanente" et pour cinq d'entre elles, séronégatives, une atteinte à l'intégrité psychique, le tout "avec préméditation et en état de récidive légale".

L'avocate générale Martine Assonion l'a dépeint jeudi comme un homme "théâtral, comédien", "charmeur, séducteur", mais qui possède "deux personnalités", le "tendre" et le personnage "abject, qui parle de manière dure".

Dans son réquisitoire, elle est longuement revenue sur les multiples aventures sexuelles de l'accusé dès sa sortie de prison, entre 2008 et 2011 . "M. Morat est en chasse", et va "continuer son oeuvre destructrice". "La trahison, l'infidélité, sont le lot de la nature humaine, mais ne constitue pas une infraction pénale", rappellera pour la défense Me Barbara Camoin.

L'avocate générale a aussi affirmé que M. Morat "connaissait tous les modes de transmission" du VIH, alors que certaines partenaires ont raconté comment il prétendait qu'il n'y avait "pas de risques" puisque il n'éjaculait pas en elles. Les avocats de la défense ont contesté pied à pied le raisonnement juridique de l'accusation.

Le sexe, le sang, la mort

La contamination au VIH, une "infirmité permanente" ? "Vous devez la caractériser", a demandé Me Christophe Bass, autre avocat de l'accusé, aux jurés. "Est-ce que le traitement à vie est une infirmité ?" a-t-il questionné, en faisant référence aux progrès de la thérapeutique contre le VIH. Dans le cas de l'administration de substance nuisible, "la tentative n'est pas punissable", a argué un autre de ses avocats, Me François Mason, pour tenter de faire tomber les charges concernant les cinq femmes exposées, mais non contaminées.

Me Mason s'est surtout attaché à démontrer l'absence de préméditation, qui a justifié son renvoi devant une cour d'assises, et non devant un tribunal correctionnel. "Si l'on veut maximiser ses chances (de contamination), c'est un rapport sexuel avec éjaculation", a-t-il souligné, alors que avec la plupart des femmes, il se retirait avant.

"Le sida, c'est le cumul de trois grands tabous : le sexe, le sang, la mort", a-t-il également lancé pour expliquer son incapacité à avouer sa séropositivité à ses partenaires. Quant à l'atteinte à l'intégrité psychique des victimes non contaminées, c'est "un préjudice lié à la prise de risque des plaignantes", a avancé Me Camoin.

"J'ai pas menti... J'ai pas dit la vérité, c'est tout", s'était défendu mercredi, l'accusé, les traits émaciés, exprimant toutefois de profonds regrets. Bras croisés, d'une voix hésitante, parfois ému, il a ainsi déploré "ne pas avoir pris la décision par (lui)-même d'avoir mis un préservatif", tout en niant avoir menti sur les risques qu'encouraient ses partenaires, notamment à celle à qui il a transmis le virus: "A aucun moment, je lui ai fait croire que je n'étais pas contaminant."

Cette femme de 43 ans a, elle, longuement raconté comment elle était tombée sous "l'influence" de l'accusé ; comment des soupçons sur la fidélité de son partenaire l'avaient amenée à découvrir sur internet son ancienne condamnation ; comment il l'avait convaincue de rester avec lui, d'avoir de nouveau des rapports protégés, puis non protégés ; comment, enfin, elle avait été contaminée et avait, malgré tout, continué à vivre avec lui.

A la fin de l'audience, Christophe Morat a de nouveau demandé pardon aux femmes assises en face de lui sur le banc des parties civiles, avant que le jury se retire pour délibérer.

(Source AFP)

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