A la Marche des Fiertés de Lyon, la non-mixité fait débat  - Gay Pride

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A la Marche des Fiertés de Lyon, la non-mixité fait débat

Plusieurs marches des fiertés ont eu lieu ce week-end en région, dont celle de Lyon qui avait fait le choix de mettre en première ligne les queer racisés. 

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A la Marche des Fiertés de Lyon, la non-mixité fait débat
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Mis en ligne le 13/06/2021

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Marche des fiertés LGBT Lyon

"C'est la première fois qu'on est sur le devant de la scène": en tête de la Marche des Fiertés, samedi à Lyon, un emplacement est réservé aux "queer racisé-e-s". Samuel, 23 ans, dreadlocks et mini-jupe rose, se félicite que leur lutte ignorée apparaisse enfin en pleine lumière. "Black queer lives matter !", lance Samuel, en référence au mouvement né aux Etats-Unis Black Lives Matter. "C'est aussi pour notre communauté, leur montrer qu'on est là".

"On est à l'intersection de plusieurs discriminations et on est souvent les oubliés", abonde Diakleb, jeune homme mince de 21 ans aux cheveux crépus teints en blond.

La 25e Marche des Fiertés à Lyon - qui a réuni 12.000 personnes samedi après-midi selon la préfecture, 30.000 selon les organisateurs - a mis en place une organisation inédite, et critiquée, basée sur des cortèges "en non-mixité": le cortège "queer racisé-e-s" en tête, qui a rassemblé une vingtaine de personnes, est suivi des handicapés, des lesbiennes, des trans, non-binaires et intersexes. Pour fermer la marche, le cortège mixte, "ouvert à tout le monde", a regroupé l'immense majorité des manifestants dont certains arboraient des tenues extravagantes et dansaient sur de la musique techno.

En mai à Tours, la polémique sur la zone "non-mixte pour les personnes LGBT+ racisées" de la Marche des Fiertés avait contraint les organisateurs à annuler la manifestation. Sur le char qui transporte une quinzaine de personnes en situation de handicap, Nuage, 21 ans, a accroché une pancarte "On existe" à une roue de son fauteuil. "La non-mixité, c'est une très bonne idée pour nous donner de la visibilité et ici je me sens en sécurité donc plus à l'aise", estime la jeune "trans et handi", considérant que "ceux qui critiquent sont ceux qui en ont le moins besoin".

Suivent, plus nombreuses, les lesbiennes qui donnent de la voix notamment pour réclamer la "PMA pour toutes". "PMA, on lâchera pas", scandent les jeunes femmes.

Aucune "volonté d'exclusion" 

"Je suis racisée et trans. Donc, quand on est concerné par plusieurs paramètres, on ne sait pas trop où se mettre et il manque plein de catégories comme les bi", regrette une femme transgenre de 21 ans, aux longs cheveux de jais, déplorant aussi que cette catégorisation ait pu "empêcher des personnes de venir". A ses côtés, Noé, 25 ans, casquette vissée sur la tête, dit comprendre que "certains (aient) besoin de créer ces espaces". "Mais ce n'est pas le choix que j'aurais fait". Un manifestant surnommé "Kiki", chevauchant une licorne en peluche, veut "rester dans la mixité". "On est bien dans le LGBT+. C'est la Marche des Fiertés avant tout; ça reste dans la démarche collective", juge ce cadre dans le marketing de 33 ans.

La non-mixité s'inscrit dans "une volonté de repolitiser la manifestation et de permettre à une partie de la communauté qui peut se sentir 'invisibilisée' de donner plus de portée à leurs problématiques mais sans volonté d'exclusion. Tout le monde est bienvenu", fait valoir Hugo, un porte parole du Collectif Fiertés en lutte (CFL), organisatrice de la marche. "On a beaucoup réexpliqué la non-mixité car c'est nouveau en France mais c'est un outil militant", poursuit le responsable.

Sur les réseaux sociaux, où ce choix a divisé, le CFL a expliqué que "les cortèges non-mixtes ne sont pas forcément des espaces clos dans lesquels nous forçons toutes les personnes appartenant à la minorité concernées à se rendre". "Chacun-e est libre de choisir si +iel+ souhaite marcher en mixité ou non", a ajouté le collectif qui demandait toutefois aux participants de "respecter les cortèges en non-mixité".

La Marche des Fiertés a réuni samedi 7.500 personnes à Nantes et 7.000 à Strasbourg.

Rédaction avec AFP


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