La situation se détériore encore et toujours en Russie  - VIH/Sida

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La situation se détériore encore et toujours en Russie

L'épidémie du VIH a continué de progresser en 2011 en Russie, avec, selon des chiffres officiels publiés lundi, 5% de cas de plus en un an dans ce pays qui, avec ses voisins, appartient à l'une des rares régions du monde où le nombre de morts dus au sida augmente toujours.

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Mis en ligne le 12/03/2012

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"En 2011, 62.000 nouvelles contaminations par le VIH ont été enregistrées dans le pays (...) cela représente une hausse de 5% par rapport à 2010", a indiqué le chef des services sanitaires de Russie, Rospotrebnadzor, Guennadi Onichtchenko, cité par les agences.

Selon lui, depuis 1987, un peu plus de 600.000 cas ont été enregistrés en Russie, un nombre très largement sous-estimé selon le Programme des Nations unies sur le sida (ONUSIDA) et l'Organisation mondiale de la Santé, qui estimaient à 980.000 le nombre de personnes vivant avec le virus en 2010.

La Russie a, selon la même source, 0,9% de sa population adulte infectée contre 0,2% de la moyenne pour l'Europe occidentale et centrale.

Les statistiques officielles russes ne reflètent pas non plus que, comme dans le reste de l'ex-URSS, le nombre de morts dus au sida augmente, relève un rapport de l'ONUSIDA publié en décembre dernier.

"Contrairement à la plupart des autres régions du monde, les décès liés au sida continuent d'augmenter en Europe orientale et en Asie centrale", relève ce document.

Ainsi, en 2009, la Russie a vu mourir entre 35.000 et 65.000 patients, soit deux fois plus que cinq ans plus tôt (17.000 à 32.000 décès en 2004).

De son côté, le Centre fédéral russe de lutte contre le sida estime qu'un peu moins de 77.000 personnes sont mortes des suites de la maladie depuis la fin des années 1980.

Concernant les soins, M. Onichtchenko affirme que 97.000 patients ont reçu des antirétroviraux en 2011, couvrant 97,6% des ceux en ayant besoin. Si l'OMS n'a pas publié ses estimations pour l'année passée, elle évaluait en 2010 que la couverture était de l'ordre de 21-29%.

Enfin, la majorité des nouvelles contaminations est toujours due à la consommation de drogues intraveineuses (57,6%). Mais Rospotrebnadzor note que la transmission sexuelle du virus chez les hétérosexuels est en hausse constante et représente aujourd'hui 39,9% des infections, ce qui se traduit par une "féminisation" de l'épidémie.

Andreï Zlobine, le directeur de l'Association des personnes vivant avec le VIH, explique ces statistiques contradictoires et le manque d'efficacité de la lutte contre le sida en Russie par l'absence d'une stratégie gouvernementale, si bien que personne ne sait "qui a besoin de quoi".

Il relève notamment que les différentes administrations russes ont des méthodes statistiques différentes, que la Russie n'a pas adopté de protocole de soins pour les malades et n'a pas de base de données unifiée des personnes traitées et suivies.

"Les services sanitaires comptent d'une manière, le ministère de la Santé d'une autre, le Centre fédéral de lutte contre le sida d'une autre encore (...) et ces différents camps, dans le système d'Etat, luttent les uns contre les autres", dit-il à l'AFP.

"La grande question, c'est pourquoi un pays qui dépense tant en la matière manque tellement d'efficacité", poursuit M. Zlobine.

En effet, l'ONUSIDA relève que les fonds en Russie sont en soi suffisants mais sont mal dépensés.

"Très peu des fonds investis concernent des programme de prévention visant les personnes s'injectant des drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les travailleurs du sexe", relevait en décembre l'organisation.

"Des 181 millions de dollars dépensés (en Russie) dans des programmes de prévention VIH, seuls 8 millions visaient ces populations" les plus à risque regrette le rapport.

(Source AFP)

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