Vincent et Bruno, les militants amoureux - Portrait

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Vincent et Bruno, les militants amoureux

Vincent et Bruno, en se disant "oui" mercredi à Montpellier, deviendront les premiers époux de même sexe officiellement unis en France, un mariage dont ces deux militants amoureux ont rêvé et pour lequel ils se sont battus durant des années.

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Vincent et Bruno, les militants amoureux
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Mis en ligne le 26/05/2013

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Montpellier Mariage Mandroux

Rien a priori ne prédisposait Bruno Boileau, 30 ans, et Vincent Autin, 40 ans, en couple depuis bientôt sept ans, à se rencontrer. Bruno, tout en discrétion, est alors fonctionnaire et vit en région parisienne. Il ne se sait pas homosexuel. Vincent, passionné de rugby, de voitures et d'informatique, est plus expansif et milite à Montpellier, notamment au sein d'Interpride World, dont il est directeur pour la France.

C'est internet et leur intérêt commun pour l'émission de M6 "La nouvelle Star" et le chanteur Christophe Willem qui vont faire le lien. D'abord ils discutent sur un forum, avant qu'une sortie à Paris ne permette la rencontre.

"Depuis, on a élargi notre répertoire. On aime d'autres chanteurs", rigolent les deux hommes, qui ont quand même du mal à citer un autre artiste en commun. Il est vrai qu'ils limitent la musique et les concerts pour protéger les oreilles de Vincent. Il entend mal, lit sur les lèvres, fait souvent répéter. La faute à une ancienne tumeur.

A Paris, coup de foudre, au restaurant. Bruno s'est "découvert homo". "Il me semblait impossible de ne pas assumer", dit-il. Il fait donc son coming out. Devant ses parents pour commencer. Il leur présente Vincent, que son père embrasse. Ses deux soeurs seront ses témoins.

Vincent Autin n'a pas abordé ce sujet avec son père, décédé quand il avait 17 ans, mais il n'a, lui non plus, rien caché. Il avait 16 ans quand il a parlé à sa mère. Elle n'a pas commenté et elle l'a emmené à la Gay Pride pour lui montrer qu'il n'était pas seul. Depuis, elle bat le pavé avec son fils.

"J'ai dit oui"

Longtemps, Bruno et Vincent ont rêvé de s'unir. Mais pour eux le PaCS était insuffisant.

"Le PaCS, c'était une belle avancée. Mais il justifiait pour certain le fait qu'on n'aille pas jusqu'au mariage. Or, il nous apparaissait important de nous marier pour être comme tout le monde", assure Vincent, ardent combattant des discriminations.

"Il y a deux principes fondateurs, la fidélité et la solidarité qui nous animent au quotidien dans notre couple. C'est capital que la République nous voit aussi dans ces principes car il y a beaucoup de clichés sur les homosexuels", renchérit Bruno.

"C'est un mariage d'amour qui va nous permettre d'envisager l'adoption. On a envie de fonder une famille", poursuivent-ils main dans la main et parlant d'une seule voix. Et sans oublier leur militantisme : "Ce qu'on veut c'est l'égalité pour Monsieur ou Madame tout le monde".

C'est Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement et ministre du droit des femmes, qui a proposé en septembre à Vincent Autin d'être "le premier marié gay". Il passe un coup de fil à Bruno, alors au travail. "Je n'ai pas réfléchi, j'ai dit oui", raconte ce dernier.

Depuis, l'un et l'autre n'ont pas ménagé leurs efforts. Distribution de tracts, médias... Et c'est ensemble qu'ils ont assisté à la première journée de débats, le 29 janvier, à l'Assemblée nationale.

"Ce qui me plaît au-delà de ma personne, c'est que les médias s'intéressent à l'amour", fait valoir Vincent, assurant n'avoir pas "la volonté d'être en permanence une tête de gondole" ou d'être "sur un plateau de JT".

"Le seul message qu'on veut faire passer, c'est celui d'une France qui a franchi le pas de l'égalité", dit Bruno. "Ce symbole il est fondamental pour nous", renchérit Vincent.

Si Bruno a toujours voulu rester un simple militant, Vincent a pris au fil des ans des responsabilités. Il est devenu un interlocuteur reconnu sur des thèmes aussi variés que le dépistage du sida, l'accueil dans les maisons de retraite ou la violence conjugale dans les couples homosexuels.

A l'orée des élections municipales, sa présence sur une liste n'est pas à exclure. "Je réfléchirai", répond-il, prévenant que son association jouerait "quoi qu'il arrive sa partition" pour obtenir "une société de justice et d'égalité".

(Source AFP)

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