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Ouverture à l’adoption

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Mis en ligne le 31/05/2005

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(Photo : Marie-Claire Lambert)

D’ici quelques semaines, la Belgique reconnaîtra légalement l’adoption par les couples de même sexe. Députée fédérale (PS) belge, Marie-Claire Lambert, une des principales rédactrices de la future loi, présente son projet.

La Belgique sera le deuxième pays au monde à autoriser l’adoption par les couples de même sexe. En quoi est-ce important ?


Cela est important en ce sens que la loi belge acquiert une valeur exemplative pour les autres Etats qui hésitent encore à franchir ce cap. La loi belge permet aussi de dépasser l’hypocrisie de ceux qui refusent de voir la réalité en face : même si la famille nucléaire reste le modèle de référence, nul ne peut plus ignorer que bon nombre d’enfants vivent d’autres modèles familiaux. En Belgique comme ailleurs, des enfants sont déjà élevés par des couples d’homosexuel(le)s et les gays et les lesbiennes font de très bons parents.

Quels droits nouveaux la nouvelle loi va-t-elle donner ?

La loi va permettre l’adoption d’enfants par des personnes de même sexe. Nous allons faire disparaître du Code civil les entraves qui existent actuellement et qui empêchent ce genre d’adoption. En outre, la proposition socialiste va plus loin car elle permet l’adoption internationale. Enfin, la loi va donner un lien juridique, créer une parentalité sociale pour les conjoints de même sexe qui élèvent déjà des enfants issus de mariages hétérosexuels précédents.

Selon vous, quelle serait la date d’entrée en vigueur de la loi ?

La proposition de loi socialiste autorisant l’adoption par des personnes de même sexe, dès qu’elle sera votée, deviendra effective le jour de l’entrée en vigueur d’une autre loi, déjà votée, et qui réforme l’adoption. Si tout va bien, cela pourrait être en septembre de cette année.

Cette loi a-t-elle été difficile à faire adopter ? Quels ont été les principaux obstacles ?

Et bien tout d’abord, la proposition est toujours en discussion à la Commission Justice de la Chambre. Des auditions d’experts et de juristes ont déjà eu lieu. Elles n’ont pas démontré que l’adoption par des gays et des lesbiennes aurait une incidence négative sur le développement de l’enfant, bien au contraire. Évidemment, les milieux conservateurs habituels se sont exprimés sur le sujet (dans la presse notamment), mais cela ne devrait pas empêcher le vote de ce texte. Il existe une sorte d’accord tacite entre les partis progressistes représentés au Parlement fédéral pour voter rapidement cette loi ainsi qu’un engagement clair du Parti Socialiste.

Vu de France, il est assez surprenant que sur cette question, souvent controversée, les débats en Belgique aient semblé apaisés comme s’il existait un consensus pour, après le mariage homosexuel, ouvrir ce nouveau droit. Comment l’expliquez-vous ?

Je pense que l’extension du mariage aux gays et aux lesbiennes a servi de déclencheur et a fait évoluer les mentalités. C’était d’ailleurs l’un des objectifs de cette avancée législative, en plus de permettre une égalité des droits entre hétéros et homos. En outre, la loi belge qui permettait le mariage homosexuel tout en interdisant l’adoption n’était pas tenable à long terme : il s’agissait d’une étape nécessaire le temps d’arriver à un consensus politique. Il me semble maintenant que ce consensus est atteint, l’extrême droite mise à part, et que le monde politique belge est prêt à aller de l’avant et à voter l’adoption par les couples homosexuels.

Vous êtes la principale rédactrice d’une nouvelle proposition de loi sur l’homophobie. Quel en est l’objet ?

La proposition de résolution que j’ai déposée avec trois collègues socialistes vise, à l’instar de l’appel de Louis-Georges Tin, le fondateur de la Journée Mondiale du même nom, a créer en Belgique une Journée nationale de lutte contre l’homophobie, le 17 mai de chaque année et à la faire soutenir par les pouvoirs publics. Cette résolution a été votée cette semaine à la Chambre, c’est un grand succès. Dans les jours qui viennent, le Ministre fédéral de l’Égalité des Chances, socialiste lui aussi, va prendre un Arrêté royal qui officialise la Journée. La Belgique est désormais le premier État de l’Union Européenne et le deuxième au monde après le Canada, à avoir décrété le 17 mai comme Journée Nationale de Lutte contre l’Homophobie.

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Propos recueillis par Jean-François Laforgerie

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Mis en ligne le 31/05/05

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