Aujourd'hui, tout le monde aime Charlie... même ceux qui ne l'aimaient pas  - Hommage

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Aujourd'hui, tout le monde aime Charlie... même ceux qui ne l'aimaient pas

Cabu, Wolinski, Charb et toute la bande de Charlie Hebdo fustigeaient allègrement les institutions, les religions et l'extrême droite. Ironie du drame qui a frappé le journal mercredi, ils sont désormais l'objet d'un hommage unanime, y compris de la part de leurs cibles préférées.

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Aujourd'hui, tout le monde aime Charlie... même ceux qui ne l'aimaient pas
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Mis en ligne le 09/01/2015

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De là où ils sont, "ils doivent trouver bizarre de voir arriver à la rescousse des gens qui ne se sont pas occupés d'eux, voire qui leur ont craché à la gueule", dit à l'AFP François Rollin, humoriste grinçant étroitement associé à la "famille Charlie".

"Il y a beaucoup d'hommages, c'est surprenant, mais en même temps, il y en a jamais trop", ajoute ce proche de Tignous, l'un des cinq dessinateurs tués dans l'attaque.

Du pape François à la reine d'Angleterre en passant par Vladimir Poutine, le Front national ou le monde du sport, tous régulièrement éreintés par le journal: personne n'a manqué à l'appel, même parmi les cibles privilégiées de l'hebdomadaire libertaire, pour se joindre à l'hommage planétaire rendu depuis mercredi aux victimes de l'attentat.

Qui aurait ainsi imaginé les cloches de Notre-Dame sonner le glas et le pape prier pour ces journalistes irrévérencieux, anticléricaux et farouchement laïcs? Pour un journal qui, en février 2013, montrait en une le pape démissionnaire Benoît XVI dans les bras d'un garde suisse en plein débat sur le mariage homosexuel en France?

Pour tous, amis comme détracteurs du journal, l'ampleur du drame est telle qu'elle réunit dans un élan commun de solidarité, au moins pour un temps.

"La liberté d'expression est absolument nécessaire même si on n'est pas d'accord avec tout", a souligné mercredi Michel Dubost, évêque d'Evry, et président du Conseil pour les relations inter-religieuses au sein de la Conférence des évêques de France.

Plus tôt, ça n'aurait pas fait de mal

Le FN, parti que Charlie Hebdo a voulu faire interdire à travers une pétition dans les années 1990, a exprimé le souhait de participer à la manifestation de soutien prévue dimanche, rassemblement dont le parti s'estime aujourd'hui exclu.

Son vice-président, Florian Philippot, qui n'ira quand même pas jusqu'à s'abonner au titre satirique, avait exprimé sur Twitter sa "tristesse" le jour même de l'attentat. Vendredi, il a rappelé qu'il était un "contribuable" et, qu'à ce titre, il participerait à l'aide d'environ un million d'euros annoncée par le gouvernement pour permettre au journal de survivre.

Dans la série des paradoxes qui auraient à coup sûr fait pouffer "Charlie": ces drapeaux en berne, un deuil national, une poignée de main à l'Elysée entre François Hollande et Nicolas Sarkozy et un titre de "citoyen d'honneur de la Ville de Paris" . Autant de symboles que ne manquaient pas d'égratigner les caricaturistes pourfendeurs des institutions et pouvoirs de tous ordres.

"On ne va quand même pas s'en plaindre. Ce sursaut autour de la liberté d'expression, c'était quand même leur came, c'était pourquoi ils se battaient", estime François Rollin.

Pour autant, "un peu plus tôt, ça n'aurait pas fait de mal, tous ces garçons ne se sentaient pas très soutenus auparavant", ajoute-t-il. "C'est sûr que si l'équipe de Charlie avait été aimée au centième de ce qu'elle l'est aujourd'hui, peut-être même que l'attentat n'aurait pas été possible de la même façon", ajoute l'humoriste.

L'union nationale est allée jusqu'aux sportifs, souvent malmenés eux aussi par "Charlie", dont les Unes cinglantes sur les salaires mirobolants des footballeurs ou leurs frasques flirtaient avec le carton rouge: "On veut encore plus de putes", réclamait par exemple en mai 2011 la caricature de Franck Ribéry en plein débat sur les "quotas" de joueurs étrangers dans le foot français. Le dessin était signé Tignous.

(Source AFP)

 

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