Avant le synode, voix dissonantes à Rome sur la place des homosexuels dans l'Eglise - Religion

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Avant le synode, voix dissonantes à Rome sur la place des homosexuels dans l'Eglise

Entre invitations à une sainte chasteté et appels à la reconnaissance de la valeur d'unions stables, de nombreuses voix discordantes tentent de se faire entendre à Rome sur la place des homosexuels dans l'Eglise, même si le synode sur la famille risque d'éluder ce sujet brûlant.

E-llico.com / Actus

Avant le synode, voix dissonantes à Rome sur la place des homosexuels dans l'Eglise
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Mis en ligne le 03/10/2015

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Des représentants d'organisations de catholiques homosexuels de près de quarante pays sont réunis depuis jeudi dans une ambiance studieuse pour s'organiser en réseau international baptisé Global Network of Rainbow Catholics (GNRC) (réseau mondial des catholiques arc-en-ciel).

Le message officiel de l'Eglise à leur égard est clair: comme l'a rappelé une autre conférence vendredi à Rome, les actes homosexuels sont "intrinsèquement désordonnés" et les personnes homosexuelles sont invitées à une vie d'abstinence. "Sans vouloir offenser personne (...), l'homme n'est rien sans la femme, la femme n'est rien sans l'homme, et l'un et l'autre ne sont rien sans l'ouverture à la vie. L'homosexualité est fermée à la vie", a martelé le cardinal guinéen Robert Sarah, devant les rangs clairsemés d'une université pontificale.

Ancien marine américain, le père Paul Check est responsable depuis 8 ans de l'association Courage, qui cherche à accompagner les personnes à tendances homosexuelles vers une vie plus chrétienne. "Leurs sentiments ne sont qu'une partie de leur humanité et de leur chrétienté. Mais je ne minimise pas ces sentiments (...). La question ensuite est de savoir comment y répondre", explique-t-il.

"Le message de l'évangile, c'est un message qui est radical", insiste Clément Borioli, un Français de 23 ans qui dit avoir dépassé ses tendances homosexuelles et aspire désormais à "une amitié exclusive et affectueuse" dans la chasteté. Et si l'ensemble des pères synodaux, à l'image du pape, s'accordent pour condamner toute forme de mariage homosexuel, même au sein de l'Eglise, certains s'interrogent.

"Pour moi, cette inclination est un point d'interrogation: elle ne reflète pas le dessein original de Dieu, et pourtant elle est une réalité, parce qu'on naît gay", a écrit récemment le cardinal allemand Walter Kasper.

Mgr Raul Vera Lopez, évêque de Saltillo (Mexique), est allé plus loin en instaurant en 2010 dans son diocèse un accueil pastoral pour les homosexuels, vite censuré par sa hiérarchie. "Quel scandale ! On pense que les homosexuels sont pervers, qu'ils sont malades. Mais la maladie est dans notre tête, pas dans la leur", s'exclame-t-il en marge des travaux fondateurs du GNRC.

Le pape lui-même fait preuve d'ambivalence. Il a reçu aux Etats-Unis Kim Davis, l'égérie des opposants au mariage gay, mais aussi un ami homosexuel et son compagnon. Venus des Etats-Unis, d'Espagne, d'Allemagne, de Pologne mais aussi de Zambie ou du Chili, ces "catholiques arc-en-ciel" ayant choisi de vivre malgré tout leur homosexualité ne demandent pas beaucoup aux pères synodaux.

Face à un grand drapeau arc-en-ciel dans un centre d'accueil sur les hauteurs derrière le Vatican, ils se réjouissent déjà que le sujet soit sur la table. "Le fait que le pape, pour la première fois, ait prononcé le mot gay est un événement historique", explique leur porte-parole, Andrea Rubera, un Romain de 50 ans qui élève trois enfants avec son mari.

Dans l'avion qui le ramenait du Brésil peu après son élection en 2013, François avait déclaré: "si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ?" Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour passer des paroles aux actes.

Cela pourrait commencer par une reconnaissance officielle des pratiques "gayfriendly" dans certaines paroisses, aux Etats-Unis ou en Europe occidentale, mais qui dépendent toujours uniquement du bon vouloir du prêtre local. Ces évolutions pastorales visent à aider les familles à accepter leurs enfants homosexuels, à accueillir sans discrimination les enfants des couples homosexuels, voire à reconnaître "la dignité et la beauté d'une affection homosexuelle", explique Andrea Rubera. Ce dernier point avait figuré dans un document de travail intermédiaire rendu public pendant le synode de l'année dernière, suscitant de vives réactions et disparaissant sans laisser de trace dans le document final.

(Source AFP)

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