Le président de la République et la ministre de la Justice, Christiane Taubira, "ont convenu de la nécessité de mettre fin [aux] fonctions [de Christiane Taubira] au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui, en commission des lois", écrit l’Elysée dans un communiqué.

Jean-Jacques Urvoas, actuel président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, a été nommé en remplacement de la garde des sceaux.

Pour la communauté LGBT, Christiane Taubira restera la ministre qui a ouvert le mariage et l'adoption aux couples de même sexe avec la loi sur le "Mariage pour tous".

Lorsque la discussion sur le mariage homosexuel arrive au Parlement, où elle porte le projet de loi, le grand public découvre son lyrisme. Elle alterne citations de René Char, Emmanuel Lévinas ou du poète guyanais Léon Gontran-Damas, extraits du code civil, et siège jour et nuit à l'Assemblée où elle se rend parfois à vélo.

A l'Assemblée, lors de la seconde lecture du projet, elle fredonne le "temps des cerises" pour décrire des bonheurs futurs mais s'en prend aux "factieux", aux "cracheurs de haine" qui s'opposent des mois durant violemment au projet au sein du mouvement de la Manif pour tous.

Jamais, au fil des mois de mobilisation violente des anti-mariage gay, elle ne fléchira pour défendre ce texte qui lui doit beaucoup.

La loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels, adoptée par le Parlement en 2013, n'avait pas abordé la question de la PMA à laquelle les associations homosexuelles sont très attachées.

Christiane Taubira s'y est constamment déclarée favorable.

"Je le répète, je pense que cette revendication est légitime. Le groupe socialiste avait essayé d'introduire le débat. Moi, je pense que c'est légitime par conséquent le débat doit avoir lieu", a toujpurs déclaré la ministre. 

Sur la question de la GPA, la garde des Sceaux a défendu et obtenu "le droit à leur inscription à l'état civil".

Dès son entrée au gouvernement Ayrault, cet électron libre, marqué à gauche, a suscité des réactions d'hostilité de la droite, qui en a fait l'une de ses cibles principales. 

Sa démission a été demandée par l'opposition avec force des mois durant. C'est sa divergence avec la position du Président et du Premier ministre gourvernement sur la question de la déchéance de nationalité qui aura finalement provoqué son départ de l'équipe gouvernementale.

> "Tristesse" et "respect" du côté des associations LGBT

Du côté des associations LGBT, on exprime "tristesse» et "respect". "Merci @ChTaubira!, a tweeté l'APGL, association des parents et futurs parents gays et lesbiens. Les familles homoparentales savent ce qu'elles vous doivent #respect #egalite". "Vous êtes notre histoire. 35.000 mariages de couples de même sexe", a renchéri l'ADFH, (Association Des Familles Homoparentales).

"Christiane Taubira est un symbole, elle a un caractère incroyable, c'est une femme libre qui a eu un courage extraordinaire pendant le mariage pour tous. Elle a toujours tenu bon, c'est un très grand regret pour moi, une perte immense pour le gouvernement",a confié Jean-Luc Romero.

La Manif pour tous se réjouit au contraire de ce départ de celle qui était son ennemie jurée et annonce même un "pot de départ" Place Vendôme ce soir à partir de 19h30. 

Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, estime qu'"elle a fracturé la société française de manière très profonde. Car, en plus de la loi Taubira, il y a la circulaire Taubira, qui permet le recours à la GPA à l'étranger".

Virginie Tellenne - alias Frigide Barjot -, évoque  piur sa part "une forme de soulagement".

(Avec AFP)