Politique
Christine Boutin, la pasionaria anti-PaCS, met fin à 40 ans de défense du conservatisme catholique
Pasionaria conservatrice anti-PaCs et anti-mariage gay, Christine Boutin, 73 ans, a mis samedi un terme à quarante ans d'une carrière politique tournée vers les questions sociétales et marquée par une candidature à la présidentielle.
E-llico.com / Actus
Christine Boutin, la pasionaria anti-PaCS, met fin à 40 ans de défense du conservatisme catholique
Politique
Mis en ligne le 21/10/2017
Tags
Christine Boutin PaCS Mariage homosexuel Manif pour tous
Sur le même sujet
Quand Hervé Mariton menace notre liberté d'expression
Elle s'est décrite comme une femme "fière" de son parcours. "Je suis heureuse de ne pas avoir renié mes convictions", a-t-elle ajouté, en regrettant d'avoir été "ridiculisée, ringardisée".
Députée des Yvelines de 1986 à 2007, Christine Boutin s'était fait connaître à l'Assemblée en 1998 lors du débat sur le PaCS (photo), dont elle avait incarné l'opposition, parfois Bible à la main ou en pleurs lorsque le Premier ministre de l'époque, Lionel Jospin, l'avait qualifiée de "marginale" et "outrancière".
Elle a également pris parti contre l'avortement et la pilule du lendemain, avant de reprendre le combat contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe en 2012.
Mais cette fervente catholique a également pris position contre la peine de mort et cherché à donner une image plus humaniste sur des questions, telles les prisons, le logement d'urgence ou les migrants.
Être catholique pratiquante, "c'est pour moi essentiel", avait-elle confié en 2009 au journal Le Monde. "Depuis trente ans que je fais de la politique, ce qui m'intéresse c'est la fragilité, la dignité de l'homme".
Candidate malheureuse à la présidentielle de 2002 - elle avait recueilli 1,19 % des suffrages - , Christine Boutin avait choisi de soutenir Nicolas Sarkozy en 2007. Une fois élu à l'Élysée, il l'avait nommée ministre du Logement.
Elle gardait toutefois une rancoeur certaine contre François Fillon, Premier ministre, qui l'avait écartée à la suite d'un remaniement en 2009.
Christine Boutin avait alors renoncé à reprendre son siège de députée, se concentrant sur la présidence de son mouvement politique, le Parti chrétien-démocrate (PCD), qu'elle avait fondé en 2002 sous le nom de Forum des Républicains sociaux, parti associé à l'UMP. Après une nouvelle annonce de candidature à la présidentielle en 2011, elle avait finalement renoncé et à nouveau soutenu Nicolas Sarkozy en 2012.
S'en était suivie une période plus discrète, interrompue par son soutien actif à la Manif pour tous, ou, l'an dernier, une condamnation pour incitation à la haine après avoir estimé que "l'homosexualité est une abomination".
Samedi elle regrettait que ses paroles aient "blessé des gens dans le débat sur le mariage homosexuel". Christine Boutin s'était également illustrée en déplorant qu'"on soit envahi de gays" après l'attribution de la Palme d'or 2013 à "La vie d'Adèle".
Après le premier tour de l'élection présidentielle de 2017, elle avait annoncé qu'elle voterait pour Marine Le Pen. "Toute ma vie j'ai combattu le FN" mais, en tant qu'"anti-Macron primaire", "je voulais qu'il fasse le score le plus bas possible", a-t-elle expliqué samedi.
Née le 6 février 1944 à Levroux (Indre), Christine Boutin est mariée à son cousin germain, Louis Boutin, mère de trois enfants, grand-mère et titulaire d'une maîtrise de droit public. Elle étudie désormais deux jours par semaine la théologie à Paris.
Elle avait commencé sa carrière politique en 1977 comme conseillère municipale d'Auffargis (Yvelines), avant de devenir cinq ans plus tard conseillère générale, puis départementale, de Rambouillet, mandat dont elle a démissionné samedi.
Christine Boutin avait confié en 2013 la présidence de son parti à Jean-Frédéric Poisson, qui lui avait déjà succédé six ans plus tôt à l'Assemblée nationale. Elle reste présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate.
(Avec AFP)