Comme un goût d'inachevé pour certains députés LREM - Réformes de société

Réformes de société

Comme un goût d'inachevé pour certains députés LREM

L'ouverture de la PMA à toutes les femmes va sans doute constituer la seule réforme de société du quinquennat Macron, faute d'adoption d'un texte sur la fin de vie. Le président est-il frileux sur ces sujets? Une partie de la majorité reste sur sa faim.

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Comme un goût d'inachevé pour certains députés LREM
Réformes de société

Mis en ligne le 29/06/2021

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PMA pour toutes Projet de loi Gouvernement Assemblée nationale

"Le constat est assez partagé: on n'a pas de grande réforme sociétale au bilan. La PMA pour toutes n'a pas la force du mariage pour tous, il y a une frustration", constate une source LREM. François Hollande avait permis mariage et adoption pour les couples homosexuels en 2013, et s'était prononcé en faveur de l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de lesbiennes. Le candidat Macron l'avait inscrit à son programme. Il a cependant fallu quatre ans avant cette adoption définitive prévue mardi, entre rapports, concertation et crise sanitaire.

Avec la peur de raviver les fractures du mariage pour tous? Voire la volonté de ne pas braquer une bonne part de l'électorat de droite? "Le cheminement a été long" mais l'élargissement de la PMA est "un choix qui déchire et divise dans la société, il a fallu prendre le temps d'écouter tout le monde", justifie Christophe Castaner, chef de file des députés LREM, qui compte dans ses propres troupes quelques farouches opposants. "Cela a pris un temps infini pour pas changer grand-chose, et sans espoir de convaincre les plus récalcitrants", lâche le rapporteur Jean-Louis Touraine (LREM), cependant "fier" de cette réforme qui "fait reculer les discriminations".

Mais l'ex-LREM Guillaume Chiche tacle: "il va falloir rester modeste car c'est a minima, ça n'est pas un grand texte de liberté" du fait notamment du rejet de la PMA post-mortem ou pour les transgenres. Sur le sociétal, "on va à très faible allure, le président est plutôt conservateur, loin du programme de 2017 qui était de casser les codes", déplore ce parlementaire. Les réformes de société n'étaient "pas au coeur du projet", "il n'y a pas tromperie", rétorque Aurore Bergé. La présidente déléguée du groupe LREM vante plus largement les avancées sous ce quinquennat en matière d'égalité femmes-hommes - de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à l'allongement du délai pour l'IVG, qui doit encore être validé.

"Part de cynisme"

"Les dirigeants français de façon générale ont une certaine réticence à avancer dans ces domaines potentiellement dangereux", constate M. Touraine, ancien socialiste selon qui "ils ont tort de croire qu'il faut attendre le consensus". Ce tenant d'un "progressisme humaniste", favorable à la gestation pour autrui (GPA) éthique, a froissé régulièrement droite et extrême droite, en évoquant une simple "étape" avec ce projet de loi de bioéthique. De la "droite modérée", la présidente de la commission spéciale Agnès Firmin Le Bodo (groupe Agir) juge elle que les politiques ont "du retard sur la société", alors que Valéry Giscard d'Estaing sur l'avortement et François Mitterrand sur la peine de mort étaient "en avance".

Nombre de députés mettent la pression pour voir aboutir un autre texte d'ici la fin du quinquennat, pour une "fin de vie libre et choisie". Car une proposition de loi d'Olivier Falorni (Libertés et territoires) autorisant l'euthanasie est restée au milieu du gué, en première lecture en avril.

Quelque 300 élus de tous bords, soit plus de la moitié de l'Assemblée et plus de la moitié du groupe LREM, ont réclamé son retour au Premier ministre. Face au Covid-19, les Français demandent "que tout soit fait" pour "protéger les vivants et pour humaniser l'agonie des mourants", ont plaidé ces élus, soutenus ouvertement par quatre ministres (Marlène Schiappa, Emmanuelle Wargon, Olivier Dussopt et Agnès Pannier-Runacher). Mais "on laisse s'enliser le sujet, il y a une part de cynisme d'Emmanuel Macron" qui n'a pas pris d'engagement en 2017 mais a indiqué qu'il préfèrerait choisir sa propre fin de vie, estime un promoteur du texte.

"C'est bien parti pour être un sujet de la campagne 2022", au risque de cliver, regrette une autre. Le ministre de la Santé Olivier Véran considère qu'une telle question a "besoin de temps", celui "d'un débat national impliquant les Français, les associations, les soignants, les corps intermédiaires".

Rédaction avec AFP


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