Célébration des mariages homosexuels
Des maires hostiles réclament une dispense
Pris entre leur obligation d'appliquer la loi et leur refus du mariage homosexuel, une partie des maires hésite à célébrer de telles unions, certains allant jusqu'à réclamer "un droit à l'objection de conscience" en guise de dispense.
E-llico.com / Actus
Des maires hostiles réclament une dispense
Célébration des mariages homosexuels
Mis en ligne le 22/10/2012
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Apparu début octobre, le mouvement semble encore timide. Outre des prises de position isolées, il a pris la forme d'un appel intitulé "Protégeons l'enfance" lancé par quatre élus, membres du Collectif des maires pour l'enfance, créé en 2004 "pour que les droits de l'enfant soient pris en compte et protégés".
"Ça ne fait que démarrer, il est encore trop tôt" pour comptabiliser le nombre de signataires de l'appel, affirme l'un des initiateurs, Franck Meyer, maire de Sotteville-sous-le-Val (Seine-Maritime), qui se définit comme "centriste". "155.000 maires et adjoints aux maires" ont été contactés.
Les maires sont des officiers d'état civil et agissent à ce titre comme représentants de l'Etat chargés d'appliquer les lois de la République. Refuser d'accomplir cette mission expose les contrevenants à une suspension de leur mandat pendant un mois - la décision relève du ministre de l'Intérieur. D'où la revendication d'un "droit à l'objection de conscience" pour les réfractaires. Un maire peut aussi déléguer sa charge à un adjoint.
Qu'ils s'associent ou non à cette initiative, les élus adversaires du "mariage pour tous", selon la terminologie gouvernementale, ont un profil divers. Se côtoient des maires de communes rurales, de la banlieue parisienne (Saint-Cloud et Le Bourget, entre autres), et de villes importantes, comme le maire du VIIIe arrondissement de Paris François Lebel.
Certains se disent "sans étiquette politique", la plupart sont de droite, mais on trouve aussi des élus de gauche. "Il n'y a pas de clivage politique au sens partisan du terme. Je connais des maires de droite qui y sont plutôt favorables, et des maires de gauche qui sont réservés", témoigne André Laignel, secrétaire général de l'Association des maires de France (AMF), lui-même partisan de la réforme.
Rarissimes sont ceux qui assument une hostilité ouverte à l'égard des homosexuels. "Je respecte profondément les choix de vie différents et je ne porte aucun jugement homophobe sur les couples homosexuels mais quand il s'agit d'un acte social comme le mariage, je tiens à défendre les symboles forts de la société", explique Charles Gauthier, maire UMP de Vereux (Haute-Saône).
L'homophobie affleure pourtant. "Le mariage, c'est l'union d'un homme et d'une femme, la nature doit être respectée", ajoute Charles Gauthier, qui se dit aussi "farouchement hostile au droit à l'adoption" par les couples homosexuels.
Maire sans étiquette de Saint-Martin-de-Commune (Saône-et-Loire, 120 habitants) depuis 37 ans, Gabriel Chavy, 77 ans, maugrée. Célébrer de telles unions, "j'ai pas envie de faire ce travail-là, moi, je ne suis pas de cette génération", lâche-t-il, invoquant sans s'étendre "la tradition", ses "convictions", sa "sensibilité".
Dans le même département, le maire de Romenay, Didier Gérolt, 35 ans, s'inquiète du qu'en-dira-t-on. "Ça ne me gêne pas sur le principe. Mais ça va poser des problèmes dans les petits villages. Le jour où ils vont s'afficher, les gens vont s'en donner à coeur joie... Ça arrive déjà quand quelqu'un se marie avec un étranger", confie-t-il.
Beaucoup de maires, les plus opposés au mariage gay mais pas seulement, se plaignent surtout que le gouvernement ne leur demande pas leur avis. Le président de l'AMF Jacques Pélissard (UMP) relaie le message: "Il y a une position unanime de l'association pour dire: on veut être entendus, on veut une concertation".
(Source AFP)