Donal et Joseph, incrédules, espèrent l'adoption du mariage gay  - Irlande

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Donal et Joseph, incrédules, espèrent l'adoption du mariage gay

Quand Donal Traynor a rencontré Joseph Bowlby à Dublin en 1994, un an après la dépénalisation de l'homosexualité en Irlande, aucun des deux hommes n'imaginait que ce pays puisse un jour tenir un référendum sur le mariage homosexuel, comme c'est le cas vendredi.

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Donal et Joseph, incrédules, espèrent l'adoption du mariage gay
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Mis en ligne le 17/05/2015

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"C'est très étrange. C'est presque trop beau pour être vrai", confie Donal Traynor, 53 ans, dans la maison où il habite avec Joseph et leurs deux fils dans un lotissement très calme en bordure de Dungarvan, une ville balnéaire du sud-est de l'Irlande.

"S'il est approuvé, quelle récompense ça serait pour toutes ces années d'efforts pour changer notre petite Irlande!", se réjouit-il. "Je ne réalise toujours pas qu'il y a un référendum sur le mariage gay", s'étonne son partenaire Joseph, 55 ans, originaire de l'Alabama (États-Unis). Joseph Bowlby passait des vacances en Irlande lorsqu'il a rencontré Donal pour la première fois.

Les deux hommes sont tombés amoureux à une époque de grands changements en Irlande, et pas seulement pour les homosexuels: le divorce allait être prochainement légalisé et l'économie s'apprêtait à décoller comme jamais. Le couple a déménagé à Londres en 2003 avant de revenir en Irlande l'année dernière, en tant que partenaires civils et pères adoptifs de deux garçons.

Les deux hommes soulignent à quel point le monde a changé depuis l'époque où ils ont annoncé leur homosexualité à leurs familles, il y a plusieurs décennies. "Je ne peux pas traduire avec des mots le désespoir que j'ai vu dans les yeux de mes parents", se rappelle Donal. "C'était comme si leur pire cauchemar devenait réalité".

Égaux devant la loi

La victoire du "oui" vendredi serait un événement majeur pour le couple mais aussi pour l'Irlande, qui, jusqu'à récemment, était marquée par un strict conservatisme social sous l'influence de l'Église catholique. "Cela signifierait que nous aurions enfin une place à table en Irlande", estime Donal. "Il s'agit surtout d'égalité", abonde Joseph. "Cela voudrait dire que nous serions égaux devant la loi et, avec un peu de chance, aussi aux yeux de la population".

Le camp du "non" a ciblé sa campagne sur les possibles conséquences pour les enfants et les mères porteuses. "Elle a besoin de sa mère pour la vie, pas seulement pour neuf mois", déclare une affiche pour le "non" sous la photo d'une petite fille. "C'est purement et simplement alarmiste", juge Joseph. "Nos fils ont entendu des choses à la radio ou ont entendu des gens les commenter et ils se sentent vraiment menacés", s'inquiète-t-il. "Même si on leur a dit qu'il ne s'agit que de politique et non de la vie réelle, ils doivent avoir peur de nous être enlevés".  

Un certain niveau d'homophobie

Les deux hommes ont décidé de jamais emmener leurs enfants lorsqu'ils sortent faire campagne pour le "oui", de peur de représailles. "Même si les comportements ont changé de manière phénoménale, il y a toujours un certain niveau d'homophobie", ressent Donal. "Si je tombe au hasard sur Joseph dans la rue, je ne l'embrasse pas car je ne veux pas attirer les regards négatifs. C'est presque inconscient", explique-t-il. "Mais peu de gens que nous avons rencontrés en faisant campagne ont été vraiment désagréables", poursuit-t-il.

"Deux jeunes filles ont été traitées de +sales perverses+ et quelqu'un leur a dit qu'elles feraient mieux de réciter leurs prières plutôt que pécher". Selon eux, la focalisation de la campagne du "non" sur l'aptitude des homosexuels à élever des enfants ignore la réalité des familles non traditionnelles en Irlande. "Nous pouvons offrir de la sécurité, une éducation ainsi que de l'amour aux enfants", dit Donal.

Les deux hommes seraient ravis de se marier si le référendum passe mais ils sont trop nerveux pour prédire la victoire du "oui". "Si le non l'emportait, je serais tellement déçu", soupire Donal. "Je me sentirais trahi en tant qu'Irlandais".

(Source + photo  AFP)

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