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En Malaisie, les transsexuels vivent un enfer

"Ici nous ne sommes pas traités comme des humains", raconte Abinaya Jayaraman en décrivant "l'enfer" des transsexuels en Malaisie, l'un des pays les plus répressifs au monde contre cette communauté.

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Mis en ligne le 29/09/2014

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Répression systématique des transsexuels en Malaisie

D'autres transsexuels utilisent un pseudonyme pour protéger leur identité, telle Aryana - née homme mais s'identifiant comme une femme - qui se plaint comme nombre d'autres transsexuels des persécutions grandissantes dont ils sont victimes dans ce pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane.

Après être rentrée chez elle un soir, raconte Aryana, des hommes se réclamant de la pureté islamique ont saccagé son appartement et l'ont arrêtée pour travestissement. Retenue pendant plusieurs heures, Aryana a été traitée brutalement, elle a subi de pressions pour avouer sa transsexualité et a été obligée de payer une amende. "C'est difficile. Quand je portais des vêtements pour homme, je ressentais cela comme un mensonge", raconte la transsexuelle âgée de 30 ans, cheveux longs teints en rouge-brun et visage maquillé d'une épaisse couche de poudre.

Les transsexuels sont courants en Malaisie, habituellement des hommes s'identifiant comme des femmes, mais aussi vice-versa. Certains subissent des interventions chirurgicales. Cependant, leur vie est bien différente de celles des transsexuels en Thaïlande, pays voisin à majorité bouddhiste, réputé pour sa tolérance. En Malaisie, les transsexuels sont victimes de discriminations et de harcèlement, d'abus sexuels et d'arrestations, ainsi que d'ostracisme social, a détaillé l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié la semaine dernière, classant cette nation comme l'une des plus répressives en la matière.

L'homosexualité est interdite en Malaisie, pays qui considère les relations sexuelles entre gays "contraires aux lois de la nature". Des lois sur la pureté islamique pénalisent le fait pour une personne de s'habiller comme le sexe opposé, un délit passible d'une sanction allant jusqu'à trois ans de prison.  -

Jugeant ces lois discriminatoires et inconstitutionnelles, des transsexuelles arrêtées il y a quatre ans ont saisi un tribunal à Seremban, capitale de l'Etat de Negeri Sembilan (sud), où une décision est attendue le 7 novembre. "J'espère obtenir gain de cause, j'attends cela depuis longtemps", raconte l'une d'elles, qui n'a pas souhaité décliner son identité. "Je ne suis pas un homme agissant comme une femme, je suis une femme", insiste cette transsexuelle de 28 ans. Les attitudes à l'égard des transsexuels étaient relativement tolérantes par le passé dans ce pays musulman historiquement modéré. Mais elles ont changé depuis que l'islam conservateur n'a cessé de gagner du terrain ces dernières années.

En juin, 16 transsexuelles ont été arrêtées lors d'une descente de police à une fête de mariage dans une propriété privée, dans le sud de la Malaisie. Elles ont été condamnées à une semaine de prison ainsi qu'à une amende. Nisha Ayub, défenseure de la cause transsexuelle, raconte qu'après son arrestation en 2000, un gardien de prison l'a emmenée de cellule en cellule et forcée à exhiber ses seins devant des détenus hommes. Par la suite, elle a été molestée par des détenus. "Nous ne demandons pas des droits exclusifs. Nous demandons simplement les mêmes droits", dit-elle. Les transsexuels qui subissent une intervention chirurgicale sont confrontés à un cauchemar bureaucratique, dans l'impossibilité de changer légalement de nom et de genre, ce qui complique leur accès aux services publics.

Privés d'emplois, nombre de transsexuels se retrouvent contraints à la prostitution, à l'image d'Abinaya Jayaraman. Elle travaillait dans une banque mais a quitté l'établissement lorsque son employeur a exigé qu'elle s'habille comme un homme et aille aux toilettes pour hommes. Cette transsexuelle hindoue d'origine indienne, drapée d'un sari - vêtement traditionnel - jaune vif, raconte avoir été obligée de se prostituer pour survivre: "C'était l'enfer. Nous vivons dans la peur. Nous sommes traités comme des criminels".

(Source AFP)

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