Inclusif ou injuste? Une haltérophile transgenre provoque le débat - JO-2020

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Inclusif ou injuste? Une haltérophile transgenre provoque le débat

Malgré son échec en compétition, l'entrée en lice lundi à Tokyo de Laurel Hubbard, une haltérophile transgenre néo-zélandaise, a marqué un moment historique aux Jeux olympiques. Mais sa participation suscite aussi un débat animé sur l'un des sujets les plus controversés du sport.

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Inclusif ou injuste? Une haltérophile transgenre provoque le débat
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Mis en ligne le 01/08/2021

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Laurel Hubbard, 43 ans, est né homme et a pris part à des compétitions dans les catégories masculines avant d'entamer un processus de transition pour devenir une femme vers ses 30 ans. Elle est devenue sélectionnable chez les femmes après avoir satisfait aux critères du Comité international olympique (CIO) concernant les sportifs transgenres. Sa qualification pour les JO fait d'elle la première femme ouvertement transgenre à concourir dans cet événement planétaire, d'après le CIO, qui a salué un moment historique pour le mouvement olympique.

"Laurel Hubbard est une femme et concourt selon les règles de sa fédération. Nous devons rendre hommage à son courage et à sa ténacité", a déclaré à la presse à Tokyo le directeur médical du CIO Richard Budgett. Toutefois, sa présence à Tokyo dans la catégorie des femmes de plus de 87 kilos, a provoqué un débat complexe sur des questions de bioéthique, de droits humains, de science, d'équité et d'identité dans le sport.

Avantage disproportionné ? 

Les supporters de Hubbard estiment que sa qualification pour les JO représente une victoire pour l'inclusivité et les droits des personnes transgenres. Mais d'autres jugent qu'elle bénéficie d'un avantage inéquitable sur ses rivales féminines en raison de capacités physiques héritées de décennies en tant qu'homme. Le débat sur ce sujet est intense et parfois passionné, notamment sur internet, ce qui a poussé le Comité olympique néo-zélandais à prendre des mesures pour protéger Hubbard des trolls des réseaux sociaux.

Le CIO reconnait néanmoins que la présence de Hubbard soulève des questions légitimes quant à savoir si Hubbard a - selon le jargon que l'instance utilise sur ces questions - un "avantage compétitif disproportionné".

Certains défenseurs du sport féminin, dont l'ancienne championne de tennis Martina Navratilova, ont exprimé leurs réserves, car ils estiment que l'inclusion de sportifs transgenres risque de remettre en cause les victoires obtenues de haute lutte pour améliorer le statut du sport féminin. "Je suis heureuse de m'adresser à une personne transgenre de la manière qu'elle le souhaite, mais je n'aimerais pas avoir à concourir contre elle. Ce ne serait pas juste", a déclaré la Tchèque, militante de la première heure des droits des homosexuels.

Pour Caitlyn Jenner, champion olympique de décathlon aux Jeux de Montréal en 1976 devenu une femme en 2015, "ce n'est tout simplement pas juste". Les opposants craignent également que la participation de femmes transgenres mette en péril la sécurité des autres concurrentes dans les sports de contacts, ce qui a incité la fédération internationale de rugby à les exclure de toutes compétitions l'an dernier. Mais, signe des dissensions sur la question, certaines fédérations nationales, comme New Zealand Rugby, ont elles décidé au contraire d'autoriser la participation de femmes transgenres au niveau amateur. 

"Juste milieu" 

Pour justifier sa décision, World Rugby a cité des études scientifiques démontrant que les hommes avaient 30% de force physique de plus par rapport aux femmes. Parmi d'autres avantages, Alison Heather, physiologiste à l'Université d'Otago interrogée par l'AFP, cite des membres plus longs pour les hommes, une masse musculaire plus importante, un coeur plus large et une capacité pulmonaire plus grande, qui permet une meilleure circulation de l'oxygène et une plus grande endurance.

Mais pour Richard Budgett, il n'est pas si simple de comparer les hommes et les femmes, et les femmes transgenres peuvent avoir une baisse de performance lorsqu'elles passent par un processus de transition. Il estime surtout que des recherches supplémentaires sont nécessaires, et ajoute: "Considérez qu'il n'y a pas eu de femmes ouvertement transgenres au plus haut niveau jusqu'à présent (et) je pense que le risque pour le sport féminin a probablement été surestimé."

Le CIO reconnait que le nouveau cadre - qui fournit de simples directives pour les fédérations internationales plutôt que des règles strictes - ne constitue pas le dernier mot sur ce sujet, qui va continuer longtemps à être débattu. "Il doit y avoir un juste milieu pour obtenir ce dont nous avons besoin, et quel que soit ce juste milieu, il sera probablement critiqué par certains. Ce ne sera pas la solution ultime", a déclaré le porte-parole du CIO Christian Klaue.

Rédaction avec AFP


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