La religion catholique s'invite dans la campagne - Primaire à droite

Primaire à droite

La religion catholique s'invite dans la campagne

Le catholicisme s'est invité dans la campagne de la primaire de la droite, François Fillon et Alain Juppé se revendiquant même du pape François, dans une France où le débat était jusqu'ici dominé par la référence à la laïcité.

E-llico.com / Actus

La religion catholique s'invite dans la campagne
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Mis en ligne le 23/11/2016

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Primaires Les Républicains Fillon Abrogation de la loi Taubira

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La nette avance au premier tour (44,1% des voix contre 28,5%) de François Fillon sur Alain Juppé interroge sur le poids des réseaux catholiques les plus engagés, notamment ceux de Sens commun, vitrine politique du mouvement anti-mariage homosexuel, ralliée à l'ex-élu de la Sarthe. Et elle a poussé le second à sortir du bois sur le terrain religieux et sociétal.

Dès lundi, le maire de Bordeaux, qui se dit "catholique agnostique", s'en est pris à "la vision extrêmement traditionaliste" de son adversaire sur le "rôle des femmes", la "famille", le "mariage" et "l'avortement".

"Je dis à mes coreligionnaires catholiques que moi, je suis plus proche de la parole du pape François que de La Manif pour tous!" a lancé Alain Juppé.

"Caricature", a rétorqué François Fillon, catholique pratiquant : "Je ne suis pas sûr qu'il ait totalement écouté et lu le pape François, parce que sur la plupart des sujets sur lesquels Alain Juppé semble vouloir me contester, le pape François dit la même chose que moi."  La passe d'armes a surpris, jusque dans les rangs catholiques. "Je rêve ou c'est la première fois que l'on voit des candidats à une primaire s'attaquer à coup de paroles du pape ?" a tweeté le prêtre Cédric Burgun.

Mais pour Jérôme Fourquet, de l'Ifop, "nous ne sommes pas sur une présidentielle mais sur une primaire à droite, qui parle à un segment particulier où les catholiques pratiquants ne sont pas aussi minoritaires, pesant environ 15%" contre 10% dans la population.

"Ces électeurs sont nettement moins abstentionnistes que la moyenne, leur poids s'en trouve donc rehaussé", explique le politologue. Alors que les finalistes de la primaire affichent tous deux un programme libéral - avec des nuances - en matière économique, le domaine sociétal nourri de références religieuses constitue "un bon terrain pour se différencier".

La question catholique renvoie à "une mémoire chrétienne du pays, un antilibéralisme culturel, un vote plus marqué à droite: on comprend pourquoi les acteurs politiques du moment utilisent ce référentiel dans leurs discours", relève le sociologue Philippe Portier. Pour lui, une moitié de la France "n'a pas oublié qu'elle était catholique", même sans aller à la messe tous les dimanches.

François Fillon peut-il donc devenir "une sorte de Tariq Ramadan des sacristies", héraut d'un "catholicisme politique, activiste et agressif", comme l'a prophétisé le directeur de Libération Laurent Joffrin, en référence à l'islamologue considéré proche de l'islam politique des Frères musulmans?

"Il n'y a pas de catholicisme politique en France, il n'y en aura jamais", corrige Jean-Pierre Denis, directeur de l'hebdomadaire La Vie. Selon lui, "le catholicisme identitaire", "d'extrême droite", "n'a qu'un impact très limité sur l'opinion publique des catholiques", comme le démontre le maigre score à la primaire (1,5%) de Jean-Frédéric Poisson, qui "a essayé de s'appuyer sur ces réseaux".

"Mais il y a un catholicisme qui continue à travailler la société française et que les médias et les politiques sous-estiment", poursuit cet essayiste catholique.

Pour le spécialiste du catholicisme Yann Raison du Cleuziou, un groupe plus large a pesé pour Fillon: celui des "catholiques observants", "noyau dur de La Manif pour tous", une "bourgeoisie classique qui affiche une certaine focalisation sur la morale sexuelle et est libérale économiquement parlant".

"Ce ne sont pas des extrémistes. Ils ont retrouvé une incarnation d'eux-mêmes en François Fillon, fidèle de l'abbaye de Solesmes, père de cinq enfants, marié de longue date à la même femme", selon ce spécialiste. Un "catholique rassurant" moins clivant, dans le ton et la personnalité, que Nicolas Sarkozy, dont l'invocation régulière des "racines chrétiennes de la France" n'a pas suffi à le qualifier.

(Source AFP)

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