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L'auteur-réalisateur James Ivory enfin oscarisé à 89 ans pour Call me by your name

Le légendaire cinéaste James Ivory a reçu dimanche à 89 ans son premier Oscar pour le scénario de "Call Me by Your Name", romance homosexuelle estivale adaptée d'un roman d'André Aciman.

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Mis en ligne le 05/03/2018

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C'était sa quatrième nomination aux Oscars et la première en tant que scénariste. Il avait aussi été finaliste pour "Les Vestiges du jour" (1994), "Retour à Howards End" et "Chambre avec vue", qu'il avait réalisés. "Ma règle numéro 1 en tant que scénariste qui adapte un roman est de remercier son auteur.

Il a écrit une histoire sur le premier amour, et il est là ce soir", a déclaré sur la scène du Dolby Theater à Hollywood le cinéaste californien qui a marqué le cinéma par sa passion pour l'Inde et ses satires sur les classes sociales.

Son "Ivory Touch", patte intimiste à l'humour parfois caustique, lui a valu une pluie de lauriers, dont le Lion d'or au festival de Venise pour "Maurice" (1987), l'un des premiers films de Hugh Grant.

La fascination pour l'Inde de James Ivory a débuté quand il avait 23 ans à travers "Le Fleuve" (1951), film de Jean Renoir tourné dans le sous-continent. Nombre de ses premiers films auront l'Inde en toile de fond et pour thème de prédilection la confrontation entre les sociétés orientales et occidentales.

Né le 7 juin 1928 à Berkeley, près de San Francisco, d'une mère d'origine française, James Ivory grandit à Klamath Falls (Oregon) où il se rêve d'abord en décorateur de cinéma. Dans ce but, il étudie l'architecture et les beaux-arts.

Après un voyage en Europe, notamment en France où il suit des cours pour apprendre la langue de Molière, il intègre l'université de Californie du Sud d'où il sort diplômé en cinéma en 1957, après un documentaire sur les peintres vénitiens, remarqué par le New York Times.

Deux ans plus tard, la projection à New York de son documentaire "L'épée et la flûte", sur des miniatures indiennes, lui vaut une bourse pour tourner un film sur la ville de Delhi et détermine son avenir : il y rencontre Ismaïl Merchant, un Indo-Américain, qui devient son partenaire au cinéma et dans la vie jusqu'à sa mort en 2005.

A la tête de leur société "The Merchant Ivory Productions", et avec leur scénariste attitrée, la romancière britannique Ruth Prawer Jhabvala, ils mettront sur pied plus de quarante films. Les premiers - "Le propriétaire" (1963), adapté d'un roman de Ruth Prawer Jhabvala, "Shakespeare Wallah" (1965), "Le Gourou" (1969)... - sont "tournés en Inde en anglais pour un public occidental, ce que personne n'avait jamais fait", note-t-il dans un entretien à The Oregonian en 2014.

Les carcans de la bourgeoisie

Ivory se lance ensuite dans des adaptations de grands noms de la littérature anglo-saxonne, scrutant les moeurs et les carcans de la bonne société. Adaptant à l'écran l'Américano-britannique Henry James, il s'illustre avec "Les Européens" (1979), puis "Les Bostoniennes" (1984) pour lequel Vanessa Redgrave est nommée à l'Oscar de la meilleure actrice.

D'Edward Morgan Forster, il adapte "Chambre avec vue" (1986), où sa peinture des sentiments s'opposant à la rigidité des codes de la société edwardienne lui vaut de nombreux prix internationaux. Le film remporte même trois Oscars.

L'année suivante, il se penche avec "Maurice", toujours adapté de Forster, sur deux adolescents déchirés par leur attirance réciproque dans l'Angleterre edwardienne. Toujours de Forster, "Retour à Howards End" (1992) et son impitoyable étude des moeurs de la bourgeoisie londonienne du début du XXe siècle, est couronné par trois nouveaux Oscars entre autres lauriers.

Le succès est encore au rendez-vous l'année suivante avec "Les vestiges du jour", son adaptation du roman éponyme du Britannique Kazuo Ishiguro (prix Nobel de littérature en 2017), où les personnages, prisonniers des conventions, passent à côté de leur vie et servent le mauvais camp de l'Histoire avant la Seconde Guerre mondiale.

En 1994, Merchant et Ivory s'installent à Paris. Ils entament leur période française, moins prolifique, avec notamment "Jefferson à Paris" et "Surviving Picasso", avec Anthony Hopkins. Parfois critiqué pour son interprétation très littérale des oeuvres qu'il adapte, le cinéaste avait défendu sa démarche dans un entretien au magazine Interview en 2017. "Pourquoi choisir un auteur et son histoire si vous ne comptait pas raconter cette histoire et préserver son style ? Vous devez le faire", disait-il.

(Source AFP)

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