Le juge Anthony Kennedy sera l'arbitre suprême du débat sur le mariage gay - Etats-Unis

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Le juge Anthony Kennedy sera l'arbitre suprême du débat sur le mariage gay

Tous les regards sont braqués sur le juge américain Anthony Kennedy, dont le vote sera crucial à la Cour suprême pour décider bientôt de la constitutionnalité de l'injection létale et du mariage homosexuel dans tout le pays.

E-llico.com / Actus

Le juge Anthony Kennedy sera l'arbitre suprême du débat sur le mariage gay
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Mis en ligne le 04/05/2015

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"Le juge Kennedy est probablement devenu le juriste le plus puissant dans le monde entier car il est au centre de tant de questions devant la Cour suprême des Etats-Unis", a déclaré à l'AFP Margaret Penrose, professeur de droit de la Texas A&M University School of Law.

Traditionnel arbitre sur les sujets sensibles de la société américaine, Anthony Kennedy, 78 ans, nommé par le président républicain Ronald Reagan, vote tantôt à gauche, tantôt à droite, départageant, dans les deux tiers des affaires, les quatre juges progressistes des quatre juges conservateurs. "Son rôle sera à nouveau pivot" dans les deux grandes controverses que la plus haute Cour du pays doit trancher à la fin de sa session en juin: la constitutionnalité d'une méthode d'exécution par injection mortelle et celle du mariage gay partout aux Etats-Unis.

"Le juge Kennedy est absolument celui qu'il faut regarder, car la direction qu'il empruntera sera celle que la Cour prendra", a observé Steven Schwinn, professeur de la John Marshall Law School. Mais il est "difficile de connaître sa position" sur la seule base des audiences de mardi et mercredi. Le magistrat catholique d'origine irlandaise a donné des raisons de s'inquiéter aux deux camps.

S'agissant de la légalisation du mariage des couples de même sexe, le sage a même envoyé des signaux contraires. En soutien aux 13 Etats qui interdisent le mariage gay, il s'est montré inquiet de l'allure avec laquelle les 37 autres Etats l'avaient légalisé. "La définition (du mariage traditionnel) est là depuis des millénaires", a-t-il dit mardi à l'audience, "c'est difficile pour la Cour de dire: oh, on sait mieux les choses".

Mais les plaignants homosexuels n'auraient pas pu trouver meilleur encouragement quand le juge Kennedy a estimé qu'un lien biologique entre parents et enfants n'était pas nécessaire pour justifier le mariage. "Nous savons que nous ne pouvons pas procréer mais (...) nous avons aussi une dignité qui doit être satisfaite", a-t-il dit, employant le pronom "nous" et suggérant qu'il serait "le cinquième vote".

Pour l'injection létale, c'est 'l'inconnu

David Cruz, professeur à la California University Gould Law School, a bien vu "l'inquiétude de Kennedy à trancher pour l'un ou l'autre camp, mais il avait exprimé des réserves similaires il y a deux ans" quand la haute Cour a reconnu le mariage homosexuel au niveau fédéral. "Compte-tenu de son histoire", Kennedy est "le favori pour écrire la décision qui élargira le mariage gay à tout le pays", a encore dit M. Cruz à l'AFP.

Ses mots devraient donc être immortalisés ici après l'avoir été par le passé. "Justice" Kennedy, comme sont appelés les juges suprêmes, est déjà l'auteur des trois décisions majeures élargissant les droits des homosexuels américains.

Chacune constitue une avancée vers la légalisation du mariage gay. En 1996, Kennedy écrit la décision "Romer v. Evans" sur la protection des droits civiques des gays et lesbiennes. En 2003, c'est "Lawrence v. Texas" qui invalide les lois anti-sodomie, et en 2013 "United States v. Windsor" octroie des droits fédéraux à tous les mariés qu'ils soient homo ou hétérosexuels. Tout porte à croire que Kennedy continuera sur cette lancée. Le Pr Cruz estime "très probable" que le juge rejoigne ses quatre confrères de gauche pour permettre, par cinq votes contre quatre, aux homosexuels de se marier partout.

La haute Cour s'est montrée tout aussi divisée selon leurs clivages idéologiques, le lendemain, lors du débat sur la constitutionnalité du midazolam, un produit utilisé avant l'injection du produit mortel, lors de plusieurs exécutions controversées. Là aussi, tout dépendra du juge Kennedy. Mais "rien ne permet d'indiquer ce qu'il fera dans ce cas précis, c'est l'inconnu", a commenté Meg Penrose, également avocate de plusieurs condamnés à mort du Texas. A l'audience, mercredi, plusieurs juges conservateurs ont directement accusé "la guérilla" des abolitionnistes d'avoir orchestré la pénurie de produits d'injection aux Etats-Unis, rendant inévitable ce débat sur les risques de souffrances avec les rares médicaments encore disponibles.

Le Juge Kennedy rejoindra-t-il son camp dans ce raisonnement? Ses votes antérieurs rendent toutes les prédictions très hasardeuses.

(Source AFP)

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