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Le outing de Romero en appel

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Mis en ligne le 17/09/2004

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Jeudi se tenait à la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris le duel sans fin “Jean-Luc Romero contre Alain Royer” à propos de l’homosexualité dévoilée de l’élu UMP dans em@le en octobre 2000.

En question, le “outing forcé du premier homme politique français” selon les propre mots de Jean-Luc Romero et l’inviolabilité de la vie privée. L’affaire remonte à octobre 2000 à la vieille des municipales à Paris. Alain Royer, journaliste à em@le, a écrit un billet d’humeur dans la rubrique “humeur et actualité” où il révèle l’homosexualité de Jean-Luc Romero, en le présentant comme le candidat gay séguiniste possible pour le Marais.

En novembre 2001, Jean-Luc Romero porte l’affaire devant les tribunaux. Il considère que les termes de l’article ont porté atteinte à sa vie privée. En mars 2003, la justice rend un jugement et condamne Alain Royer et le magazine em@le pour atteinte à la vie privée.

Hier, Alain Royer, faisait donc appel de cette décision de justice. Il était Représenté parle médiatique Emmanuel Pierrat. Jean-Luc Romero avait choisi le mesuré Yann Pedler. Ironie du sort, les deux avocats travaillent ensemble sur le dossier des mariés de Bègles et militent en commun pour la reconnaissance du mariage entre personne de même sexe. Un face à face où l’expression “effets de manche” convenait très bien.

Emmanuel Pierrat attaque le premier et commence une longue plaidoirie. Il demande tout simplement de “faire évoluer la jurisprudence, comme l’homosexualité a évolué. La notion d’homosexualité, il y a quinze ans n’a plus rien à voir avec la perception d’aujourd’hui.” Selon lui, l’homosexualité s’est banalisée au point de devenir un simple fait affiché, comme celui d’"avoir des enfants ou pratiquer telle ou telle religion”. Ainsi la participation de Jean-Luc Romero aux Marches des Fiertés, son action au sein de l’ELCS (Elus Locaux Contre le Sida), ses interventions au sujet du PaCS sont autant d’exemples pour Emmanuel Pierrat de l’homosexualité notoire de Jean-Luc Romero. Selon l’avocat, il s’agit de l’“unique fonds de commerce” de l’élu qui “bombarde l’AFP” de communiqués.

Dans une plaidoirie courte et mesurée, Yann Pedler, affirme que ce serait une erreur de “déplacer le curseur du droit” et dangereux de “faire glisser la jurisprudence sur ce point”. Par ailleurs, il attire l’attention sur le fait que de “nombreux hommes politiques participent à la Marche des Fiertés sans pour autant être gays.” Il termine par réaffirmer que “la sexualité relève de la vie privée”. Il est suivi en cela par la procureure générale citant la jurisprudence de la Constitution européenne des droits de l’Homme qui dit que “quelque soit leur notoriété, les individus ont droits à leur vie privée”. Elle ajoute que “le respect de la vie privée s’impose à partir du moment que la personne ne veut pas que sa sexualité soit révélée.” Elle considère donc la demande de Jean-Luc Romero légitime et demande de ne pas faire évoluer la jurisprudence sur ce point. Rendu du jugement le 21 octobre.

Lire aussi :
VSD D'OR 2001 A JEAN-LUC ROMERO
L’homosexualité est-elle privée ?

Mis en ligne le 17/09/04

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