Après plusieurs tentatives, 234 députés ont voté en faveur de cet amendement pour un minimum requis de 226, mais le vote a été marqué par des irrégularités selon les experts.

"L'Ukraine rompt avec les chaînes de discrimination instaurées par son passé soviétique", s'est félicité sur Twitter le président Porochenko qui avait pressé les parlementaires d'adopter "l'amendement antidiscriminatoire" afin de rapprocher l'Ukraine de l'obtention du régime sans visa. Avant d'ajouter: "Quant aux valeurs familiales, elles sont indestructibles".

Tout en saluant ce vote, le président du Parlement, Volodymyr Groïsman, a lui aussi voulu immédiatement en cadrer la portée. "Nous sommes pour le maintien des valeurs familiales. J'entends de fausses informations, selon lesquelles il pourrait y avoir des mariages entre personnes de même sexe en Ukraine. Mon Dieu, faites que cela n'arrive jamais. Nous ne soutiendrons jamais cela", a-t-il lancé.

L'homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, ex-république soviétique où l'Église orthodoxe et gréco-catholique ont une forte influence. Environ 200 personnes, dont des militants pour les droits des LGBT s'étaient réunis jeudi matin devant le Parlement pour exiger l'adoption de l'amendement. Les parlementaires s'étaient opposés à cette mesure lors de deux précédentes sessions, la loi ukrainienne permettant de réexaminer une proposition, y compris en cas de premier refus.

Jeudi, les députés ont par ailleurs dû voter à plusieurs reprises avant d'obtenir le minimum de voix nécessaires. Ces multiples tentatives sont permises si des députés affirment ne pas avoir été en mesure de voter, a expliqué à l'AFP l'expert Mykola Davidiouk, directeur du centre "Politique" à Kiev. Néanmoins, selon lui, il s'agit de "manipulation évidente".

"Officieusement, il y a dans la salle environ 10 députés qui travaillent pour Groïsman. Lorsqu'une loi nécessaire ne passe pas, ils disent que leur carte n'a pas marché" afin de revoter, dit-il. De plus, selon des experts politiques, la procédure n'a pas été strictement respectée. En cas d'entrave au vote d'un député, "le président du Parlement doit demander à revoter et seulement ensuite, si les députés donnent leur accord, un nouveau vote peut avoir lieu. Groïsman n'a pas demandé l'accord des députés pour revoter et a ainsi violé le règlement", a précisé M. Davidiouk.

L'obtention d'un régime sans visas avec l'UE est une promesse phare des autorités pro-occidentales arrivées au pouvoir en Ukraine en 2014. Au préalable, Kiev doit compléter un vaste programme de mesures qui vont de la délivrance de passeports biométriques à la bonne surveillance des frontières.

Dans ce cadre, le Parlement a adopté mardi cinq lois, dont quatre documents dits "anticorruption", qui concernent notamment la procédure de recherche des biens obtenus grâce à la corruption. Les dispositions de l'une de ces nouvelles lois, portant sur la saisie et la confiscation de ce type de biens, ont cependant été considérablement atténuées par les parlementaires, estiment des experts, qui prédisent qu'elle ne sera pas acceptée par l'UE.

(Source AFP)