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Le Refuge sous le feu des critiques

Le Refuge est l'objet de critiques croissantes ces derniers temps. Une enquête du site Rue 89 pointait récemment certaines pratiques de l'association. Aujourd'hui, des figures du mouvement LGBT mettent en cause des problèmes d'éthique.

E-llico.com / Actus

Le Refuge sous le feu des critiques
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Mis en ligne le 08/12/2014

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Le Refuge Homophobie Jeunes gays

L'association Le Refuge qui accueille des jeunes gays en rupture familiale du fait de leur homosexualité est sous le feu des critiques.

Plusieurs articles du site Rue 89 ont récemment mis sur le devant de la scène médiatique des questionnements sur certaines pratiques du Refuge (jeunes mis à la porte, bénévole condamné pour abus sexuels sur mineurs ou conditions d’hébergement insalubres) qui, si elles sont avérées, posent problème.

Ces mises en cause ont valu à Rue 89 d'être menacé de plainte pour diffamation par Le Refuge qui a aussi tenté de jeter le discrédit sur le travail du journaliste à l'origine de ces informations basées en grande partie sur des témoignages de personnes passées par l'association.

Lundi 8 décembre, ce sont des figures éminentes du mouvement LGBT qui ont publié une tribune sur le Huffington Post dans laquelle elles dénoncent la communication "sensationnaliste" de l'association et le "cautionnement" de personnalités poltiques étrangères à la lutte contre l'homophobie.

Ces responsables LGBT réaffirment la nécessité d'un" lieu de solidarité et de protection" pour les jeunes LGBT précarisés à raison notamment des LGBTphobies de leur famille. Une situation "qui ne peut souffrir d'aucun amateurisme", soulignent-elles.

"Nous n'avons pas l'intention d'affirmer ou d'infirmer les informations rendues publiques dans ces récents articles de presse. C'est à la direction du Refuge d'y répondre - sereinement - par la voie qu'elle jugera nécessaire", écrivent les sigantaires de la tribune qui pointent "des problématiques éthiques qu'il nous semble - en tant que militant-e-s - nécessaire de faire connaître".

En question, "une communication victimaire et voyeuriste". "Que penser des jeunes surexposés aux médias, répondant aux interviews télévisées, sollicités pour des interventions en milieu scolaire, bombardés de photos postées sur le mur Facebook et le compte Twitter de l'association ? Que dire de leur consentement à l'image et à une visibilité militante ? Il ne s'agit pas de cacher la détresse consécutive à la rupture familiale et au rejet lié aux LGBTphobies. Mais les jeunes concerné-e-s méritent de la quiétude. Ils/elles méritent un refuge au sens premier du terme", estiment les auteurs de la tribune.

"On doit pourvoir s'affirmer quand on se sent suffisamment fort pour affronter le monde extérieur qui n'est pas toujours bienveillant. Il est contradictoire de vouloir protéger ces jeunes qui ont vécu des histoires traumatisantes tout en les sur-exposant", critiquent-ils, et ce d'autant plus quand cette communication est la base d'appels au don.

Autre critique avancée dans la tribune, "Le Refuge accepte de servir de caution aux personnalités politiques qui, pour certaines, se contrefichent de la lutte contre l'homophobie mais rachètent leur conscience en faisant un don et accompagnent leur opération de communication d'une photo au milieu des jeunes victimes de LGBTphobies".

Et de fait, Le Refuge a ouvert ses portes à Christine Boutin pendant la campagne présidentielle de 2012, alors que cette dernière n'a eu de cesse de lutter contre les droits des LGBT et a qualifié en avril 2014 l'homosexualité d'"abomination".

Loin de remettre en cause la raisons d'être de l'association ni ses bénévoles, la tribune estime "nécessaire que ses missions soient pérennisées et renforcées". "Nous l'appelons à faire preuve de mesure dans ses modes de communication et à faire œuvre de transparence en autorisant une autorité indépendante à réaliser un audit financier et organisationnel de la structure", précisent les signataires.

Au delà, selon eux, "les responsables politiques doivent mettre en place une vraie politique publique de prise en charge des jeunes LGBT exclu-e-s, plutôt que de se contenter de subventionner des structures associatives". "Car la forme associative n'est pas parfaite, notamment sur un secteur - celui du travail social - où le professionnalisme s'impose", concluent(ils.

Signataires de la tribune : Nicolas Gougain, ancien porte-parole de l'inter-LGBT ; Delphine Aslan, porte-parole de FièrEs ; Stephane Corbin, ancien porte-parole de la fédération LGBT ; Vanessa de Castro, porte-parole de FièrEs ; Mathieu Nocent, ancien porte-parole de l'APGL et de l'inter-LGBT; Nicolas Bighetti de Flogny, ancien porte-parole de l'association Rimbaud.

Lire la tribune : http://www.huffingtonpost.fr/stephane-corbin/aide-jeunes-homophobie_b_6286578.html?utm_hp_ref=france

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