Les anti-euthanasie fourbissent leurs armes - Fin de vie

Fin de vie

Les anti-euthanasie fourbissent leurs armes

Les députés débattront mercredi du sujet sensible de la fin de vie, première étape avant l'examen en mars d'une proposition de loi PS-UMP, soutenue par François Hollande, qui suggère notamment un droit à une "sédation profonde et continue".

E-llico.com / Actus

Les anti-euthanasie fourbissent leurs armes
Fin de vie

Mis en ligne le 21/01/2015

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Euthanasie Fin de vie Leonetti Claeys

Ce débat sans vote a été annoncé en décembre par le chef de l'Etat qui recevait les conclusions d'une mission menée par Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP) pour améliorer la législation. Manuel Valls doit introduire la discussion mercredi dans l'hémicycle, suivi par des orateurs des différents groupes politiques.

Les anti-euthanasie fourbissent leurs armes: plusieurs associations rassemblées sous le sigle "Soulager mais pas tuer", avec en tête Alliance Vita, proche de la Manif pour tous, appellent à une journée de mobilisation mercredi. Des "chaînes humaines de vigilance et de solidarité" doivent être constituées dans plusieurs dizaines de villes. 

François Hollande, qui avance prudemment sur les sujets de société depuis le Mariage pour tous et recherche le consensus, a fait "siennes" les propositions des deux élus PS et UMP, porteuses selon lui de "deux grandes avancées" pour arriver à un "apaisement des souffrances" et un "respect des décisions des malades".

L'administration de sédatifs jusqu'au décès serait admise pour les malades conscients dont les traitements sont inefficaces et dont les jours sont comptés et pour ceux qui font l'objet de traitements qui les maintiennent artificiellement en vie.

Les deux parlementaires prévoient aussi de rendre contraignantes les "directives anticipées" dans lesquelles chacun peut stipuler son refus d'un acharnement thérapeutique en cas de maladie grave et incurable.

La révision de la loi Leonetti de 2005, qui avait été adoptée à l'unanimité, figurait dans les promesses de campagne de François Hollande, qui avait proposé d'instaurer un droit à "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

Radicalité" et "conservatismes"

Manuel Valls, lui-même rapporteur en 2009 d'une proposition de loi PS en ce sens, juge aussi les propositions Claeys-Leonetti "équilibrées" et considère que "l'important est qu'on avance", quitte à le faire "par paliers progressifs".

Le chef du gouvernement avait prévenu en décembre les députés socialistes qu'ils allaient "se heurter à de la radicalité", et aussi des "conservatismes qu'il faudra(it) surmonter".

D'un côté, les radicaux de gauche et les écologistes jugent les idées sur la table "utiles" mais "timorées", et se rejoignent dans la demande d'une "aide médicale à mourir" sans ambiguïté.

Le groupe EELV a d'ailleurs inscrit à la séance annuelle consacrée à ses textes, le 29 janvier, une proposition de loi qui prévoit dans certains cas jusqu'au suicide assisté et à l'euthanasie.  

Pour leur part, les radicaux de gauche, qui avaient dès septembre 2012 déposé une proposition de loi sur la fin de vie, ont aussi pesé pour que le sujet vienne à l'ordre du jour, après deux ans et demi de consultations et rapports commandés par l'exécutif.

Le président du parti, Jean-Michel Baylet, en avait fait en octobre une des conditions au maintien des radicaux de gauche au gouvernement et ils réclament un texte ambitieux.

Si une majorité du groupe socialiste adhère aux propositions Claeys-Leonetti, cela n'empêche pas des convictions individuelles, à l'instar du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, qui s'était prononcé en novembre notamment pour la légalisation du suicide assisté.

A droite, le sujet n'est pas moins brûlant. Jean Leonetti est suivi par une partie des députés UMP comme Nathalie Kosciusko-Morizet.

Mais après lui mercredi prendront la parole pas moins de quatre membres de la conservatrice Entente parlementaire pour la famille (Xavier Breton, Philippe Gosselin, Jean-Frédéric Poisson et François de Mazières) ainsi que Bernard Debré, qui veulent s'en tenir à la loi Leonetti et prônent plutôt un développement des soins palliatifs.  

Alain Claeys, s'il ne veut pas "d'opinions mises à l'index", a déclaré à l'AFP souhaiter "un débat apaisé". "Nous sommes arrivés à cette convergence avec Jean Leonetti, ça n'est pas un compromis. Ces propositions correspondent très concrètement à de nombreux cas en France", plaide-t-il. Le cas de Vincent Lambert, ce tétraplégique en état végétatif dont le maintien en vie ou non déchire sa famille, doit ainsi encore être tranché par la Cour européenne des droits de l'Homme.

(Source AFP)

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