Pour autant, si le principe est acté, on est encore loin de la mise en oeuvre de l'égalité dans les faits. 

La ministre de la Santé a elle-même déjà pris position en faveur de la fin de la discrimination des homosexuels dans le don de sang, reprenant une promesse de François Hollande.

Pour autant, une forte résistance persiste de la part des autorités directement chargées du don du sang en France - dont l’Établissement français du sang (EFS).

L'amendement a reçu un avis favorable de Marisol Touraine, bien qu'il soit, a-t-elle relevé, juridiquement dépourvu de portée pratique, le sujet relevant d'un arrêté et non de la loi.

La position du gouvernement, a-t-elle dit, est "de lever les discriminations relatives à l'orientation sexuelle, et de leur substituer un critère de comportement sexuel s'appliquant à l'ensemble des donneurs potentiels".

La ministre a annoncé avoir déjà reçu "les préconisations" d'experts que le Comité Consultatif national d'éthique (CCNE) avait jugés nécessaires, sur les risques épidémiologiques. Ceux-ci ont proposé en particulier de remplacer l'exclusion définitive par une exclusion de 12 mois, à l'image de ce qui se fait dans beaucoup de pays, a-t-elle indiqué.

Dans un avis rendu mardi, le CCNE avait estimé que l'exclusion permanente des homosexuels du don du sang devait être maintenue pour l'instant, dans l'attente d'une réflexion collective et de nouvelles recherches.

SOS Homophobie souligne utilement dans un communiqué que le travail parlementaire n’est pas terminé sur cette question et qu’il faudra ensuite "des textes réglementaires permettant de lever effectivement cette interdiction".

"Une évolution du questionnaire préalable au don de sang nous apparaît désormais indispensable pour que le vote de cet amendement ne se résume pas qu’à une position de principe", précise SOS Homophobie. 

Dans Libération, François Berdougo, porte-parole de l’Inter-LGBT chargé de la santé, se réjouit du vote parlementaire "qui met fin à une discrimination". "Maintenant, il va falloir réfléchir à la mise en place de protocoles, de moyens pour que la sécurité des transfusions soit absolument garantie. C’est un enjeu essentiel de santé publique", poursuit-il.

"Les hétéros disant avoir eu des comportements à risque, et par exemple plusieurs partenaires sexuels au cours des quatre derniers mois, sont écartés. Ils ne peuvent pas donner leur sang. On pourrait très bien envisager des protocoles similaires pour les homosexuels : que ceux qui ont des pratiques à risque s’autoexcluent. C’est tout l’enjeu aujourd’hui", développe le militant dans Libé.

Les homosexuels sont exclus de la collecte du sang en France depuis 1983 en raison d'un risque accru de contamination par le virus du sida.