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Les Femen au tribunal pour leur action contre l'homophobie à Notre-Dame

Les Femen sont attendues à deux reprises cette semaine au tribunal, pour leurs premiers procès en France. En cause, leurs actions seins nus organisées en 2013 à Paris dans la cathédrale de Notre-Dame et l'église de la Madeleine.

E-llico.com / Actus

Les Femen au tribunal pour leur action contre l'homophobie à Notre-Dame
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Mis en ligne le 08/07/2014

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Femen Homophobie Notre-Dame Justice

Mercredi, neuf membres du groupe féministe doivent répondre devant le tribunal correctionnel de Paris de dégradations d'une cloche de Notre-Dame. Pour fêter à leur manière le renoncement du pape Benoît XVI à sa charge, le 12 février 2013, elles s'étaient dissimulées dans le flot des touristes avant de se jucher sur le socle de trois des nouvelles cloches provisoirement déposées dans la nef.

Les jeunes femmes avaient crié "Pope no more" (plus de pape) en faisant tinter les cloches avec des morceaux de bois. Sur le torse et le dos, elles arboraient des slogans tels que "No homophobe", "Crise de la foi", "Bye bye Benoît". En ce jour où allait être adopté à l'Assemblée nationale le projet de loi sur le mariage homosexuel, elles avaient scandé sur le parvis "in gay we trust" ou encore "Dégage homophobe", après avoir été expulsées manu militari de la cathédrale par le service d'ordre.

L'une d'elle avait eu une dent cassée, une autre avait été tirée par les cheveux. Trois surveillants de Notre-Dame sont ainsi poursuivis pour des violences passibles au maximum d'une contravention de 750 euros pour l'un, 1.500 euros pour les deux autres. "Toutes les explications seront données au tribunal", a simplement déclaré leur avocat, Anne-Guillaume Serre.

Les neuf jeunes femmes sont, elles, poursuivies pour dégradations dans un lieu de culte en réunion. Leur avocat, Michaël Ghnassia, qui dénonce un "détournement de procédure", relève toutefois que l'infraction de dégradation dans un lieu de culte a été abrogée en 2008.

Exhibition sexuelle

"On ne rapporte aucunement la preuve de ces dégradations ou que ce soit elles qui aient commis ces dégradations", ajoute-t-il, "on leur reproche d'être entrées dans une église faire une action politique". A supposer même qu'il s'agisse de blasphème, celui-ci n'est pas pénalement répréhensible, a souligné Me Ghnassia.

Les Femen avaient pris soin de recouvrir de feutrine les bâtons qui ont servi à frapper la cloche. Mais la feutrine était mal attachée, affirme de son côté l'avocat du recteur de Notre-Dame, Me Laurent Delvolvé, si bien qu'elles ont frappé aussi à "bâtons nus".

Devis à l'appui, il demande plus de 7.000 euros pour la seule remise en état de la cloche.

Vendredi, l'une des neuf Femen de Notre-Dame, qui a depuis quitté le mouvement, comparaîtra ensuite seule devant le tribunal pour "exhibition sexuelle" à la Madeleine. Le 20 décembre 2013 au matin, elle s'était dirigée vers l'autel devant une dizaine de personnes présentes alors qu'une chorale répétait dans l'édifice. Elle portait sur le dos l'inscription "Christmas is cancelled" (Noël est annulé) et sur le ventre "344 salope" en référence au manifeste des 343 femmes qui avaient signé, en 1971, un appel à la dépénalisation de l'avortement et la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse.

Elle avait ensuite déposé des morceaux de foie de veau censés représenter un foetus. Son avocat, qui soulèvera une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), dénonce là aussi un "détournement de procédure". Sur le fond, le délit n'est pas constitué, affirme Me Ghnassia, car si sa cliente est apparue seins nus, elle ne s'est livrée à aucune provocation de nature sexuelle.

Mais selon Me Delvolvé, "c'est bien une exhibition et elle est sexuelle". Il souhaite "que de tels faits ne se reproduisent plus", que "les Femen ou quiconque ne viennent pas troubler la sérénité" de lieux de culte. Il espère une "condamnation de principe" pour "montrer qu'il ne faut plus revenir", alors qu'Inna Shevchenko, chef de file des Femen en France, avait annoncé de nouvelles actions visant l'Eglise.

((Source AFP)

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