Les filles traitées de <I>putes</I>, les garçons de <I>pédés</I> - Cybersexisme / Adolescents

Cybersexisme / Adolescents

Les filles traitées de putes, les garçons de pédés

Trois filles et deux garçons sont victimes de cybersexisme dans chaque classe, selon une étude. Les filles sont davantage l'objet de rumeurs que les garçons, lesquels s'exposent plutôt à des insultes homophobes.

 

E-llico.com / Actus

Les filles traitées de putes, les garçons de pédés
Cybersexisme / Adolescents

Mis en ligne le 27/09/2016

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Cybersexisme Adolescents Etude

Une collégienne qui envoie une photo d'elle dénudée à un petit ami insistant. Un cliché devenu viral sur les réseaux sociaux. Une fille ostracisée, traitée de "pute".

Ce phénomène, c'est le cybersexisme, décortiqué dans une enquête auprès d'adolescents franciliens. Dans chaque classe, il y a trois filles et deux garçons victimes de cybersexisme, selon la synthèse d'une étude sociologique auprès de jeunes âgés de 12 à 15 ans menée dans douze collèges et lycées franciliens, qui sera présentée mardi lors d'une conférence, en même temps qu'un spot TV de prévention.

Cette étude a été réalisée en 2015-2016 par l'Observatoire universitaire international d'éducation et prévention (OUIEP, rattaché à l'université Paris-Est Créteil) et coordonnée par le Centre francilien pour l'égalité femmes-hommes (Centre Hubertine Auclert).

Elle a comporté un volet quantitatif, avec un questionnaire sur la "victimation" et le climat scolaire auprès de 1.127 élèves, et un volet qualitatif comportant des entretiens individuels et collectifs avec des jeunes et adultes des douze établissements. L'étude définit le cybersexisme comme des "violences qui se déploient à travers le cyberespace dans le but d'insulter, harceler, humilier, répandre des rumeurs, ostraciser, exercer une coercition externe et qui contaminent l'espace hors ligne ou inversement".

Les adolescents, grands consommateurs de réseaux sociaux qui leur permettent d'être connus et reconnus, sont des cibles de choix. "On est devenu accros", témoigne Isabelle, en 4ème. Plus d'une fille sur cinq et un garçon sur huit a été insulté en ligne à cause de leur apparence physique. Une fille sur onze et un garçon sur quinze a vu des photos ou vidéos d'elle/lui modifiées et/ou diffusées sans son accord, tandis que trois à quatre élèves par classe ont reçu des sextos (textos, photos et vidéos à contenu sexuel) sans leur consentement.

La réalisation de selfies intimes concerne 6 à 7,5% des élèves et 4% des filles les ont fait sous la contrainte, le plus souvent de leur petit ami. "Les filles sont incitées à exposer leurs corps, notamment à travers le partage de photos", au risque sinon d'être perçues comme "coincées". Mais on attend aussi d'elles qu'elles "se respectent" suivant un certain nombre de codes, compromettant sinon leur réputation. Or il est difficile de maîtriser son image sous la pression de l'immédiateté des réseaux sociaux.

Des images comme moyen de pression

Au moindre faux pas, comme une bretelle de soutien-gorge inclinée, "la victime peut continuer à entendre parler de cet épisode des mois, voire des années après", relève l'étude. Les garçons qui "gèrent" des filles en accumulant des clichés dénudés gagnent en popularité. Les filles sont elles considérées comme des "salopes". Les images peuvent être partagées sans consentement ou stockées comme moyen de pression.

Livia, en 4ème, refuse d'abord quand son petit ami lui demande de lui envoyer une photo d'elle sous la douche: "Tu n'es pas comme les autres filles que j'ai eues avant (...) Tu es bizarre", lui répond-il, avant de l'insulter. Livia cède. "Tout le collège pratiquement était au courant", témoigne-t-elle dans l'enquête. "On me criait 'sale pute, tu n'a pas honte de ce que tu es."" Les filles sont davantage l'objet de rumeurs que les garçons, lesquels s'exposent plutôt à des insultes homophobes.

Le cybersexisme peut provoquer une perte d'estime de soi, un sentiment d'insécurité, une perte de concentration en classe, voire des idées suicidaires. Un élève sur quatre victime de violences en ligne ou hors ligne n'en a parlé à personne et près de la moitié des filles qui se confient le font auprès d'amis plutôt qu'auprès de leurs parents.

Leur crainte: que les adultes sanctionnent leurs usages numériques (interdiction de sites, suppression du téléphone...). Outre la honte, ils considèrent que ces expériences concernent leur découverte de la sexualité, à vivre indépendamment de leurs parents.

Quand les adultes ont connaissance d'actes de cybersexisme, ils tendent à culpabiliser les jeunes filles et à évacuer la responsabilité des garçons qui ont relayé les images sans consentement, regrette l'étude. Parmi les recommandations, il est conseillé de systématiser la prévention du cybersexisme, d'inclure les élèves dans les dispositifs de prévention et détection, et d'intégrer cette prévention dans l'éducation au numérique.

(Source AFP)

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