Paris, capitale mondiale de la résistance au terrorisme avec une marche historique - Attentats

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Paris, capitale mondiale de la résistance au terrorisme avec une marche historique

Une marée humaine de plus de 3,7 millions de personnes a communié dimanche en province comme dans les rues de Paris en état de siège, marchant avec François Hollande et des dirigeants étrangers pour expurger entre larmes et sourires la souffrance d'une folle semaine de violence.

E-llico.com / Actus

Paris, capitale mondiale de la résistance au terrorisme avec une marche historique
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Mis en ligne le 11/01/2015

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Au moins 3,7 millions de manifestants dans la France entière, dont 1,2 à 1,6 million à Paris selon le ministère de l'Intérieur - des "Charlie", des "Musulmans", des "Juifs" et des "policiers", référence aux 17 morts des attentats - ont défilé, sans aucun incident, pour dire leur refus du terrorisme islamiste déchainé trois jours durant au coeur de la capitale.

Le ministère de l'Intérieur n'a pu établir un comptage précis à Paris face à l'ampleur de la mobilisation: pas sûr, certes, que la foule parisienne, grave et frondeuse à la fois, a dépassé le record des quelque 1,5 million de personnes réunies après la victoire au Mondial de football de 1998.

Mais dans la France entière, c'est sans l'ombre d'un doute un record historique depuis la Libération, devant les 3,5 millions de personnes mobilisées contre la réforme des retraites en 2010 - ces chiffres étaient ceux des organisateurs, la police avait annoncé 1,2 million de manifestants. Des centaines de villes de France ont connu dimanche des rassemblements sous les drapeaux tricolores et les bannières "Je Suis Charlie", réclamant "Liberté, Fraternité" entre Marseille, Lyon, Grenoble, Rennes ou Perpignan.

Bras dessus, bras dessous, le président de la République François Hollande et ses invités étrangers, des responsables du monde entier, ont avancé avec les familles des victimes le front ceint d'un bandeau blanc, personnalités de tous bords, partis, syndicats, artistes, associations - dont les associations LGBT, groupes religieux, avançant du même pas lent, souvent même statiques vu l'ampleur de la foule. "Paris est aujourd'hui la capitale du monde, a salué François Hollande à la mi-journée. Le pays tout entier va se lever vers ce qu'il a de meilleur". "Inouï, extraordinaire" et "historique", s'est réjoui le Premier ministre Manuel Valls.

Depuis mercredi épicentre des rassemblements, la place de la République d'où partait la manifestation, s'est trouvée congestionnée avant même le début de la marche à 15h00. Des quatre coins de Paris a convergé un flot continu de centaines de milliers de personnes, avec rues bloquées, métros saturés et bus à l'arrêt.

Sommet diplomatique

Cette marche conçue initialement comme un hommage aux victimes des trois jihadistes revendiqués, dont les irrévérencieux dessinateurs de Charlie Hebdo massacrés mercredi, une jeune policière municipale tuée jeudi et quatre Juifs assassinés dans une supérette casher vendredi, a également pris un tour de sommet diplomatique.

Une cinquantaine de dirigeants étrangers se sont retrouvés à l'Elysée en début d'après-midi: le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et le couple royal jordanien étaient présents, de même que le président ukrainien, Petro Porochenko, et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Participaient aussi les plus hauts dirigeants européens, d'Angela Merkel à David Cameron, de Mariano Rajoy à Jean-Claude Juncker en passant par Matteo Renzi, ainsi que huit présidents africains.

Particulièrement marquante, l'image de la chancelière allemande, reposant son front, yeux fermés, sur celle de François Hollande. Des dirigeants plus controversés, comme le Hongrois Viktor Orban ou le Gabonais Ali Bongo, ont aussi fait le voyage. La Turquie était représentée par son Premier ministre, Ahmet Davutoglu. Avant M. Hollande, seul un président français avait déjà participé à une manifestation de rue: François Mitterrand, en 1990, après la profanation du cimetière juif de Carpentras.

Ralliant la manifestation avec François Hollande depuis l'Élysée en cars, ils ont parcouru pendant une vingtaine de minutes le boulevard Voltaire avant de se figer pour une minute de silence à hauteur de la mairie du XIe et de repartir. François Hollande, resté dans le cortège, est ensuite allé à la rencontre des familles et des proches des victimes, étreignant notamment un long moment l'urgentiste et chroniqueur Patrick Pelloux, en larmes.

Charlie, Liberté!

En plus du gouvernement français au grand complet, l'ancien président Nicolas Sarkozy était présent - Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac ayant décliné - ainsi que les ex-Premier Ministre, de Michel Rocard à Jean-Marc Ayrault, en passant par Alain Juppé, Edouard Balladur ou Lionel Jospin. A l'Élysée, même si on salue "la mobilisation internationale exceptionnelle", on évoque d'abord le "rassemblement du peuple français".

Dans la foule d'anonymes, beaucoup de familles. "Ceux qui ont un fusil et tuent des gens sont lâches", explique Jean-Alain, 39 ans, à son fils de 7 ans. "On voulait venir ici pour que ce soit concret pour lui, qu'il voie qu'on pense tous la même chose" indique-t-il. La statue qui trône au centre de la Place de la République a été rebaptisée "Place de la liberté d'expression". Sur le parcours, les panneaux publicitaires affichent sur fond noir "Je suis Charlie". Sous les drapeaux, la foule chante la Marseillaise, entonne des "Charlie, Liberté!" .

Tous les partis étaient représentés dans le cortège parisien, à l'exception du FN. Marine Le Pen, pas invitée formellement, a appelé à manifester seulement en province. Elle était à Beaucaire (Gard), une mairie d'extrême droite, où elle a été acclamée par une petite foule.

A Lyon, il a fallu rallonger le parcours pour accueillir la foule, souvent en larmes. A La Rochelle, une pancarte "Raid, GIGN = merci", témoignait des applaudissements souvent entendus dans les cortèges par les journalistes de l'AFP, destinés aux forces de l'ordre. Un policier posté sur un toit à Paris est repéré par la foule qui l'ovationne pendant de longues minutes: "Merci! Merci!". Quand l'intéressé s'en aperçoit, il brandit son pouce en remerciement. De fortes mobilisations ont également été rapportées dans des villes plus petites : à Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, localité de 8.000 habitants où s'est déroulé l'assaut contre les deux frères Kouachi vendredi, près de 10.000 personnes se sont retrouvées. A Pointe-à-Pitre, une banderole noire avec l'inscription "Nou Sé Charlie" (nous sommes Charlie en créole) était déployée sur l'hôtel de ville. "L'union fait la France", ont scandé les 2.750 personnes ayant manifesté, sept degrés sous zéro avec de la neige, à St Pierre et à Miquelon... soit la moitié de la population de l'archipel.

Une même émotion a saisi de nombreuses capitales à travers le monde, à Berlin (18.000 personnes), Vienne (12.000), Montréal (25.000), Londres ou Madrid. A Bruxelles, l'ambassadeur de France Bernard Valero a salué les 10.000 personnes rassemblées : "Merci Bruxelles (...) pour ce magnifique bras d'honneur à la connerie". Dimanche matin, un quotidien allemand qui avait publié des caricatures de Mahomet venant de Charlie Hebdo, a été la cible d'une attaque avec un engin incendiaire, sans blessés.  

Contrôles aux frontières 

A l'Élysée, François Hollande avait d'abord reçu dimanche matin, avec Manuel Valls, les représentants de la communauté juive, toujours plus inquiets après la prise d'otages sanglante, porte de Vincennes, vendredi. Il s'est rendu, accompagné de M. Netanyahu, à 19H00 à la Grande synagogue de Paris, à une cérémonie d'hommage à "toutes les victimes" des attentats de Paris et Montrouge. Tous deux ont été ovationnés. Sur fond de nouvelles menaces formulées contre la France, Bernard Cazeneuve, onze ministres de l'Intérieur européens et le ministre américain de la Justice, Eric Holder, réunis à Beauvau, ont appelé à renforcer les contrôles des mouvements aux frontières extérieures de l'Union européenne. Et jugé "indispensable" le partenariat avec les opérateurs internet pour identifier et retirer rapidement les "contenus incitant à la haine et à la terreur". "L'Europe va gagner le défi contre le terrorisme", a estimé le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Moins optimiste, son homologue britannique David Cameron a prévenu que la menace jihadiste serait "avec nous pour encore beaucoup d'années". Et le temps des réponses à apporter à cette crise sans précédent arrive vite: François Hollande organise lundi à 08h30 une nouvelle réunion consacrée à la sécurité intérieure.

(Source + photo AFP)

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