Prison avec sursis requise contre les étudiants catholiques ayant saccagé un stand LGBT  - La-Roche-sur-Yon

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Prison avec sursis requise contre les étudiants catholiques ayant saccagé un stand LGBT

"Homo-folie, ça suffit": douze jeunes gens, accusés d'injures homophobes et pour certains de violences ou vol lors de la journée de lutte contre l'homophobie à La Roche-sur-Yon (Vendée) en mai ont invoqué jeudi devant la justice le droit à la liberté d'expression.

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Mis en ligne le 19/07/2019

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C'était une action "pour exprimer notre opinion": à la barre, les douze prévenus, onze hommes et une femme âgés de 18 à 22 ans, s'expriment avec un certain détachement dans une salle d'audience comble du tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon. "Je crains qu'il ne leur manque, au moins pour partie, des notions de compassion, fraternité, respect", a observé Hervé Lollic, procureur de la République, estimant qu'ils présentaient "des cursus et des éducations (...) qui jamais n'auraient dû aboutir aux faits".

Au terme de son réquisitoire, il a requis à leur encontre de 2 à 8 mois de prison avec sursis, ainsi que 100 à 250 heures de travail d'intérêt général. Le jugement a été mis en délibéré au 9 septembre.

Les prévenus, aux casiers judiciaires vierges, sont poursuivis pour injure homophobe, entrave à la liberté de réunion voire, pour certains, de violences et de vol, le 18 mai.

En ce samedi dédié à la "journée de lutte contre l'homophobie et la transphobie", ces étudiants - en économie et gestion d'entreprise, mathématiques, histoire et droit - de l'Institut catholique d'enseignement supérieur (ICES) de la ville, avaient décidé de délaisser leur révision de partiels.

Un témoin auditionné avance que le groupe voulait "casser du pédé", rappelle la présidente du tribunal, qui a tenté de savoir si l'action avait été fomentée, le slogan choisi à l'avance. Des échanges de textos prouvent que d'autres étudiants ont été avertis pour rallier la place Napoléon, où avait été monté le village associatif.

"Bé-bête, pas méchant"

Les prévenus ont reconnu avoir traversé ce village en scandant "homo-folie ça suffit !". L'un se dissimule le visage. Un autre vole le drapeau arc-en-ciel: de retour chez lui, il brûlera partiellement ce symbole et l'accrochera dans ses toilettes. "Ce n'était pas organisé", "on peut mettre ça sous le coup de la jeunesse", "une réaction d'enfants un peu énervés", se défendent-ils à tour de rôle pour justifier une action restée, selon eux, "pacifique".

Exploser des ballons avec une cigarette ? "C'est 'bé-bête', pas méchant", élude le principal intéressé, également poursuivi pour des violences, qu'il ne reconnaît pas, sur trois personnes dont deux militants septuagénaires de la Ligue des droits de l'Homme. "J'ai entendu les mots 'commando militaire', c'est tout à fait ce qu'on a ressenti et qui nous ramène à des heures sombres", déclare un témoin à la barre, convaincu du caractère prémédité de l'action.

Le slogan? "Ni insultant, ni agressif", balaie un jeune participant. "J'avais trouvé ça assez pertinent, assez accrocheur", abonde un camarade. Tous se définissent comme des "militants et non des homophobes" qui revendiquent le droit à la liberté d'expression face à "la lutte politique pour l'acquisition de droits supplémentaires", GPA et PMA en tête.

"Je parle du délire qui tourne autour de ce sujet permanent, de la revendication de droits supplémentaires", dénonce un prévenu, parlant d'une "omniprésence" de "la LGBT". "Il aurait été autrement plus digne de solliciter un moment de dialogue, fût-ce dans une confrontation républicaine", a lancé Jean-Bernard Geoffroy, défendant des associations militantes qui revendiquent "les mêmes droits, pas plus de droits".

Mais le slogan n'est pas une injure et les prévenus n'ont pas "le profil des jeunesses hitlériennes" que la partie adverse a voulu leur donner, selon l'un des cinq conseils de la défense. "C'est une opinion politique exprimée dans l'espace public (...) il faut raison garder", a abondé son confrère Grégory de Moulins Beaufort.

Ces avocats ont demandé la relaxe de leurs clients des faits d'injure et d'entrave, après avoir remis en cause la probité de certaines parties civiles. Parmi ces douze étudiants, trois ont été exclus de l'ICES, fondé par Philippe de Villiers en 1985, dont deux de manière définitive.

Rédaction avec AFP


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