Sarkozy critiqué à gauche comme à droite après son revirement - Abrogation mariage gay

Abrogation mariage gay

Sarkozy critiqué à gauche comme à droite après son revirement

Le revirement de Nicolas Sarkozy sur la loi Taubira sur le mariage homosexuel, dont il souhaite désormais "l'abrogation", est dénoncé par la gauche, qui l'accuse de céder à la frange la plus radicale de l'UMP, mais aussi à droite, où l'on parle de "mensonge".

E-llico.com / Actus

Sarkozy critiqué à gauche comme à droite après son revirement
Abrogation mariage gay

Mis en ligne le 17/11/2014

Tags

UMP Mariage gay Abrogation Sarkozy

Sur le même sujet

Sarkozy évoque pour la première fois une abrogation de la loi Taubira
Mariage homosexuel
Sarkozy évoque pour la première fois une abrogation de la loi Taubira

Le revirement de Nicolas Sarkozy sur la loi Taubira sur le mariage homosexuel, dont il souhaite désormais "l'abrogation", est dénoncé par la gauche, qui l'accuse de céder à la frange la plus radicale de l'UMP, mais aussi à droite, où l'on parle de "mensonge".

Invité samedi à un débat par Sens commun, une association née au sein de l'UMP dans le sillage de la Manif pour tous, l'ancien président a employé pour la première fois le terme d'"abrogation", après avoir été chahuté par l'assistance pour avoir dans un premier temps défendu une "réécriture" de la loi.

En déplacement en Australie, François Hollande a refusé dimanche de "commenter" ce revirement, cantonnant son rival à sa "campagne interne" à l'UMP pour se situer, lui, dans "l'apaisement" et le "consensus".

Mais en France, ce glissement lexical a suscité de vives critiques, à commencer par la gauche. C'est un "coming out homophobe", a dénoncé Pierre Laurent (PCF), jugeant que Nicolas Sarkozy avait "cédé" à des militants d'"ultra droite".

Côté gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a raillé Nicolas Sarkozy, estimant que "lorsqu'on a des convictions, on fait en sorte que la foule s'y rallie, on n'épouse pas les convictions de la foule". Une allusion au fait que, pendant son quinquennat, Nicolas Sarkozy se targuait fréquemment de n'avoir jamais "cédé une fois à la pression de la rue en cinq ans".

"La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble", a-t-il d'abord lancé samedi devant les militants de Sens Commun. Interrompu par les huées de la foule qui scandait "Abrogation ! Abrogation !", il a alors lâché: "si vous préférez qu'on dise abroger la loi Taubira pour en faire une autre... En français, ça veut dire la même chose (...) Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher".

Dans un parti divisé sur cette question, il se range ainsi aux côtés de Xavier Bertrand, de Laurent Wauquiez ou d'Hervé Mariton, lui aussi candidat à la présidence du parti, pour qui ce revirement est tout sauf improvisé. "C'est une manoeuvre électorale pour me siphonner des voix", a déclaré à l'AFP cet opposant résolu au mariage homosexuel, qui note le maintien du "mot  mariage pour les homosexuels" dans le discours de Nicolas Sarkozy. - 'C'est mentir aux Français' -

L'ex-président se distingue dans le même temps d'une partie de l'UMP, qu'il s'agisse du favori des sondages pour 2017, Alain Juppé, converti, lui, au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels, ou de l'ancien Premier ministre François Fillon, qui a répété dimanche soir sa position: abrogation impossible "pour des raisons juridiques", mais réécriture partielle. Parler d'abrogation, "c'est mentir aux Français", a martelé Franck Riester, l'un des deux seuls députés UMP à avoir voté la loi Taubira, qui soutient aujourd'hui dans la campagne interne à son parti la candidature de Bruno Le Maire, lui aussi opposé à l'abrogation.

Dimanche soir, Bruno Le Maire a réaffirmé sa position et appelé à ne "pas traiter les Français comme autant de clientèles".

Valérie Pécresse, ancienne ministre sarkozyste, a estimé que "l'abrogation n'est pas humainement réaliste" et prôné une réécriture, tout en admettant ne pas savoir "ce qu'a souhaité dire" l'ancien président.

Le député UMP Frédéric Lefebvre, ancien très proche de Nicolas Sarkozy, s'est nettement démarqué: déjà "avec le PaCS, nous avons collectivement à droite raté le coche de la modernité". "Soyons sérieux et sincères. Cessons d'entretenir des débats d'un autre temps", a-t-il lancé.

Au centre, la critique était partagée dimanche, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde qualifiant d'"erreur" la déclaration d'un Nicolas Sarkozy pas "à la hauteur du chef d'Etat qu'il a été", quand son rival Hervé Morin affirmait qu'il était "vain et démago de rouvrir une fracture dans le pays."

Juridiquement, pour l'avocate Caroline Mecary, spécialiste des droits des homosexuels, une abrogation "ne tient pas" car "on ne revient pas en arrière" sur une "liberté fondamentale." "Il n'y a jamais eu de retour en arrière sur toutes les grandes réformes de société", comme le droit de vote des femmes, le droit à l'avortement ou l'abrogation de la peine de mort, a ajouté la juriste.

(Source AFP)

Retrouvez les archives d'Illico / E-llico.com.

Plus 40.000 articles de la rédaction retraçant la vie de la communauté LGBT dans les domaines politique, sociétal, culturel et sanitaire de 2001 à 2022.

Tapez un mot-clé exprimant votre recherche dans le moteur de recherche ci-dessus.