Un film décrypte l'homophobie au Nigeria - <I>Walking with shadows</I>

Walking with shadows

Un film décrypte l'homophobie au Nigeria

Diffusé en avant-première à Londres avant une sortie espérée au Nigeria, le film "Walking with shadows", sur une relation homosexuelle qui resurgit du passé dans ce pays d'Afrique de l'ouest, veut faire sortir de l'ombre ceux qui doivent "cacher l'essentiel de leur vie".

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Un film décrypte l'homophobie au Nigeria
Walking with shadows

Mis en ligne le 14/10/2019

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Nigeria Homophobie Walking with shadows

Adaptée du premier livre de Jude Dibia publié en 2005, cette co-production britannico-nigériane raconte le combat d'un père pour se faire accepter par sa famille et la société, lorsqu'une histoire d'amour passée avec un homme apparaît au grand jour. Salué par la critique, le livre initialement publié à compte d'auteur faute d'éditeur acceptant de le publier, est le premier roman nigérian à mettre en scène un personnage homosexuel.

"Je suis sûr qu'il y a un public qui a besoin qu'on raconte son histoire, ce film est pour eux", a expliqué à l'AFP le comédien Ozzy Agu, qui incarne le personnage principal, qualifiant de "folle" l'assertion selon laquelle l'homosexualité n'existerait pas au Nigeria ou dans les autres pays africains.

Comme dans une large part de l'Afrique sub-saharienne, l'homosexualité est interdite par la loi dans un Nigeria religieusement conservateur, partagé entre le nord à majorité musulmane et le sud, largement catholique. La loi fédérale punit l'homosexualité de lourdes peines de prison et la charia prévoit la peine de mort dans les Etats du nord du pays, même si elle n'est pas appliquée en pratique.

"Walking with shadows", tourné à Lagos et dévoilé au Festival du film de Londres mercredi, attend de recevoir l'agrément des autorités nigérianes. L'équipe du film espère qu'il pourra sortir dans le pays. "Je pense qu'il sera bien reçu", avance Ozzy Agu. "Bien sûr, c'est un sujet sensible au Nigeria, mais le film est respectueux." Les choses évoluent sur le continent africain, en particulier chez les jeunes dans les grandes villes.

L'an dernier, l'interdiction du film "Rafiki" sur l'histoire d'amour de deux femmes, a été annulée au Kenya. Le film a été projeté au Festival de Cannes. En juin, le Botswana a dépénalisé l'homosexualité.

Comprendre les épreuves

"Walking With Shadows" (Marcher avec les ombres) raconte l'histoire d'Ebele Njoko, devenu Adrian, mari et père respecté, après avoir une relation avec un homme quelques années auparavant. Quand l'existence de cette histoire resurgit il choisit d'assumer. Mais il doit faire face à l'hostilité grandissante de sa femme, de son entourage, et l'équilibre fragile de sa vie commence à tomber en morceaux.

Parmi les créateurs du film figure Funmi Iyanda, personnalité du petit écran au Nigeria, dont l'interview avec Bisi Alimi, un militants des droits de l'homme ouvertement homosexuel avait déclenché une tempête. "Cette expérience m'a ouvert les yeux sur l'intensité de l'homophobie et le niveau d'intolérance", écrit Funmi Iyanda, directrice de création et productrice du film, dans le dossier de presse.

"Je voulais trouver la bonne histoire à raconter à propos de la lutte entre les aspirations individuelles et celles de la société dans un pays à la vivacité incroyable mais profondément conservateur", a-t-elle ajouté.

Iyanda avait repéré le livre de Jude Dibia en 2015 et a commencé à tourner deux ans plus tard, mais a eu les pires difficultés à trouver le financement pour le film. Pour la réalisatrice du film Aoiffe O'Kelly, tourner ce film, son premier long-métrage, coulait de source. En Irlande où elle a grandi, l'homosexualité était illégale jusqu'en 1993.

"J'étais en pleine empathie avec cette histoire", a-t-elle déclaré à l'AFP, soulignant les "ravages" engendrés par la loi irlandaise, qui a forcé tant de gens comme elle à cacher leur orientation sexuelle et à devoir affronter sans cesse arrestations et ostracisme. "Ce que j'espère, c'est qu'à travers cette histoire les gens comprennent les épreuves qu'on doit traverser", ajoute-t-elle, "cacher l'essentiel de sa vie, et les conséquences dévastatrices non seulement sur la personne elle-même, mais aussi leur famille".

Rédaction avec AFP 


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