Un homme jugé pour le meurtre d'un travesti en 2006 - Montpellier

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Un homme jugé pour le meurtre d'un travesti en 2006

"C'était pour me sauver, j'ai été humilié", s'est défendu Hasan Demir jugé devant la cour d'assises de l'Hérault pour le meurtre d'un travesti, retrouvé égorgé et lardé de coups de couteau en août 2006.

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Un homme jugé pour le meurtre d'un travesti en 2006
Montpellier

Mis en ligne le 10/10/2014

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Meurtre Guy Labarrière Assises Montpellier Hasan Demir

"Reconnaissez-vous les faits dont vous êtes accusé ?", a demandé le président Henri Pons. "Oui, j'ai donné beaucoup de coups de couteau. Il est mort malheureusement. Mais c'était pour me sauver", a répondu Hasan Demir.

Maillot blanc de la marine américaine, manches retroussées, cet homme de 35 ans, le crâne dégarni, le corps renforcé par des années de musculation, se tient droit. Le regard tourné vers les jurés, il livre longuement et parfois de façon trouble sa version de la mort de Guy Labarrière, un ancien rugbyman, surnommé le Bison, et devenu Éva, un travesti prostitué.

"Je rentrais chez moi. Je marchais dans la rue. A côté de la sécurité sociale, deux hommes, dont un travesti, m'ont attrapé par les bras. Ils sentaient l'alcool. Ils m'ont demandé mon portefeuille. J'ai dit 'lâchez-moi'. Ils m'ont amené dans un appartement au deuxième étage avec un couteau sous la gorge", a expliqué Demir dans un français hésitant.

"Je pensais qu'il allaient me relâcher. J'ai voulu partir. Il y avait un costaud et l'autre plus mince. Il m'a mis à genoux, m'a mis son sexe devant la boucheJe lui crache dessus. Le travesti s'est placé derrière moi, m'a relevé et une bagarre a éclaté alors que l'autre (NDLR: cet homme n'a jamais été retrouvé) avait quitté l'appartement.", a poursuivi l'accusé, affirmant avoir "eu peur de mourir" et s'être "senti humilié".

Selon Hasan Demir, s'il a donné des coups de couteau c'est pour se défendre. Combien ? Il ne s'en souvient plus. Mais de préciser: "Je ne voulais pas le tuer".

Les légistes ont relevé une trentaine de coups de couteau sur le visage et le tronc, dont quatre de type égorgement et une cinquantaine post mortem au niveau de l'abdomen ainsi que des blessures de défense.

Menace de dénonciation

"Quand on se défend, on peut accepter cinq, six, sept coups", a repris le président Pons, relevant aussi que des voisins ont témoigné avoir entendu des appels à l'aide de la victime.

"La réaction défensive explique difficilement le nombre de coups. Si vous avez peur, vous donnez un, deux ou trois coups et vous foutez le camp", a agréé le psychiatre, le Dr Jean-Claude Penochet.

"Il y a comme une rage homicide", a-t-il estimé, émettant l'hypothèse que l'accusé a "peut-être voulu chercher un travesti par attrait pour l'homosexualité" ce qui "ne veut pas dire qu'il est homo".

"Dans sa vie sexuelle, il peut avoir un attrait caché. Or combattre cet attrait est d'une banalité clinique. Il se peut que cet image ait été difficilement supportable pour lui", a-t-il ajouté.

La question pour le président était donc de savoir s'il ne connaissait pas déjà ce travesti, à la réputation d'homme sympathique. D'autant que des témoignages de membres de sa famille, dont sa mère, vont dans ce sens.

"Non", s'est insurgé Hasan Demir, à "l'intelligence au dessus de la moyenne", selon les experts. "Il n'a aucune maladie et aucun trouble de la personnalité", a souligné le Dr Penochet. "Il n'a pas de tendance homosexuelle" a insisté son avocat Luc Abratkiewicz, lisant une déclaration de sa première femme, Svegi, un amour d'enfance.

C'est à sa seconde épouse, Hélène, que Demir a raconté son crime le soir même. Et c'est elle qui le dénoncera quatre ans plus tard après leur séparation parce qu'elle ne supportait plus sa violence, son alcoolisme.

"C'est de ma faute", a admis l'accusé à propos de cette rupture. Et presque de trouver une excuse à ses débordements: "A chaque dispute, elle menaçait de me dénoncer".

Les réquisitions et le verdict sont prévus lundi.

(Source AFP)

 

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