Vieux, homos et héros des <I>Invisibles</I> - Documentaire de Sébastien Lifshitz

Documentaire de Sébastien Lifshitz

Vieux, homos et héros des Invisibles

De la joie: c'est le sentiment qui domine dans "Les invisibles", documentaire romanesque et captivant dont les héros, des gays septuagénaires ou plus âgés, balayent tous les clichés sur l'homosexualité et la vieillesse.

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Vieux, homos et héros des Invisibles
Documentaire de Sébastien Lifshitz

Mis en ligne le 26/11/2012

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Sébastien Lifshitz Invisibles Documentaire

Le film de Sébastien Lifshitz, présenté hors compétition à Cannes cette année et qui sort mercredi en salles, donne la parole à dix hommes et femmes, nés dans l'entre-deux-guerres, vivant en province, à l'opposé de l'image traditionnelle de l'homo urbain, jeune, artiste, tourmenté.

Dans des temps difficiles pour ces minorités, ils ont bravé les interdits et vécu leur sexualité avec simplicité: pas d'ostentation, mais pas de dissimulation.

Au cours d'une soirée avec des amis qui racontaient leur vie, quelqu'un se tourne vers Monique et lui demande: "Et toi?" "Eh bien, moi j'aime les femmes." Stupeur. "Les gens étaient abasourdis. J'ai étonné beaucoup de gens comme ça. 'Ah bon!'me répondait-on. Et ça me plaisait, ça!"

Face à la caméra, Monique montre des photos d'elle jeune, cheveux bruns coupés courts, pantalon et lavallière. "Je m'habillais en homme, parce que les filles aiment les hommes. Pour les attirer, il faut ressembler à un homme", explique-t-elle en souriant.

"Je suis une fille qui aime les filles. C'est comme ça que je me suis définie toute ma vie. C'est mon identité", ajoute cette femme avenante, aux cheveux argentés.

Bernard et Jacques se sont connus par petites annonces, l'un habitait Paris, l'autre Marseille. "Je dois te dire que j'ai une femme et cinq enfants." "Oh mon Dieu", répond son ami. "Je ne sais pas comment je suis redevenu homosexuel", ajoute celui-là. Tous deux ont uni leur solitude et respirent le bonheur.

Mai 68 

Même plénitude chez Pierrot, bisexuel assumé. "Ma vie amoureuse a été ballottée entre homme et femme, mais elle a été heureuse car je me suis toujours adapté." "Je pouvais faire la femme et l'homme", ajoute-t-il, avec un naturel confondant.

Quant à Catherine et Elisabeth, elles ont bravé les interdits de leur milieu pour devenir bergères et élever des chèvres. "Jamais" elles n'ont perçu chez les paysans du coin la moindre défiance, affirment-elles, en continuant à affiner leurs fromages.

Thérèse a un doute : "A 77 ans, est-ce que je peux encore séduire?" s'interroge cette mère de cinq enfants, qui a découvert le plaisir à 42 ans, avec une femme. C'était Mai 68. "Le soleil était si chaud, nous étions si nues. Cela a été le bouleversement total: comment une vie bascule avec une main qui s'aventure." Avec ses amies, Thérèse avait créé un centre clandestin d'avortement, chez elle.

"J'ai rencontré 70 personnes en un an et demi. J'en ai choisi dix. Il fallait qu'elles répondent à plusieurs critères", a expliqué Sébastien Lifshitz.

Ces personnages devaient "avoir une parole naturelle face à la caméra, un minimum de distance sur leur vécu, être capables de livrer une réflexion profonde sur leur vie, avoir des photos qui fassent s'incarner le passé, que les lieux où ils habitent soient cinégéniques", a détaillé le réalisateur.

Pour entrer en contact avec eux, le réalisateur s'est adressé à des associations, notamment Les Gays Retraités.

"Ce que je voulais, c'était casser les clichés, et sur les homosexuels et sur les vieux, dont on parle toujours à propos de l'Alzheimer, du cancer ou du trou de la Sécu. J'ai raconté le parcours d'hommes et de femmes qui ont accompli leur vie. Le plaisir du film est là aussi."

(Source AFP)

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