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Accusée de gestion défaillante, la direction du Refuge démissionne

La fondation Le Refuge, qui héberge des personnes homosexuelles rejetées par leur famille, a annoncé le départ de ses dirigeants après la publication d'un audit au vitriol qui a confirmé la gestion erratique de cette association importante au sein de la communauté LGBT.

E-llico.com / Actus

Accusée de gestion défaillante, la direction du Refuge démissionne
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Mis en ligne le 19/02/2021

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Le Refuge Nicolas Noguier Mediapart

La fondation, qui a accompagné 474 jeunes en 2019, était au centre d'une polémique depuis décembre et des révélations de Mediapart qui reprochait à sa direction un fonctionnement quasi-sectaire et un management agressif.

Ce diagnostic a été confirmé par un audit indépendant publié jeudi, qui pointe des "dysfonctionnements structurels (...) imposant une réaction forte et urgente".

Le conseil d'administration a aussitôt annoncé avoir "pris acte" de la démission du président de la fondation, Nicolas Noguier. Il avait créé l'association en 2003, qu'il dirigeait avec son compagnon Frédéric Gal, qui va également quitter ses fonctions de directeur général.

"Les dysfonctionnements observés au sein de la Fondation Le Refuge sont graves", a réagi vendredi sur Twitter la ministre déléguée chargée de l'Egalité, Elisabeth Moreno, en insistant sur l'"exemplarité" imposée par sa mission et en prenant acte de cette démission.

L'audit détaille sur 38 pages les dérives de cette "fondation en forte croissance", qui "occupe un positionnement unique dans le paysage associatif français", avec sa ligne d'urgence dédiée aux jeunes LGBT en rupture familiale et ses solutions d'hébergement dans une grande partie de la France.

Le document étrille notamment son "fonctionnement totalement artisanal", reposant sur "des communications informelles, des relations interpersonnelles et une concentration des prises de décisions sur quelques acteurs".

L'enquête de Mediapart dénonçait un "management par la terreur" envers salariés et bénévoles, qui se disaient "broyés", "usés" ou "humiliés" par une direction qu'il "faut aduler". Selon plusieurs témoignages, Nicolas Noguier se faisait appeler "papa" par les jeunes et aurait fréquemment donné des "câlins" et des "étreintes".

L'audit relève lui "un climat de défiance et un mal-être au travail d'une partie significative des acteurs" de l'association: 52% des salariés interrogés "estiment que leur charge de travail n'est pas soutenable" et 60% "ne se disent pas heureux au travail".

Il critique également la communication de l'association: plus d'un quart des jeunes interrogés "estiment que leur consentement n'est pas systématiquement demandé pour utiliser leur image sur les réseaux sociaux en particulier".

En réaction, le conseil d'administration du Refuge a notamment annoncé vouloir mutualiser sa ligne d'écoute avec d'autres associations LGBT, la nomination d'un médiateur et une nouvelle charte du droit à l'image au sein de l'organisation.

"Le Conseil tient à saluer l’action de celui sans lequel la Fondation n’aurait jamais pu exister, et a tenu à lui proposer symboliquement un poste de Président-fondateur (non-exécutif), s’il l’accepte", peut-on lire dans un communiqué de l'organisation qui présente ses excuses aux personnes qui ont eu a souffrir des dysfonctionnements pointés dans le rapport.

"Au nom de la Fondation, le Conseil d’administration souhaitait en premier lieu présenter ses excuses et avoir une pensée pour toutes les personnes, jeunes, bénévoles, salarié.e.s, qui ont pu se sentir blessé.e.s, mal accueilli.e.s, ou mal considéré.e.s. A toutes celles-ci et à tous ceux-là nous leur affirmons avec force que nous ferons tout pour regagner leur confiance", peut-on lire sur le site du Refuge.

"Au-delà de ces décisions d’urgence, nous avons conscience que la transformation de notre fondation vers une organisation plus professionnelle et plus accueillante prendra du temps. C’est pourquoi nous mettrons en place d’ici quinze jours un comité de suivi des mesures, constitué de personnalités indépendantes et d’un représentant de nos tutelles. Il devra rendre compte de manière publique et transparente de l’avancée des travaux", explique l'association.

"Notre combat est plus que jamais essentiel face à l’homophobie et à la transphobie qui ne cessent de gagner du terrain dans notre pays. Demain, la Fondation sera plus forte pour assurer sa mission essentielle d’accueil des jeunes rejeté.e.s de chez eux à cause de l’intolérance", promet Le Refuge.

Rédaction avec AFP 


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