Où en est-t-on vraiment ? -

Où en est-t-on vraiment ?

Difficile de savoir où en est le Centre d’archives LGBT de Paris. "Illico" fait le point et répond à vos questions :

E-llico.com / Dossiers

Où en est-t-on vraiment ?

Mis en ligne le 12/04/2006

Tags

> D’où vient le projet de Centre des mémoires LGBT de Paris ?

En 2000, des personnalités dont Jean Le Bitoux et Christopher Miles lancent l’idée du Centre d’archives et de documentation homosexuel de Paris (CADHP). Une association de préfiguration (AP-CADHP) est constituée. C’est elle qui demande une subvention à la Ville de Paris. Une délibération votée en conseil de Paris en novembre 2002 lui accorde 100 000 euros pour financer la mission de préfiguration.

> Le projet est-il en retard ?

Le retard est incroyablement important. Il est dû à des désaccords stratégiques et personnels au sein de l’équipe chargée du projet, à la complexité du dossier en soi ainsi qu’à la très forte mobilisation des opposants qui a largement contribué à enliser le dossier. Résultat, le projet — on parlait à l’origine d’une ouverture en 2003 — a pris des années de retard !

> Le projet a-t-il été validé scientifiquement ?

Le rapport de préfiguration de ce qui s’appelle désormais le Centre des mémoires LGBT Paris/Ile-de-France a été remis en juin 2005 à Odette Christienne, adjointe de Bertrand Delanoë en charge de la Mémoire. Ce dossier a été transmis par la Ville en septembre 2005 aux Archives départementales de Paris pour expertise et avis de sa directrice, Agnès Masson. Le projet a été validé scientifiquement à l’autonme 2005. Le projet a ensuite été présenté aux Archives de France (ministère de la Culture) dont Agnès Masson est aussi la correspondante pour ce dossier. Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France a jugé le projet "fondamental" dans une note adressée au ministère de la Culture.

> Combien cela a coûté ?

Jusqu’à présent, le projet a obtenu 100 000 euros de subvention (un montant conséquent au regard de ce qui est accordé en moyenne aux associations LGBT). Cette somme a été utilisée entre 2002 à 2005 (locaux, salariés, équipements…). Les comptes ont été présentés chaque année à la mairie. En 2005 comme en 2006, aucune nouvelle demande de subvention n’a été déposée par l’association de préfiguration.

> Combien coûterait le futur Centre ?

Le rapport évalue ses besoins financiers sur un peu plus de deux ans à 820 000 euros dont 510 000 euros pour les salaires, 130 000 euros pour le local, 90 000 euros pour le fonctionnement, 10 000 euros pour les acquisitions de collections, 40 000 euros pour le système d’information, etc. Pour simplifier, le budget annuel avoisinerait 330 000 euros.

> Qui peut financer le projet ?

Côté public : la Ville de Paris, le ministère de la Culture et la Région Ile-de-France. La Ville a déjà donné et n’entend pas être l’unique bailleur de fonds. Le ministère de la Culture n’a toujours pas été sollicité. La région est partante. "La région Ile-de-France salue ce projet. Nous sommes en position de partenaire, indique Francis Parny, troisième vice-président de la région en charge de la Culture. J’ai donné mon accord de principe pour un financement régional pour ce projet important de mémoire qui donne à connaître des modes de vie, des luttes qui font partie et contribuent à l’identité de notre région". Les responsables actuels du projet rencontrent Francis Parny le 25 avril pour une présentation officielle du projet et une demande de subvention.

> Qu’est-ce qui peut bloquer sur le plan financier ?

Si un des partenaires publics manque à l’appel, le Centre de mémoires ne verra jamais le jour — du moins dans sa version optimale. Un pari plus que difficile à tenir puisqu’il faudrait que chaque partenaire public accorde une subvention annuelle d’environ 110 000 euros. Le contexte budgétaire étant ce qu’il est — les pouvoirs publics ne font pas de la mémoire une priorité budgétaire — le pari confine à l’utopie. Il ne faut pas compter sur des financements privés : les personnalités contactées attendent de voir après l’ouverture.

> Qu’en pense la Mairie de Paris ?

La Ville voit passer les mois et les années et commence à trouver le temps long. "Il y a de la déception de ne toujours rien voir venir et aussi un peu d’inquiétude sur la faisabilité financière du projet", note Patrice Porcheron, directeur de cabinet d’Odette Christienne en charge du dossier. "C’est vrai que ce retard m’inquiète, indique Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë, parce que cette idée est juste. L’équipe du maire est disponible pour aider à l’avancement du projet, pour débloquer ce qui aurait besoin de l’être. Cela ne représente pas un risque politique pour la Ville, mais c’est toujours dommage qu’une demande, qu’une revendication sociale pertinente ne débouche pas."

> Que peut faire la mairie ?

Les opposants ont beau réclamer le remboursement de la subvention de 100 000 euros, la Ville n’a aucun moyen légal de l’exiger, d’autant que l’usage qui en a été fait, s’il n’est pas frauduleux, peut au moins poser la question d’un éventuel gaspillage. Elle ne peut pas davantage exiger la démission de l’équipe actuelle. Elle peut faire pression en coulisses pour activer le mouvement. Un refus de subvention à l’équipe actuelle provoquerait le départ de cette dernière et l’arrivée de nouveaux responsables. Mais qui et avec quel projet ? Si les candidats ne manquent pas, la faisabilité de leurs idées reste à démontrer. Une chose est sûre, la Ville ne peut plus se permettre de financer une nouvelle étude.

Retrouvez les archives d'Illico / E-llico.com.

Plus 40.000 articles de la rédaction retraçant la vie de la communauté LGBT dans les domaines politique, sociétal, culturel et sanitaire de 2001 à 2022.

Tapez un mot-clé exprimant votre recherche dans le moteur de recherche ci-dessus.