
Salim Kechiouche, icône gay
C’est un statut qu’il n’a pas cherché mais qu’il ne refuse pas pour autant. Depuis que François Ozon en a fait le fantasme de Jérémie Rénier dans ses "Amants criminels" en 1999, Salim Kechiouche inspire les créateurs gay… et les spectateurs. Dernier en date à avoir succombé au charme sombre du jeune acteur d’origine algérienne : le peintre et écrivain Michel Giliberti qui lui consacre dix tableaux. En attendant plus.Peintures Michel Giliberti
Par Didier Roth-Bettoni
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En ce début d’hiver, Salim Kechiouche est partout. Sur scène aux côtés de Roger Hanin. Dans les bacs DVD via un film de Gaël Morel. Et sur les murs d’une galerie parisienne où son corps et son visage s’offrent en dix exemplaires aux regards des passants. C’est Michel Giliberti, dont toute l’œuvre picturale tourne autour de la célébration du corps masculin, qui signe ces toiles, devenant ainsi le dernier maillon de la chaîne qui lie depuis ses débuts Salim Kechiouche aux artistes gay.
De François Ozon ("Les amants criminels") à Jean-Marie Besset ("Les Grecs") et de Jean Menaud ("Vie et mort de Pasolini") à Gaël Morel ("Le clan"), le jeune acteur d’origine algérienne a, depuis ses débuts, l’homosexualité qui lui colle à la peau, qu’il joue des homos (le film "Grande école" de Robert Salis) ou qu’il se contente d’incarner une sorte de désir fantasmatique pour les gays qui croisent son chemin (la série de photos réalisée par Pierre et Gilles), qu’est-ce qui lui vaut ce statut assez unique, pour lequel on ne lui voit pour seul rival que Stéphane Rideau, célébré lui aussi par une multitude d’auteurs homos : Ozon, Morel, André Téchiné ou Sébastien Lifshitz ?
Son incroyable beauté bien sûr, ce mélange de douceur (ah, ces yeux de biche !) et de force (il n’a pas été champion de France de boxe thaï et de kickboxing pour rien) qui n’appartient qu’à lui, sa disponibilité et sa modestie d’acteur aussi qui lui font accepter toutes les aventures sans hésiter. Car loin de le gêner, ce lien permanent avec l’homosexualité le rend fier, y voyant un moyen de célébrer la différence et la tolérance lui qui n’est pas gay mais maghrébin. Et ce qui n’était qu’un hasard à ses débuts est devenu un choix assumé : "En défendant ce type de rôle, je me retrouve à défendre les minorités. C’est assez noble même si cela ne dépend pas forcément de moi. J’aime ces personnages qui ne se mettent pas plein de barrières dans leur vie" expliquait-il à "Illico" alors qu’il se préparait à jouer un homo sans-papiers dans "Les Grecs".
"Si je peux aider des gens à se sentir mieux ou à assumer ce qu’ils sont, je suis content. C’est une des choses qui fait que je suis fier d’avoir pu jouer ces rôles" ajoutait-il.
Au fil des expériences et des rencontres, l’acteur s’est aguerri et sa sensibilité s’est exacerbée. Et ce statut d’icône sexy qu’il n’a jamais recherché, s’il le fait parfois sourire, ne l’embarrasse en rien même si, à 27 ans aujourd’hui, il sait bien qu’il va lui falloir désormais le dépasser pour poursuivre sa carrière de comédien. Qu’il se rassure en tout cas : nous lui resterons fidèles…
"Salim Kechiouche par Giliberti", Arts Galerie Benchaieb, 64 rue Mazarine, 75006 Paris.
"Un petit pull-over angora", pièce de Daniel Saint-Hamont mise en scène par David Haddad avec Roger Hanin. Théâtre Le Temple, 18 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris. Rens. : 08 92 35 00 15.
"Premières neiges", film de Gaël Morel, avec Stéphane Rideau, Elodie Bouchez, Salim Kechiouche. Dist. DVD : Antiprod.