les gens et les événements de l'année - Best of 2006

Best of 2006

Les gens et les événements de l'année

Un député condamné pour homophobie. Un salon gay qui disparaît. Une gay pride qui dégénère. Un film d’amour homo qui triomphe aux Oscars. Un grand parti qui dépose un projet de loi en faveur du mariage gay. Une actrice outée par un magazine. Une polémique autour d’un centre d’archives. Une multiplication d’agressions anti-gays… Ça c’est passé en 2006. Rétrospective.

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les gens et les événements de l'année
Best of 2006

Mis en ligne le 05/01/2007

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POLITIQUE

> Le mariage gay, enjeu électoral



Dans la perspective des élections présidentielles et législatives de 2007, tous les partis politiques et leurs leaders prennent position sur les droits des gays. Améliorations du PaCS pour l’UDF (VERIF), nouveau contrat d’union civile pour l’UMP (VERIF), mariage et adoption pour le PS et l’ensemble de la gauche, les solutions avancées sont variées. Mais ces évolutions annoncées se heurtent à des réticences fortes, notamment à droite de l’échiquier politique. Alors que Jean-Marie Le Pen se fait patelin (ce qui n’empêche pas le FN de vouloir abolir le PaCS : VERIF) et que Philippe de Villiers dénonce les statuts des couples homos dans sa déclaration de candidature présidentielle, c’est du côté de l’UMP que la fronde gronde le plus fort. Alors que quelques personnalités isolées du parti majoritaire comme les ministres Jean-Louis Borloo et Jean-François Lamour se prononcent en faveur de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et que Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur-candidat, invente un statut particulier pour les couples homos avec un fumeux contrat d’union civile (ce qui ne l’empêche pas de faire de Christine Boutin son conseiller politique), près de 300 députés et sénateurs UMP (dont Boutin ou Christian Vanneste) se réunissent dans une Entente Parlementaire dont le seul but est de contrer toute évolution en ce sens. Leur leader, le député Jean-Marc Nesme, laisse même planer la menace d’une suppression du PaCS si la droite l’emporte lors des scrutins à venir. Au Parti Socialiste, les choses sont plus simples : le programme du parti ayant validé la reconnaissance du mariage et de l’adoption pour les gays et les députés PS ayant déposé deux propositions de loi en ce sens, les divers présidentiables s’y sont ralliés. Y compris ceux qui y étaient les plus réticents comme Lionel Jospin ou Ségolène Royal. Devenue la candidate du PS à la présidentielle, cette dernière a à plusieurs reprises confirmé cet engagement.

> Polémiques parisiennes



Régulièrement pris pour cible par des essayistes plus ou moins talentueux (Sophie Coignard, François Devoucoux du Buysson) en raison des subventions accordées par la Ville de Paris à des associations LGBT, Bertrand Delanoë aura pour adversaire lors des municipales de 2008 une élue dont c’est aussi un des arguments. Françoise de Panafieu, députée-maire UMP du XVIIè arrondissement, malgré quelques inflexions à son discours (elle n’est plus hostile à la Marche des Fiertés), est en effet résolument contre ce qu’elle juge comme le favoritisme communautariste du maire gay de Paris. Ce n’est pas la seule polémique à laquelle doit faire face Bertrand Delanoë : sa décision de rebaptiser le parvis de Notre-Dame de Paris du nom de l’ancien pape Jean-Paul II, connu pour son refus du préservatif et sa condamnation des unions homosexuelles, provoque en effet l’hostilité de plusieurs associations LGBT et de lutte contre le sida.

> Menaces d’expulsions



Robson, Taoufik, Anwar, Ibrahim… : à plusieurs reprises, les menaces d’expulsion contre des gays Brésiliens, Marocains, Pakistanais, Tchadiens, etc., ont surgi dans l’actualité, victimes de ce qu’on appelle la circulaire Sarkozy. Et ce bien que plusieurs d’entre eux soient pacsés avec des Français ou demandeurs d’asile en raison des risques encourus dans leurs pays d’origine par les homosexuels. Heureusement, les mobilisations d’associations gay mais aussi de personnalités comme Jack Lang ou Josiane Balasko ont conduit le ministère de l’Intérieur à revenir sur plusieurs de ces mesures : expulsés dans un premier temps, Robson et Taoufik ont pu rejoindre leurs compagnons et être régularisés, tandis qu’Anwar, un militant gay pakistanais, a obtenu le droit d’asile après près de deux ans de combat juridique. Le dernier cas en date, celui de Karim, un jeune Algérien réfugié chez un oncle près de Bordeaux et menacé de reconduite à la frontière, a lui aussi été résolu, Nicolas Sarkozy ayant finalement cédé face à la mobilisation et au soutien de l’opinion publique.

> Focus : Christian Vanneste, condamné et récidiviste



En devenant, le 24 janvier 2006, le premier élu condamné pour propos homophobes, le député UMP Christian Vanneste a acquis une notoriété inattendue. D’autant que l’élu, mollement critiqué par son parti, a à plusieurs reprises (et jusqu’à son procès en appel en décembre) répété ses propos sur l’infériorité de l’homosexualité et sur le risque qu’elle fait courir à l’humanité.

> Politique/En bref

Alors que le PS s’est prononcé en faveur de l’égalité des droits pour les homos, les déclarations clairement homophobes de plusieurs de ses élus en Martinique font désordre même si ces dérapages sont condamnés par les instances du parti.

Malgré les promesses de François Bayrou et Nicolas Sarkozy, l’UDF et l’UMP ont refusé lors des débats parlementaires tout alignement du régime fiscal des successions des couples pacsés sur celui des couples mariés. La majorité a de même limité au maximum toutes les évolutions du PaCS.

Au fil de l’année, les sondages sont tous allés dans le même sens : acceptation des Français du droit au mariage pour les couples homos, mais réticence toujours forte vis-à-vis du droit à la parentalité.

Jean-Luc Romero, Jack Lang mais aussi plusieurs associations homos ont réclamé en vain la levée de l’interdiction de don du sang pour les gays.

HOMOPHOBIE

> Multiplication des agressions… et des condamnations



Marmande, Orléans, Charleville-Mézières, Béziers, Vitry, Strasbourg, Marseille, Paris, Avignon… La chronique des agressions homophobes a malheureusement été particulièrement nourrie au fil des mois de 2006. Des agressions violentes, sauvages, parfois en pleine rue (comme à Orléans), parfois au domicile des victimes (comme à Vitry), parfois sur des lieux de drague (comme à Marmande), conduisant dans certains cas à la mort de celles-ci (notamment à Paris), à de véritables actes de torture dans d’autres, toujours à des blessures physiques ou psychologiques graves. Cette recrudescence du cassage de pédés est sensible dans le rapport annuel de SOS Homophobie et a conduit à une mobilisation des associations LGBT qui ont initié une cellule de crise et multiplié les conseils de prudence. Mais cette flambée inquiétante des affaires de violence envers les gays, si elle est indéniable, s’explique aussi en partie par le fait que les homosexuels qui subissent ces actions ne se laissent plus faire en silence et portent plainte de plus en plus souvent. Et ils ont raison de le faire : la police, dans la plupart des cas, fait bien son travail, et la justice, en application de la loi qui fait de l’homophobie une circonstance aggravante, se montre en général sévère envers les personnes coupables de tels actes. 2006 à cet égard a marqué une nette évolution dans ce sens.

> Affaires Nouchet et David Gros : suites



Deux des plus retentissantes affaires d’agressions homophobes de ces dernières années en France ont connu cette année des suites judiciaires contrastées. Alors que les agresseurs de David Gros, violemment battu par six mineurs et un majeur à Marseille en 2004, sont condamnés à de la prison ferme, c’est par un non-lieu que se conclut (provisoirement, la victime ayant décidé de faire appel) l’affaire Sébastien Nouchet, ce jeune gay brûlé vif à son domicile en janvier 2004. La justice n’a en effet pas pu trancher entre la thèse de l’agression homophobe et celle de la tentative de suicide, au grand désespoir de Sébastien Nouchet et de ses partisans, la plupart des associations LGBT ayant manifesté leur colère devant ce verdict rendu fin septembre.

> Focus : un proviseur et son blog



Début janvier 2006, le proviseur d’un lycée de Mende, en Lozère, est révoqué parce que sur le blog qu’il tient sous pseudonyme, il évoque son homosexualité et publie des photos d’hommes en slip. La sanction du rectorat qui parle de " ponographie " et d’incompatibilité avec la fonction de proviseur, fait grand bruit et provoque une avalanche de réactions des syndicats enseignants, des associations homos mais aussi de la communauté des bloggeurs. Le ministère de l’Education recule alors et transforme la révocation en suspension de six mois. A la rentrée de septembre 2006, le proviseur a obtenu une nouvelle affectation.

> En bref/Homophobie

Un directeur d’hôtel de La Tour du Pin a été condamné aux prud’hommes pour avoir à de nombreuses reprises insulté une de ses employées lesbiennes.

Insulté ("Sale pédé, va crever du sida !"), discriminé et exclu des cours, Martin, un lycéen gay parisien a vécu un véritable calvaire dans son école sans rencontrer aucune solidarité ni des enseignants ni des autres élèves. Malgré l’intervention de plusieurs associations et d’élus, sa situation n’était pas réglée à la rentrée 2006.

Polémique après l’attribution fin novembre d’une récompense musicale, le Césaire, au chanteur antillais Admiral T, de nombreuses associations homos se scandalisant qu’un tel prix puisse être remis à l’auteur de paroles violemment homophobes appelant au meurtre des pédés.

L’homophobie au travail et les discriminations qui en découlent ont fait l’objet d’une enquête commanditée par la Halde (la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité). Les résultats lui ont été remis fin décembre et devraient être rendus publics en 2007.

INTERNATIONAL

> Chasse aux homos en Afrique



Moins que jamais en 2006, il n’a fait bon être gay en Afrique. Entre les appels à la haine régulièrement lancés par divers chefs d’Etat — au premier rang desquels le président zimbabwéen Robert Mugabe, qui a d’(ailleurs fait adopter en juillet une nouvelle loi aggravant encore la criminalisation des rapports homosexuels — et les pressions et menaces pesant sur les rares associations homos locales (comme ce fut le cas au Ghana en septembre, conduisant à l’annulation d’une conférence internationale et à l’exil d’un responsable associatif), la situation est catastrophique. Mais c’est au Cameroun (mais aussi, dans une moindre mesure, en Côte d’Ivoire) que les choses se sont le plus dégradées en 2006. Dans ce pays où l’homosexualité est passible de prison (comme en a fait l’expérience un jeune couple condamné à un an en mars), la presse à scandale a en effet lancé début 2006 une véritable chasse aux gays en publiant des listes d’homosexuels présumés comprenant ministres, religieux ou artistes. Si les autorités ont rappelé la presse à l’ordre et si des responsables de journaux ont été condamnés par la justice, cette campagne a provoqué plusieurs manifestations homophobes au Cameroun, en particulier dans les écoles. Dans le même temps, neuf homosexuels présumés ont été emprisonnés plus d’un an sans procès, leur libération étant retardée à plusieurs reprises. Cette incarcération et le manque de soins qui y est lié est d’ailleurs une des causes de la mort du sida, quelques jours après sa sortie de prison, de l’un d’entre eux. Dans ce contexte déprimant, l’Afrique du Sud fait figure de paradis puisque les parlementaires ont adopté fin novembre une loi autorisant l’union de deux personnes de même sexe par mariage ou partenariat civil.

> A l’Est, rien de nouveau



Violences en marge de la première Gay Pride de Moscou, menaces politiques en Pologne ou en Lettonie… En dehors de la République Tchèque qui a adopté en début d’année un statut pour les couples homos, la situation est toujours très tendue pour les gays dans l’ancienne Europe de l’Est. Le Parlement Européen s’en est d’ailleurs alarmé en juin en condamnant " la montée générale de l'intolérance raciste, xénophobe, antisémite et homophobe en Pologne " (un pays qui compte parmi ses ministres un homophobe virulent et dont et le président et le Premier ministre ont multiplié les déclarations anti-gay) mais aussi l'interdiction par les autorités russes de la première Gay Pride à Moscou le 27 mai, ainsi que leur incapacité à assurer la protection des manifestants. Il faut dire que fin mai, lors de cette manifestation que les autorités politiques et religieuses ont tout fait pour empêcher, les quelques dizaines de participants homos ont été victimes d’un véritable harcèlement violent de la part de militants d’extrême droite sans que la police réagisse. A Cracovie aussi, la Gay Pride a été le théâtre d’incidents violents de la part d’extrémistes. La Gay Pride de Varsovie, malgré la présence à ses abords de nombreux skinheads, s’est heureusement déroulée plus sereinement pour ses 10 000 participants. La situation n’est pas meilleure en Lettonie où la Gay Pride de Riga a été interdite et des manifestants homos aspergés d’excréments, tandis que la Gay Pride de Tallin, en Estonie, a vu 12 de ses participants blessés.

> Focus : Louis-Georges Tin, militant universel



La Journée mondiale de lutte contre l’homophobie qui a connu, le 17 mai 2006, sa deuxième édition, c’est lui. Le comité Idaho et son récent appel à décriminaliser l’homosexualité dans le monde entier, c’est lui. An Nou Allé !, la très active association des Noirs de France, c’est encore lui. Le "Dictionnaire de l’homophobie" paru en 2003, c’est toujours lui. A 32 ans, Louis-Georges Tin est à l’évidence l’un des militants essentiels de la cause gay en France et à l’étranger. Une sorte de militant universel qui est le premier à avoir compris que le combat pour les droits des homosexuels est désormais mondial, et que ce qui opprime un homo africain ou asiatique concerne directement un homo français.

> En bref/International

L’Union Européenne a adopté le 16 janvier 2006 une résolution exhortant ses membres à condamner l’homophobie et définissant celle-ci comme "une peur et une aversion irrationnelles contre les homosexuels".

Le changement de gouvernement en Italie en mars et le remplacement de Berlusconi par Romano Prodi ouvre la porte à un PaCS à l’italienne, promesse de campagne du candidat de centre-gauche dont la majorité comporte des élus ouvertement gay ainsi qu’un transsexuel.

Les marches gay sont mal vues à Jérusalem. Alors que la ville devait accueillir en août la World Pride, après de multiples protestations notamment des religieux juifs, catholiques et musulmans, elle a été annulée en raison de la guerre au Liban. Quant à la Gay Pride qui devait se dérouler en septembre, après avoir été repoussée en novembre, elle a dû se replier dans un stade en raison de l’hostilité ambiante.

Les unions entre homosexuels, le pape n’en veut pas. Benoît XVI n’a cessé de le répéter tout au long de l’année 2006, condamnant pêle-mêle mariages, unions civiles et unions de fait.

Accusé de sodomie, un homosexuel a été pendu le 14 novembre en Iran.

Promise par le gouvernement conservateur canadien en arrivant au pouvoir fin 2005, la remise en cause du mariage gay (légal au Canada depuis juillet 2005) n’aura pas lieu, le parlement ayant refusé début décembre de débattre de cette question.

Les transsexuels espagnols peuvent désormais changer de nom et de sexe sans subir une opération chirurgicale préalable mettant une nouvelle fois l’Espagne aux avant-postes des droits LGBT.

COMMUNAUTÉ

> Une série d’échecs



C’est certainement le ratage le plus dramatique de ces dernières années : au-delà des polémiques ou des accusations de toutes natures qui ont émaillé l’année, on ne peut que constater que le beau projet de Centre d’Archives LGBT de Paris est toujours au point mort. Après des années d’études, de rapports, de réunions, après l’épuisement de 100 000 euros de subvention accordés par la Ville de Paris, après la succession de plusieurs équipes et employés, après la validation du projet par diverses instances, on est bien en peine de dire si ce Centre verra le jour. Car la situation aujourd’hui est calamiteuse et l’image donnée d’un gâchis d’énergie et de fonds publics est absolument catastrophique. Autre faillite, celle du Salon Rainbow Attitude qui ferme ses portes après trois éditions déficitaires (malgré plusieurs dizaines de milliers de visiteurs chaque année) et en laissant plusieurs fournisseurs et partenaires sur le carreau. Enfin, avec la fermeture par Patrick Cardon de Gay Kitsch Camp à Lille faute de moyens (les subventions municipales et régionales n’ont jamais été suffisantes), c’est à la fois une maison d’édition, un festival de cinéma et un centre de mémoire LGBT qui disparaissent.

> Stars outées



Stéphane Bern et Marc-Olivier Fogiel sont homosexuels et on a le droit de l’écrire : c’est la justice qui en a décidé ainsi en déboutant, le 11 avril, les deux animateurs télé qui attaquaient le magazine " L’expansion " pour atteinte à leur vie privée. A l’inverse, la justice a donné raison à Muriel Robin dans son action contre " Paris Match ", le magazine ayant publié en novembre, en couverture et dans un reportage-photo intérieur, des images montrant la comédienne en compagnie d’une femme présentée comme son amie.

> Focus : carnet noir



La communauté gay a vu disparaître plusieurs de ses figures en 2007. Parmi eux, Gérard Vappereau, un des fondateurs du magazine " Gai Pied ". Jacques Lemonnier, président-fondateur des Gais Retraités. André Labarrère, maire PS de Pau et ancien ministre, qui fut le premier homme politique français a rendre publique son homosexualité. Et Coccinelle, chanteuse, meneuse de revue et comédienne immortalisée par le tube " Chercher la femme " en 1964, qui avait été quelques années plus tôt rendue célèbre par son changement de sexe.

> En bref/Communauté



Prêtre et psychanalyste mais surtout homophobe notoire, Tony Anatrella est accusé d’abus sexuel sur deux séminaristes. Autre homophobe de premier plan, le défenseur de la famille traditionnelle Philippe de Villiers est lui aussi pris dans un scandale sexuel, un de ses fils accusant de viol un autre de ses rejetons.

Paris accueille le 18 mars la première Pute Pride organisée par la toute nouvelle association Les Putes.

Bertrand et Stéphane, les "mariés de Bègles", sont repassés devant la justice en octobre pour une bien mauvaise cause puisqu’ils ont été condamnés pour vol de chèques.

Au terme de trois ans de procédure, la cour de cassation a donné raison à Aides dans l’affaire de sa campagne de prévention intitulée " Sainte Capote ". Une association d’extrême droite catholique avait lancé les hostilités en 2003 en dénonçant " une provocation à l’égard de la communauté catholique ".

Toutes les enquêtes publiées en 2006 alertent sur une recrudescence des prises de risques et des contaminations au VIH chez les gays en France.

CULTURE

> Cinéma, les amours gay à l’honneur



Rarement, une année cinéma aura été si captivante pour les spectateurs homos. Démarré en fanfare avec la sortie du "Secret de Brokeback Mountain", love story sur fond d’Ouest américain couronnée d’Oscars et de triomphe public international, 2006 s’achève avec le beau succès plus underground de la comédie sexuelle qu’est "Shortbus" et du magnifique film d’amour de Zabou Breitman, cet "Homme de sa vie" où Bernard Campan s’éprend de Charles Berling. Entre-temps, l’année aura vu la confirmation d’un cinéaste portugais majeur, Joao Pedro Rodrigues, qui signe avec "Odete" une suite sublime à "O fantasma", la révélation de talents singuliers venus d’Amérique du Sud ("Ronde de nuit", "Un ano sin amor") et la célébration tous azimuts de Pedro Almodovar (prix à Cannes pour "Volver", exposition et rétrospective à la Cinémathèque). On peut aussi saluer les sorties d’intéressants films américains passés un peu inaperçus ("Transamerica", "Breakfast on Pluto", "Rent"), ainsi que la sortie tardive, vingt ans après sa réalisation, du premier film de Gus Van Sant, "Mala noche".

> Des cabarets très très gays



Alors que les Folies Bergères ont adopté depuis octobre les couleurs du mythique "Cabaret" de Bob Fosse dans une mise en scène flamboyante de Sam Mendes, c’est un autre cabaret qui retient l’attention des amateurs de spectacles en 2006 : celui des "Hommes perdus" qu’ont inventé, sur les scènes du Rond-Point puis de la Pépinière-Opéra, Christian Siméon et Jean-Luc Revol pour un spectacle queer, drôle et magnifique, entre comédie et comédie musicale, drame et revue, kitsch et porno. Rarement, la dose de gaytitude aura été aussi forte que dans ce show réjouissant mené de main de maître. Pourtant, la concurrence a été rude en 2006, les excellents spectacles à teneur homo s’étant succédé sur les planches, des "Dindes galantes" des Caramels Fous au "Projet Laramie" consacré à l’affaire Matthew Shepard, des "Grecs" de Jean-Marie Besset au spectacle chantant "Chantons dans le placard".

> Focus : année difficile pour Pink TV



Avec l’arrêt du "Set" et de plusieurs autres émissions de flux, Pink TV n’a pas été à la fête en 2006 d’autant que les rumeurs, en fin d’année, sur une augmentation de capital, une vague de licenciements et une nouvelle grille d’où d’autres émissions seraient supprimées (et qui pourrait être largement "en clair"), n’en finissent pas d’être inquiétantes. Et ce malgré l’arrivée à l’antenne au fil des derniers mois d’excellentes séries ou d’un feuilleton documentaire aussi passionnant que "Transgeneration". La quatrième saison de la chaîne gay sera donc certainement décisive…

> En bref /Culture

Après Christophe Willem, vainqueur de la "Nouvelle star" 2006 sur M6, c’est au tour de Cyril de remporter "Star academy" sur TF1.

L’année 2006 aura été marqué par de nombreuses célébrations du vingtième anniversaire de la mort de Jean Genet, en particulier l’inauguration d’une plaque sur l’hôtel parisien où il est décédé.



Deux des grands noms de la littérature gay américaine ont publié leurs mémoires cette année : Edmund White et Gore Vidal.

"Histoire de l’homosexualité" de l’historien américain Robert Aldrich est certainement un des livres essentiels sur le sujet parus depuis longtemps.

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