Rudolf Brazda, qui vit depuis la fin de la guerre en Alsace, s'est recueilli en compagnie du maire de la capitale allemande, Klaus Wowereit, devant ce monument inauguré il y a un mois en face du Mémorial de l'Holocauste.

Lors de cette inauguration, les autorités et les responsables de la communauté homosexuelle allemande avaient expliqué que la mémoire de ces persécutions ne pouvait plus se transmettre par témoignage direct, car Pierre Seel, un Français d'Alsace, longtemps considéré comme le dernier survivant des victimes homosexuelles du nazisme, est décédé en novembre 2005.

Or, Rudolf Brazda, qui a passé quatre ans à Buchenwald entre 1941 et 1945, faisait aussi partie de ces "Triangles roses", ces milliers d'homosexuels déportés ou torturés par les nazis en raison de leur orientation sexuelle jugée "contre nature".

Après avoir appris l'existence de ce monument par l'intermédiaire des médias, il s'est manifesté auprès des associations gays allemandes, ce qui lui a valu d'être invité à se rendre vendredi au mémorial en compagnie de Klaus Wowereit, lui-même homosexuel.

"Avant, nous devions nous cacher en permanence, on nous considérait comme des anormaux. Mais dieu merci, aujourd'hui on est libres. La démocratie, y'a rien de mieux", a simplement déclaré le vieillard, souriant et plutôt en forme malgré ses 95 bougies soufflées jeudi.

En conclusion de son séjour à Berlin, Rudolf Brazda, que sa famille appelle "Oncle Rudi", a pris part samedi à la Gay pride organisée dans la capitale, où il a défilé sur le char d'une association homosexuelle.

Mis en ligne le 30/06/08