Le numéro deux du Vatican, le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone (photo : en compagnie de Benoît XVI) a annoncé lundi à Santiago du Chili que le pape Benoît XVI préparait "d'autres initiatives" face aux scandales de pédophilie au sein de l'église, après la publication d'une série de directives.

Mais le cardinal secrétaire d'Etat a une nouvelle fois récusé lundi le lien entre les cas récents de pédophilie de la part du clergé et la question du célibat des prêtres, estimant que "le problème" est lié à l'homosexualité.

"Nombre de psychologues, de psychiatres, ont démontré qu'il n'y a pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d'autres ont démontré, et m'ont dit récemment, qu'il y a une relation entre homosexualité et pédophilie", a affirmé Mgr Bertone. "C'est la vérité, c'est le problème".
"Cette pathologie touche toutes les catégories de gens, et les prêtres à un moindre degré si l'on regarde les pourcentages", a-t-il poursuivi.

Rolando Jimenez, le président du Mouvement pour l'intégration et la libération homosexuelle (Movilh) au Chili a estimé que "ni Bertone ni le Vatican n'ont l'autorité morale" pour offrir des leçons de sexualité. "Il s'agit d'une stratégie perverse du Vatican qui cherche à fuir sa propre responsabilité", a-t-il ajouté.

La thèse selon laquelle le scandale d'abus sexuels sur des enfants au sein de l'Eglise catholique a été causé par des homosexuels et non par des pédophiles, n'est pas nouvelle à Rome. En octobre 2009 déjà, Mgr Silvano Tomasi, Observateur permanent du Vatican auprès des Nations Unies, avait défendu ce point de vue.

Depuis 2005, une nouvelle instruction du Vatican renforce les difficultés d'accès des homosexuels à la prêtrise.
Elle a été édictée suite au scandales pédophiles survenus au sein de l'Eglise américaine et révélés cette année-là.

> SOS Homophobie : "une affirmation péremptoire, infondée et scandaleuse"

SOS Homophobie qualifie les propos du cardinal Bertone d'"affirmation péremptoire, infondée et scandaleuse".
L'association lui demande de "fournir les noms de ces soi-disant 'nombreux psychiatres et psychologues' qui nourrissent un tel amalgame".
Pour SOS Homophobie, il s'agit d'"une campagne de désinformation, qui n'a d'autre effet que de stigmatiser une catégorie de la population" et pour l'Eglise catholique de "se déresponsabiliser du laxisme dont elle a fait preuve dans la condamnation des affaires de pédophilie qui ont lieu en son sein".

"L’Eglise catholique, non contente de défrayer la chronique avec des scandales pédophiles successifs, ne trouve rien de mieux pour tenter de se disculper que d’invoquer l’homosexualité des pédophiles", s'indigne pour sa part le Centre LGBT de Paris qui parle de "diffamation homophobe".

Mis en ligne le 13/04/2010