Marine Le Pen se pose en défenseure des gays face aux lois religieuses musulmanes - Extrême droite

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Marine Le Pen se pose en défenseure des gays face aux lois religieuses musulmanes

En rompant dans son discours avec l'homophobie primaire de son père, Marine Le Pen s'aligne sur les mouvements d'extrême droite nord-européens qui ont inscrit les homosexuels au rang des victimes de la culture musulmane dans leur stratégie électoraliste.

E-llico.com / Actus

Marine Le Pen se pose en défenseure des gays face aux lois religieuses musulmanes
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Mis en ligne le 12/12/2010

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"J'entends de plus en plus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc", a affirmé Marine Le Pen dans sa diatribe anti-musulmane de la fin de la semaine passée dans laquelle elle a comparé les "prières de rues" de musulmans à une '"occupation" en faisant un parallèle avec la Seconde guerre mondiale.

"Je réitère qu'un certain nombre de territoires, de plus en plus nombreux, sont soumis à des lois religieuses qui se substituent aux lois de la République. Oui il y a occupation et il y a occupation illégale", a déclaré la fille de Jean-Marie Le Pen, dont les propos ont suscité un tollé dans la classe politique.

En "modernisant" la ligne affichée du Front National, dont elle est en passe de prendre la présidence dans quelques semaines, elle marche dans les pas des mouvements populistes d'extrême droite néerlandais qui n'ont pas craint ces dernières années de se poser en défenseurs de homosexuels en surfant sur l'homophobie régnant dans les banlieues ou les agressions homophobes commises par des descendants d'immigrés arabes qui ont pu émouvoir le public gay.

Ce nouveau discours, qui rompt incontestablement avec l'homophobie déclarée des anciens mouvements d'ultra-droite, a même trouvé son point culminant quand un homosexuel déclaré - Pim Fortuyn - s'est lui-même retrouvé leader d'une important mouvement politique en Hollande.

Adversaire obsessionnel de l’immigration, cet universitaire de 54 ans, était devenu en mars 2002, après une percée record à Rotterdam (34 % des voix), l’homme phare de la scène politique néerlandaise avant d'être assassiné.

Le repli communautariste d'une partie de la population musulmane sur une interprétation homophobe de l'islam et la culture ambiante que cette tendance a installé dans les quartiers déshérités où vit cette population constituent un angle d'attaque pour la "nouvelle extrême droite" en quête d'electorat nouveau.

Et un certain nombre de gays ont manifestement été sensible à ce nouveau discours, jusqu'ici à l'étranger.

Marine Le Pen pourrait bien s'inspirer de ces exemples européens pour tenter de "ripoliner" son parti et tenter d'agréger à son électorat des homosexuels peu politisés et à même de prêter une oreille bienveillante à une réthorique qui fait des "arabes" ou des "musulmans" les responsables du retour d'une forme d'homophobie violente à leur encontre.

Il n'est pas anodin de constater que dans la lutte pour la présidence du Front National, des proches de son adversaire Bruno Gollnisch ont attaqué Marine Le Pen sur une prétendue présence influente d'homosexuels dans son entourage politique. Un signe de la résistance manifeste d'une large part du mouvement d'extrême droite à toute forme d'évolution sur la question homosexuelle.

Car s'il ne fait parfois pas bon d'être homosexuels dans certains quartiers, pour reprendre la formule de Marine Le Pen, il ne fait toujours pas bon de l'être non plus dans la mouvance frontiste non plus, jusqu'à preuve du contraire.

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