Pierre Bergé a jugé dimanche "insupportables" les propos de la secrétaire d'Etat à la Santé Nora Berra, indiquant que "l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH".

"Les propos de Nora Berra sont insupportables" a-t-il déclaré sur France 3.

La secrétaire d'Etat à la Santé avait estimé la semaine dernière devant le Sénat, lors du débat sur la loi bioéthique, que "l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH" et justifie par conséquent "une contre-indication de don" d'organes.

Selon Alain Millon, rapporteur du projet interrogé par l'AFP, les débats portaient alors sur le don d'organes, dont les homosexuels, selon l'Agence de biomédecine, ne sont pas  exclus.

Cependant, selon le secrétariat d'Etat à la Santé, Nora Berra évoquait alors le don de sang, dont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont exclus pour limiter les risques éventuels en cas d'infection non encore détectée.

"C'est de la discrimination et les propos choisis ne sont vraiment pas très malin", a commenté dimanche soir Pierre Bergé, au troisième soir du Sidaction.

"On sait très bien qu'il n'y a pas de population à risque, il n'y a que des pratiques à risque. Les homosexuels ont été les premiers touchés (par le virus du sida), ils se sont comportés dès sa découverte dans les années 80 de manière exemplaire. Ils ont donné l'exemple, ils ont pris les plus grandes précautions", a-t-il insisté.

Auparavant, Jean-Luc Romero, élu d'Ile-de-France et militant anti-sida, avait dénoncé les propos de la secrétaire d'Etat, se déclarant, "en plein Sidaction, scandalisé".

Act Up-Paris estime pour sa part que Nora Berra est "un danger pour les LGBT et les séropos". "C'est la première fois depuis le début de la pandémie qu'une responsable gouvernementale en charge de la santé stigmatise aussi ouvertement les gays et les lesbiennes", affirme l'association dans un communiqué.

Alexandre Marcel, délégué aux régions de l'Idaho, qui organise la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, s'est de son côté dit "surpris qu'encore aujourd'hui il puisse y avoir dans les ministères des gens qui utilisent des clichés stigmatisant de facto les homosexuels". "On a une ministre en train de dire 'homo=sida', c'est insultant", a-t-il ajouté.

Homosexualités Et Socialisme parle d’un "dérapage sans excuse".

Sur son blog, la secrétaire d'Etat cherche à dissiper "ce qui s’apparente manifestement à une incompréhension", selon elle.

Elle dénonce les "professionnels de la polémique" et "ceux qui laissent planer une accusation d’homophobie infondée, offensante et particulièrement grave à [son] encontre", mettant notamment en cause notre confrère gay Yagg.com qui a dénoncé ses propos.

"C'est bien la notion de 'pratiques à risques' qui doit être prise en compte comme facteur de risque du VIH et non pas, évidemment, le fait d'être homosexuel", a rectifié la secrétaire d'Etat dans un communiqué publié lundi par ses services.

Avec AFP