Des prix Nobel qui pourchassent le virus dans ses réservoirs - VIH / Recherche

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Des prix Nobel qui pourchassent le virus dans ses réservoirs

Les Pr Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, co-découvreurs du virus du sida et prix Nobel de médecine 2008, se souviennent de leur excitation de chercheurs, il y a 30 ans, quand le sida est apparu, et poursuivent aujourd'hui le virus, caché dans ses mystérieux "réservoirs".

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Des prix Nobel qui pourchassent le virus dans ses réservoirs
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Mis en ligne le 03/06/2011

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A l'heure du 30ème anniversaire de l'apparition du virus, le 5 juin 1981, les deux chercheurs rappellent leur rôle dans la découverte du virus et disent leurs espoirs, dans des interviews séparées à l'AFP.

IDENTIFICATION DU VIRUS

"Quand les cliniciens nous ont contactés en décembre 1982, soit 18 mois après les premiers cas identifiés aux Etats-Unis, je n'en avais jamais entendu parler", raconteFrançoise Barré-Sinoussi, 63 ans. Alors "nous avons défini une stratégie pour essayer d'identifier l'agent responsable".

Luc Montagnier, 78 ans, se souvient de "la première mise en culture", pour isoler le virus. "C'était le 3 janvier 1983, à partir d'une biopsie d'un ganglion d'un patient", dit-il. "Au bout de quelques mois on s'est aperçu que ce virus était nouveau, là a commencé l'excitation !".

"Tout s'est passé très vite", raconte Françoise Barré-Sinoussi. "On savait que c'était transmis par voie sexuelle et sanguine, il y avait un sentiment d'urgence, de besoin d'être très réactif".

Luc Montagnier se souvient aussi de "la sensation d'isolement". "Les résultats qu'on avait étaient très bons, mais ils n'étaient pas compris par le reste de la communauté scientifique, au moins pendant un an, jusqu'au moment où Robert Gallo a confirmé nos résultats aux Etats-Unis. C'était extrêmement frustrant, on savait qu'on avait raison et on se heurtait à un mur".

TRAITEMENTS

Il y a eu d'abord la monothérapie et l'AZT, "décevants", et les résultats "très prometteurs" des trithérapies, dit le Pr Montagnier. "Succès assez rare dans l'histoire du médicament, les laboratoires se sont mis ensemble, sous la pression des associations de malades américains, pour ajouter un inhibiteur d'une compagnie à un inhibiteur de l'autre...".

Ils évoquent la récente étude sur l'utilisation des traitements pour éviter la transmission de l'infection. "C'est un argument très fort en faveur de ce que nous essayons de pousser depuis des années, d'utiliser le traitement en prévention", dit Françoise Barré-Sinoussi : "essayer de convaincre les personnes potentiellement touchées de se faire dépister le plus vite possible pour se faire traiter le plus vite possible".

Le Pr Montagnier, lui, "trouve ça assez peu convaincant". "Ce sont des produits chimiques toxiques, on ne peut pas prédire les effets à long terme, et c'est coûteux. On n'a même pas assez d'argent pour traiter tous les patients d'Afrique...".

LA RECHERCHE SUR LES RESERVOIRS

Un des axes essentiels de la recherche reste les réservoirs, lymphe, moelle osseuse ou tissus, où le virus se tapit pour attendre son heure et ressortir quand le patient arrêtera le traitement, faisant du sida une maladie non guérissable.

"C'est actuellement un peu mon obsession", dit Luc Montagnier.

Françoise Barré-Sinoussi imagine un traitement qui" permettrait de diminuer les réservoirs du virus à un niveau indétectable" afin qu'ensuite "la défense immunitaire prenne le relais pour contrôler cette infection".

Elle rappelle que 0,3% des patients, infectés depuis plus de 10 ans, "n'ont jamais reçu d'antirétroviraux et contrôlent naturellement leur infection". "Si cette situation existe naturellement, nous devons être capables, nous chercheurs, de la provoquer", dit-elle.

Dans des laboratoires d'Afrique, le continent le plus touché par l'infection, Luc Montagnier et son équipe s'attaquent aux réservoirs en détectant "des signaux électromagnétiques qui proviennent de l'ADN de certains virus" et que l'on essaie de faire disparaître avec des substances végétales, "qui ont des effets antioxydants et immunostimulants". "Nous avons fait un premier essai clinique encourageant", dit-il. Il en envisage un deuxième.

Source : AFP

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