Le Défenseur des droits veut intervenir dans l'affaire de l'enseignant homo écarté de son poste - Discrimination / Homophobie

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Le Défenseur des droits veut intervenir dans l'affaire de l'enseignant homo écarté de son poste

Cyril Couderc, instituteur employé d'une école privée évangélique en Alsace, a perdu son travail parce qu'il est gay. Il vient de saisir le Défenseur des droits Dominique Baudis, qui a promis jeudi qu'il interviendrait sur ce cas de "discrimination flagrante".

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Mis en ligne le 08/07/2011

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Cyril Couderc, instituteur employé d'une école privée évangélique en Alsace, a perdu son travail parce qu'il est gay. Il vient de saisir le Défenseur des droits Dominique Baudis, qui a promis jeudi qu'il interviendrait sur ce cas de "discrimination flagrante".

Cyril Couderc est un enseignant qui "tout d'un coup est écarté. On ne veut plus de lui parce qu'il est homosexuel", a résumé sur Europe 1 Dominique Baudis, dont les services incluent désormais l'ancienne Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde). "On va évidemment intervenir parce que là on est dans un cas de discrimination flagrante", a-t-il indiqué.

L'enseignant explique qu'il ne veut "plus laisser passer ça". "Il faut que quelqu'un leur dise que ce qu'ils ont fait n'est pas correct".

Cyril a enseigné pendant dix ans au collège-école Daniel, un établissement privé hors contrat, géré par une association protestante évangélique. Dans cette école installée dans un petit château à Guebwiller (Haut-Rhin), qui accueille 120 à 150 élèves, les enseignants sont supposés être "tous engagés dans la foi" et "éclairer d'une perspective chrétienne" les programmes de l'Education nationale.

En septembre dernier, la direction de cette école, ayant appris qu'il vivait en couple avec un homme, lui propose de "prendre un congé sans solde, le temps de 'guérir'". "J'ai refusé et ils m'ont alors proposé une rupture conventionnelle de contrat, à l'amiable. J'étais sous le choc, j'ai signé". Une signature qu'il dit regretter aujourd'hui.

Dans un argumentaire détaillé adressé aux médias, le pasteur Luc Bussière, président de l'association gérant l'établissement en question, affirme "respecter le choix de vie des homosexuels". Mais il demande "aux membres du personnel encadrant une cohérence entre ce qu'ils vivent et ce qu'ils enseignent".

L'école revendique "le droit de soutenir et encourager le modèle d'une famille avec un papa et une maman", et celui de ne pas "défendre, encourager ou enseigner l'homosexualité et le modèle du couple homosexuel comme une de nos valeurs".

Pendant plusieurs mois après sa mise à l'écart, l'ex-enseignant ne s'est pas rebellé, et l'affaire n'a pas été ébruitée. "Et puis récemment j'ai reçu par email l'affiche de la fête de fin d'année de l'école, qui proclamait 'Vivre ensemble', et là ça a été la goutte qui a fait déborder le vase", dit-il.

Depuis, Cyril Couderc a décidé de se battre: il n'exclut pas de porter plainte au pénal pour discrimination, et veut saisir les prud'hommes pour obtenir des indemnisations supplémentaires. Une démarche qui étonne son ancien employeur, surtout "huit mois après les faits".

Face à l'ampleur de la polémique, la Fédération protestante de France (FPF), qui rassemble des luthériens, des calvinistes et des "évangéliques modérés" (mais pas les évangéliques qui gèrent l'école de Guebwiller) a tenu à se démarquer de cette affaire, qui ne la "concerne en rien".

"Dans nos écoles, nous ne nous intéressons pas à l'orientation sexuelle des enseignants", a résumé Jean-François Collange, responsable au sein de la FPF des quelques écoles protestantes sous contrat avec l'Etat.

Cyril Couderc, qui entre-temps a retrouvé un emploi pour la rentrée prochaine - dans une école catholique sous contrat - dit être resté, quoi qu'il en soit, un "chrétien pratiquant". "On peut être chrétien et homosexuel", conclut-il.

> Mise à jour : La direction de l'école privée s'est étonnée vendredi soir que le Défenseur des droits l'ait accusée publiquement d'avoir commis une "discrimination flagrante", sans l'avoir entendue au préalable.

"Il est pour le moins surprenant que le Défenseur des droits puisse ainsi, sans avoir entendu les deux parties et sans disposer de toutes les pièces du dossier, porter un jugement aussi grave à l'encontre de notre établissement", s'insurge l'école.

"Compte tenu de son expérience passée, le Défenseur des droits sait l'importance de la présomption d'innocence", ajoute l'école, en référence à l'affaire Alègre, dans laquelle Dominique Baudis avait été mis en cause à tort, en 2003, pour viol et proxénétisme.

"Dans ce dossier sensible que certains voudraient instrumentaliser, il importe d'avancer avec mesure et sans parti-pris", conclut l'école Daniel.

Avec AFP

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