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L'Inde peine à combattre le sida chez les homosexuels et les prostitués

L'Inde a réussi ces dix dernières années à réduire de moitié le nombre de personnes atteintes du sida, mais ce succès masque une réalité plus sombre: le fort taux de contamination dans les populations homosexuelle et transsexuelle, notamment parmi les prostitués.

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Mis en ligne le 25/08/2011

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Cette anomalie a été relevée le mois dernier par le ministre de la Santé, Ghulam Nabi Azad, dans un discours lors d'une conférence sur le sida.

L'organisation indienne de contrôle du sida (NACO) estime que 7,3% de la population homosexuelle est infectée, contre 0,31% de l'ensemble de la population de plus de 18 ans.

Au sein de la fondation Pahal, dans l'Etat de l'Haryana (nord), qui fournit des préservatifs et des tests de dépistage gratuits et dispose d'une équipe de conseillers auprès de la population homosexuelle et transsexuelle, le directeur de l'unité, Maksoom Ali, confie qu'il se bat chaque jour contre l'ignorance.

La plupart des homosexuels, craignant l'homophobie, sont contraints de dissimuler leur sexualité, tandis que d'autres n'ont aucune idée des risques encourus lors de rapports non protégés, dit-il.

"Beaucoup de gens pensent que les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ne peuvent pas attraper le sida. C'est ce qui explique pourquoi les homosexuels et transsexuels ont beaucoup de rapports à risque", ajoute-t-il.

Selon l'agence onusienne Onusida, environ un tiers des homosexuels n'a pas accès au dépistage, à l'éducation sexuelle ou aux préservatifs gratuits.

Beaucoup de ceux qui viennent à la fondation Pahal sont de modestes ouvriers, des paysans ou des professionnels du sexe, comme Sanam, 25 ans, venue pour la première fois au centre voici trois ans.

Sanam, transsexuelle née Sushil Kumar Pandey, raconte qu'elle ne savait rien des maladies sexuellement transmissibles lorsqu'elle a commencé à vendre son corps. "Je n'ai jamais pris ça au sérieux, on avait l'habitude de faire ça sans préservatif", témoigne-t-elle.

Elle a appris ce qu'était le sida lorsqu'elle a découvert la fondation Pahal. "Ils m'ont d'abord fait une analyse de sang, ensuite ils m'ont parlé du sida, comment ça se propageait. Maintenant, j'utilise toujours un préservatif", assure-t-elle.

Bien que le gouvernement ait donné des fonds à des organisations de lutte contre le sida travaillant avec les communautés homosexuelle et transsexuelle, de nombreuses ONG se plaignent du manque de moyens.

Militant pour le droit des homosexuels et conseiller technique pour l'Onusida concernant les minorités sexuelles, Ashok Row Kavi estime que les autorités n'ont pas véritablement conscience de l'ampleur du problème.

"Nous ne connaissons pas la proportion d'hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes et le nombre est beaucoup plus élevé que ce que nous sommes prêts à accepter", estime-t-il, interrogé par l'AFP.

"C'est très inquiétant parce qu'à peine 4% de l'argent (public) pour la lutte contre le sida va à ce groupe", souligne le militant.

Selon "Rupali", prostituée "transgenre" de 24 ans, qui s'appelait auparavant Lalit Sharma, ses clients, parfois ivres et brutaux, lui font craindre pour sa santé lorsqu'ils la forcent à avoir des rapports non protégés.

La Haute cour de Delhi a dépénalisé en 2009 les rapports sexuels entre gays et lesbiennes adultes, dans un arrêt historique battant en brèche une législation du colonisateur britannique de 1860 qui considérait l'homosexualité comme un crime.

Mais le regard de la société change lentement. Même si plusieurs grandes villes indiennes ont chaque année leur "gay pride", l'homosexualité reste un sujet largement tabou, surtout dans les campagnes où la considère comme une maladie honteuse.

(Source AFP)

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