Allemagne
Les organisations LGBT s'opposent à la visite du pape à Berlin
Un collectif d'associations hostiles à la visite du pape en Allemagne espère réunir 20.000 manifestants jeudi à Berlin lorsque Benoît XVI s'adressera aux députés du Bundestag, faisant craindre de nouveaux débordements après ceux survenus à Madrid.
E-llico.com / Actus
Les organisations LGBT s'opposent à la visite du pape à Berlin
Allemagne
Mis en ligne le 20/09/2011
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La Porte de Brandebourg interdite à une manifestation gay anti-pape
Ce collectif d'associations homosexuelles, athées, ou de victimes de maltraitances reproche au pape ses positions conservatrices en matière de moeurs et des réponses insuffisantes face aux crimes pédophiles commis par des prêtres.
Certains dénoncent surtout son intervention devant les parlementaires allemands. "Un chef religieux n'a absolument rien à faire au Parlement", assène Thomas Hummitzsch, de la Fédération humaniste allemande, une association laïque.
"Avec ce discours devant les députés, c'est une nouvelle limite qui est franchie", estime Günter Dworek, responsable de la fédération lesbienne et gay (LSVD), à l'initiative de la manifestation de jeudi.
Benoît XVI sera le premier pape à s'exprimer devant le Bundestag et il ne s'agira que de la troisième intervention d'un pape devant une assemblée parlementaire (après celles de Jean Paul II devant les parlements polonais et italien).
Une centaine de députés de gauche du Bundestag ont déjà fait savoir qu'ils boycotteront ce discours.
"Nous ne critiquons aucune religion", précise Jörg Steinert, un autre responsable berlinois de LSVD. "Dans notre collectif de soixante associations, il y a aussi des croyants".
La popularité du pape est en berne dans son pays d'origine.
L'an dernier, la forte médiatisation de scandales pédophiles au sein de l'Eglise a poussé un nombre record de catholiques allemands à faire les démarches nécessaires pour ne plus payer l'impôt religieux.
Ce climat négatif, ajouté à l'importance de la mobilisation attendue, fait craindre des débordements.
En août, à Madrid, une manifestation de militants hostiles au pape, en visite dans le cadre des Journées mondiales de la Jeunesse, avait dégénéré après avoir croisé un cortège de pèlerins.
La police avait dispersé les manifestants à coups de matraque, entraînant une enquête disciplinaire pour "violences policières" contre trois agents.
Du coup, les organisateurs allemands font tout pour rassurer. "Nous aurons notre propre service d'ordre, avec 50 agents de sécurité professionnels et 150 bénévoles", explique Robert Kastl, directeur du "Christopher Street Day", l'association qui organise la parade gay annuelle à Berlin.
"Nous ne pouvons pas exclure que des provocateurs se glissent parmi les manifestants, reconnaît-il, mais tout a été fait pour que la police puisse extraire rapidement du cortège d'éventuels éléments violents".
Un tribunal de Berlin a interdit au cortège de se rassembler à la Porte de Brandebourg, distante de quelques dizaines de mètres seulement du Bundestag.
Une manifestation à cet endroit est incompatible "avec le haut niveau de risques potentiels et avec les exigences élevées de protection du Pape", a estimé le juge.
Le cortège partira finalement de la Potsdamer Platz, à environ un kilomètre de là.
"On se rend bien compte qu'on ne va pas convaincre du jour au lendemain Benoît ou l'Eglise de se rallier à notre point de vue", explique Birgit de Wall, directrice de l'association Pro Familia, qui milite pour l'éducation sexuelle, la contraception et le droit à l'avortement. Mais notre manifestation "est un signal aux politiques", ajoute-t-elle.
(Source AFP)