Les deux accusés se renvoient la balle  - Couple gay enterré vivant

Couple gay enterré vivant

Les deux accusés se renvoient la balle

Les deux hommes accusés d'avoir enterré vivants un couple d'homosexuels dans le Cher ont livré mardi des versions divergentes à la fois du déroulement et du mobile des faits, qui ont commencé à être abordés en fin de journée, au deuxième jour de leur procès devant les assises du Cher.

E-llico.com / Actus

Les deux accusés se renvoient la balle
Couple gay enterré vivant

Mis en ligne le 28/09/2011

Tags

Crime Assises du Cher Claude Juillet Christophé Rayé

Sur le même sujet

Les bourreaux présumés d'un couple homosexuel enterré vivant, devant les assises du Cher
Justice
Les bourreaux présumés d'un couple homosexuel enterré vivant, devant les assises du Cher
Les meurtriers présumés d'un couple enterré vivant, devant les assises du Cher
Procès
Les meurtriers présumés d'un couple enterré vivant, devant les assises du Cher

Qui, de Claude Juillet ou de Christophe Rayé, a eu l'idée de séquestrer, bâilloner, voler puis d'ensevelir vivants Guy Bordenave et Luc Amblard, un couple "sans histoire", en mars 2009, a demandé le président.

Côte à côte dans le box, les deux anciens amis, qui risquent la réclusion à perpétuité, se sont employés à impliquer leur co-accusé.

Juillet, 55 ans, a toujours reconnu les faits, y compris l'ensevelissement, expliquant que le couple s'opposait à sa propre relation avec la soeur de Guy Bordenave, Marie-Laure.

"On discutait et M. Rayé m'a proposé de régler cette histoire", explique Juillet. Comment, interroge le président. "En les tuant, avec un fusil".

Rayé le toise d'un regard où alternent le mépris et l'incrédulité.

"Il m'a proposé de l'aider à récupérer de l'argent qu'ils lui devaient", assure cet ancien chômeur. "J'ai dit oui".

S'ensuivent deux descriptions divergentes de l'enchaînement des faits.

Pour Juillet: les deux hommes débarquent le 7 mars 2009 chez le couple à Couy, près de Bourges. Après une discussion cordiale -Juillet est leur ancien employé-, Rayé et lui réclament l'argent, leur attachent les poignets, leur volent leur carte bleue. Rayé donne un coup de crosse à Guy Bordenave.

Pour ne pas se faire repérer, ils attendent le lendemain matin, obligent le couple à monter dans leur fourgon, les emmènent dans la fosse qu'ils ont creusée quelques jours plus tôt. Les deux victimes s'exécutent sans broncher, jure-t-il.

L'interrogatoire s'est arrêté à ce stade des faits mardi soir.

Pour Rayé: la discussion chez les deux hommes "commence à bien chauffer". Ils sont obligés de les attacher. Après une nuit alcoolisée, ils emmènent les deux hommes en direction de la fosse, creusée quelques jours plus tôt près de la Charité-sur-Loire (Nièvre), en bord de fleuve. Mais Juillet le dépose dans un village, où il va boire un coup pendant que son acolyte fait son oeuvre. Juillet revient le chercher, lui dit qu'il leur a fait peur, Rayé n'a pas participé à l'ensevelissement.

Pourquoi ces récits différents, interroge le président. "M. Juillet veut me faire participer à son double meurtre", tranche Rayé.

Le magistrat s'étonne fortement de la passivité présumée des victimes. "Donc, du début à la fin, les victimes n'ont pas esquissé le moindre geste, pas poussé le moindre cri, ils n'ont pas essayé de se rebeller"?

"Non", acquièscent les deux accusés, pour une fois à l'unisson. Les dix parties civiles, membres des familles des victimes, hochent la tête, incrédules. L'émotion est intense, l'une des parties civiles, membre de la famille Amblard, fait un malaise à l'audience, suspendue plusieurs minutes.

"Vous auriez un comportement passif comme ça, vous"?, relance le président. "J'essaierais de crier", reconnaît Rayé. "Peut-être qu'ils avaient peur".

En début d'après-midi, la soeur de Guy Bordenave avait mis en doute le mobile avancé par M. Juillet pour justifier son geste, à savoir que son frère Guy et son compagnon lui "pourrissaient la vie", en s'opposant à sa liaison avec elle.

"Je n'ai jamais observé la moindre tension entre eux", assure Marie-Laure Bordenave, la voix nouée par l'émotion, souvent au bord des larmes. "Ils rigolaient ensemble, ils plaisantaient".

Le Dr Jean-Michel Masson, psychiatre, a relevé une "indifférence émotionnelle incroyable", une "froideur affective", lors de l'évocation des faits avec Juillet. "Je n'ai ressenti à aucun moment le moindre sentiment de culpabilité envers des faits qui, s'ils sont avérés, sont terrifiants", assène-t-il.

Verdict jeudi.

(Source AFP)

Retrouvez les archives d'Illico / E-llico.com.

Plus 40.000 articles de la rédaction retraçant la vie de la communauté LGBT dans les domaines politique, sociétal, culturel et sanitaire de 2001 à 2022.

Tapez un mot-clé exprimant votre recherche dans le moteur de recherche ci-dessus.