Pologne / Législatives
Un parti anticlérical et pro-gay secoue la scène politique
Philosophe de formation et riche homme d'affaires volontairement provocateur, Janusz Palikot a provoqué un choc en Pologne avec son parti ouvertement anticlérical - et pro-homo -devenu troisième force politique à l'issue des législatives de dimanche.
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Un parti anticlérical et pro-gay secoue la scène politique
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Mis en ligne le 10/10/2011
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Pologne Parlement Janusz Palikot
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"Ca suffit qu'on nous dise comment vivre, comment s'aimer, combien d'enfants avoir et avec qui. Nous en avons assez de voir des hommes vêtus de noir décider qui peut avoir des enfants (...) pour qui il faut voter et qui est Polonais ou ou ne l'est pas", déclare Janusz Palikot, 46 ans, dans le programme du mouvement qui porte son nom et qu'il a créé il y a moins d'un an.
Il s'en prend aux tabous de la vie politique et sociale polonaise et réclame notamment l'abondon du financement de l'Eglise par l'Etat, l'introduction d'un impôt sur la religion payé par les citoyens et la suppression des cours de catéchisme dans les écoles publiques.
Il prône la révision des restitutions à l'Eglise des biens spoliés par les communistes et l'interdiction aux ecclésiastiques de participer à des cérémonies officielles d'Etat, des idées qu'aucun homme politique n'a jusqu'à présent osé formuler à haute voix.
Il demande aussi l'introduction du PaCS, le financement par l'Etat de la fécondation in-vitro, le remboursement de la pilule contraceptive, l'égalité des salaires entre hommes et femmes et jusqu'à la légalisation des drogues douces.
Sur ses listes électorales, il a placé des inconnus du grand public, mis à part quelques personnalités du mouvement gay et des mouvements pour les droits de femmes. Cela a semblé suffisant pour les plus de 10% des Polonais qui ont voté pour son mouvement.
Né le 26 octobre 1964 à Bilgoraj dans l'est de la Pologne, Janusz Palikot se destinait d'abord à la philosophie mais l'abandonne pour se lancer dans les affaires au moment de la chute du communisme en Pologne en 1989. Il crée une usine de vins mousseux, puis achète une distillerie de vodka qu'il introduit en 2005 à la bourse de Varsovie.
Il contrôle une maison d'édition et finance pendant un temps une revue ultracatholique. Plus tard, il s'excusera à plusieurs reprises de l'avoir fait.
Ce n'est qu'en 2005, que Janusz Palikot, déjà millionnaire, entre en politique, et rejoint les libéraux de Donald Tusk. Elu la même année dans la circonscription de Lublin, Palikot devient l'enfant terrible de la politique polonaise au service des libéraux.
Excellent orateur, et surtout volontairement provocateur, il s'attaque aux conservateurs et à leurs dirigeants, les frères jumeaux Kaczynski.
Il n'hésite pas à tenir une conférence de presse avec un godemiché et un pistolet, ou apparaître dans une émission de télévision avec une tête de porc coupée, portée sur un plateau.
Il va jusqu'à accuser d'alcoolisme, en 2008, le président Lech Kaczynski mort deux ans plus tard dans un accident d'avion à Smolensk en Russie, et à faire des allusions concernant l'orientation sexuelle supposée de son frère Jaroslaw, chef des conservateurs.
En 2010, il quitte l'équipe de Donald Tusk, qu'il juge trop conservatrice notamment sur les questions des droits de femmes et des homosexuels, ainsi que sur la présence de l'Eglise dans la vie publique.
Alors que certains prévoyaient sa disparition de la vie politique, Janusz Palikot décide de créer son propre parti. Il sillonne le pays de long en large et bâtit les structures de son mouvement pour franchir dimanche avec lui, triomphant, les portes du Parlement.
(Source : AFP)