Wilfrid, marié et père de famille devenu Chloé  - Portrait

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Wilfrid, marié et père de famille devenu Chloé

Col roulé noir, tailleur orange vif, cheveux châtains mi-longs et boucles d'oreilles créoles, Wilfrid (Chloé) Avrillon, un homme marié et père de trois enfants devenu transsexuel sans quitter sa famille, espère faire reconnaître par la justice sa nouvelle identité féminine mais aussi la légalité de son mariage avec Marie.

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Wilfrid, marié et père de famille devenu Chloé
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Mis en ligne le 28/10/2011

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"J'ai fait mon coming out le 16 janvier 2010, j'ai dit à Marie ce que je ressentais. J'ai fait sauter un barrage d'émotion et j'ai sorti tout ce que je retenais au fond de moi depuis des années", explique d'une voix douce et posée cette "femme enfermée dans un corps d'homme" de 41 ans.

Elle a déposé cette semaine une requête devant la chambre du conseil du tribunal correctionnel de Brest pour modifier son acte de naissance et devenir officiellement "Chloé", un prénom choisi pendant son adolescence, sans annuler la validité du mariage célébré il y a quinze ans.

Le procureur ne s'est pas opposé à sa requête et les Avrillon espèrent obtenir une décision favorable le 15 décembre prochain, ce qui constituerait une première pour la reconnaissance d'un mariage de facto devenu homosexuel.

Wilfrid-Chloé s'interrogeait depuis qu'il a quatre ans sur le fait de se sentir "plus féminin que masculin". Marie, 43 ans, lui a de son côté avoué son homosexualité. Elle n'avait fréquenté que des femmes avant de tomber amoureuse de ce garçon efféminé. Et le couple assume son évolution.

"Je ne me suis plus forcée à viriliser ma voix, je ne me suis plus retenue dans ma gestuelle", se souvient Chloé en confiant avoir pris jadis des cours de théâtre pour masquer au mieux sa féminité parce qu'au lycée, les insultes - "tarlouse" "pédale" - étaient fréquentes.

Elle s'est laissé pousser les ongles avec "bonheur" tout en expliquant à l'aîné de ses enfants (14 ans) que c'était pour jouer de la guitare.

"Il n'a pas été dupe! Un pédopsychiatre nous a conseillé de laisser venir les questions et d'y répondre simplement. Aujourd'hui, nos enfants sont fiers parce que nous avons été courageuses dans nos choix", affirme Chloé.

Pourtant le couple a redouté le regard des autres enfants et des enseignants de l'école primaire et du collège à Landerneau, une ville de 15.000 habitants, où vit la famille. Mais "tous ont été très accueillants, tout c'est bien passé", assure le couple.

"A Landerneau, nous sommes considérées comme un couple modèle. J'espère que ça va continuer parce qu'à l'intérieur nous sommes toujours les mêmes, notre belle histoire d'amour continue. J'ai beaucoup d'espoir pour nous et pour les gens comme nous", dit Chloé.

A son travail, cette ingénieure informaticienne salariée de la fonction publique, a "bataillé" pour faire changer le prénom de son adresse électronique.

"Ca s'est passé bien avec les collègues malgré les préjugés religieux de certains. S'habiller en femme alors qu'on a l'apparence d'un garçon n'a pas été toujours compris", dit celle qui "revendique son identité de genre".

Jadis Wilfrid-Chloé avait "un rapport difficile" avec son corps. Aujourd'hui, malgré les inconvénients de son traitement hormonal pour une féminisation rapide, elle ne regrette pas son choix. Elle ne peut plus regarder les photos de celui qu'elle était: "ce n'était pas moi".

"La libération finale approche", car pour elle, la dernière étape sera la vaginoplastie prévue en Thaïlande en décembre, trois jours avant le délibéré du TGI de Brest.

Sur internet, les commentaires homophobes fusent, en réponse aux articles évoquant sa procédure judiciaire. "Mais les personnes transgenres ne font de mal à personne, on vit un apartheid par ignorance de ce que nous sommes", s'indigne Chloé. Militante engagée, elle est vice-présidente de l'association Rainbow Brest qui accompagne les personnes en mal-être.

(Source AFP)

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