François-Marie Banier et son ami ont été interpellés lundi sur un mandat d'amener délivré "dans le cadre de l'information ouverte des chefs d'escroquerie, abus de confiance, blanchiment, abus de faiblesse et recel au préjudice de Mme Liliane Bettencourt" le 29 septembre dernier, a précisé le parquet de Bordeaux dans un communiqué.

"Leur transfèrement à Bordeaux pour éventuelles mises en examen, prévu dans les prochains jours, est en cours d'organisation", selon ce document.

Ils seront présentés "mercredi en début d'après-midi" au juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil, a-t-on appris mardi auprès du parquet de Bordeaux.

Il semble que la procédure de mandat d'amener, qualifiée de "brutale" dans l'entourage de François-Marie Banier, ait été choisie car les deux hommes avaient l'intention de se rendre à New York pour les fêtes de fin d'année, ce qui contrariait les plans du juge.

"L'affaire Bettencourt", qui regroupe des dossiers très variés, allant des écoutes illicites au financement de partis politiques ou à la fraude fiscale, est partie de l'amitié de vingt ans entre François-Marie Banier et l'héritière de l'Oréal, qui avait rapporté à l'artiste près d'un milliard d'euros en cadeaux et assurances-vie notamment.

La fille de Liliane Bettencourt, Françoise, ulcérée de cette relation qu'elle jugeait intéressée de la part de François-Marie Banier, avait porté plainte contre lui pour abus de faiblesse en 2007.

Des enregistrements réalisés chez Liliane Bettencourt par son majordome, transmis en 2010 à la police par sa fille dans le cadre de sa plainte, avaient permis de mettre au jour une série d'autres infractions possibles, et une dizaine de personnes pourraient être inquiétées à titre divers dans ces affaires.

François-Marie Banier, lui, semblait s'en être bien tiré : dans le cadre de la réconciliation entre mère et fille en décembre 2010, Liliane Bettencourt-Meyers avait abandonné sa plainte, et François-Marie Banier avait renoncé à la moitié environ des dons, notamment les assurances-vie, tout en conservant plusieurs centaines de millions d'euros de cadeaux.

Dans un communiqué du 28 mars 2011, entériné par un jugement du tribunal correctionnel de Bordeaux (où tous ces dossiers ont été transférés depuis Nanterre le 17 novembre 2010) du 29 juin, le procureur de la République de Bordeaux Claude Laplaud avait renoncé à son tour à le poursuivre, estimant "contradictoires" les preuves à son encontre.

Entre-temps cependant, le juge Gentil a fait mener le 7 juin une expertise médicale de Liliane Bettencourt, âgée de 89 ans, dont les conclusions, cette fois, ont été suffisamment alarmantes pour, d'une part qu'elle soit placée sous tutelle, d'autre part que le parquet de Bordeaux ouvre l'information pour abus de faiblesse portant sur la période septembre 2006-septembre 2011, recouvrant donc des mois où François-Marie Banier et son ami fréquentaient toujours la milliardaire.

Dans cette affaire où le juge Gentil et ses deux collègues ont multiplié les perquisitions ces derniers mois, mais n'ont entendu que peu de témoins, à part l'ancienne comptable des Bettencourt Claire Thibout ou la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez, une mise en examen de François-Marie Banier serait la première, pratiquement un an jour pour jour après la désignation des juges d'instruction.

(Source AFP)