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La défense de Manning plaide pour une réduction des accusations
Les avocats de Bradley Manning, accusé d'être la "taupe" de WikiLeaks, ont plaidé jeudi pour que le soldat américain bénéficie d'une réduction des accusations qui le visent, au dernier jour de l'audience qui devait déterminer s'il doit aller en cour martiale.
E-llico.com / Actus
La défense de Manning plaide pour une réduction des accusations
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Mis en ligne le 23/12/2011
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L'accusation "a exagéré" le nombre de chefs d'inculpation qui pèsent contre le jeune homme de 24 ans, a estimé David Coombs, avocat civil de Manning, lors de sa plaidoirie.
Me Coombs s'est prononcé pour l'abandon de toutes les accusations à l'exception de trois d'entre elles, passibles de 30 ans de prison. "Trente années comme peine maximum, c'est suffisant", a-t-il dit.
Manning fait l'objet de 22 chefs d'inculpation, dont le plus grave est celui de "collusion avec l'ennemi", qui le rend passible de la prison à vie.
Des accusations telles que l'utilisation de logiciels sans autorisation devraient être abandonnées parce que Manning servait dans une "unité sans foi ni loi" dans laquelle les soldats violaient systématiquement les règles en écoutant de la musique ou en regardant des films sur des ordinateurs de travail, a insisté David Coombs.
S'adressant à l'officier qui préside aux débats, le lieutenant-colonel Paul Almanza, Me Coombs a lancé: "vous avez l'occasion unique d'offrir au gouvernement américain ce dont il a besoin: voir les choses telles qu'elles sont".
Bradley Manning est accusé d'avoir transmis au site internet WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260.000 dépêches diplomatiques du département d'Etat.
De son côté, l'accusation a réclamé au lieutenant-colonel Paul Almanza, que Manning soit renvoyé devant une cour martiale. L'officier devrait prendre plusieurs semaines avant de rendre sa décision.
Le capitaine Ashden Fein a jugé que Manning avait été "formé et qu'on lui faisait confiance pour manier des systèmes de renseignement". Le soldat "a abusé de notre confiance (...). Il a aidé les ennemis des Etats-Unis en leur fournissant indirectement des renseignements à travers WikiLeaks", a-t-il poursuivi.
Le capitaine Fein a ensuite montré ce qu'il a présenté comme étant des extraits de conversations en ligne entre Manning et Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, puis une vidéo dans laquelle un membre d'Al-Qaïda parle des dépêches que Manning aurait fourni au site internet.
La défense estime pour sa part que Manning a souffert de troubles émotionnels et sexuels, en raison en particulier de son homosexualité, lors de son déploiement près de Bagdad de novembre 2009 à mai 2010, mais que ses supérieurs n'ont pris aucune mesure pour y remédier.
Pour étayer ces affirmations, David Coombs a appelé le lieutenant-colonel Almanza à s'interroger "non seulement sur la façon dont les choses se sont passées, mais aussi sur la raison pour laquelle elles se sont passées" ainsi.
Manning souffrait de "troubles de l'identité sexuelle", a noté l'avocat, expliquant que Manning s'était créé un avatar féminin sur internet baptisé "Breanna Manning". "Il souffrait dans son isolement, mais il ne souffrait pas en silence", a martelé David Coombs, avant de lire une lettre dans laquelle Manning s'adressait à l'un de ses supérieurs, le sergent Paul Adkins.
"Ils me hantent de plus en plus, au fur et à mesure que je vieillis", écrivait Manning à propos de ses troubles.
"Le sergent a reçu cette lettre et il n'a rien fait", a précisé Me Coombs. "L'absence de réponse de l'armée a un goût d'injustice".
Selon David Coombs, la publication des milliers de documents confidentiels par WikiLeaks "n'a causé aucun tort. Au contraire, cela a rendu service".
(Source AFP)