La justice européenne se prononce sur l'adoption simple  - Homoparentalité

Homoparentalité

La justice européenne se prononce sur l'adoption simple

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit décider jeudi si le refus par la justice française d'autoriser une homosexuelle à adopter l'enfant biologique de sa compagne, constitue une discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.

E-llico.com / Actus

La justice européenne se prononce sur l'adoption simple
Homoparentalité

Mis en ligne le 14/03/2012

Tags

Homoparentalité Adoption Lesbiennes Justice Europe

La décision est très attendue car, dans l'affirmative, la France sera contrainte de modifier sa législation pour ouvrir la voie à l'adoption simple par le second parent, le "parent social", au sein d'un couple homosexuel.

En couple depuis 1989, et "pacsées" en 2002, Valérie G. et Nathalie D. élèvent ensemble leur fille, née en 2000 grâce à une procréation médicalement assistée pratiquée par Nathalie, avec donneur anonyme en Belgique.

A deux reprises la justice française, le tribunal de Nanterre puis la cour d'appel de Versailles en 2006, a refusé à Valérie une adoption simple de la fillette.

L'avocate des deux femmes, Me Caroline Mecary, avait alors saisi la Cour de cassation pour finalement se désister après que la plus haute juridiction française eut rendu un arrêt de principe rejetant l'adoption simple au sein d'un couple homosexuel.

Car le droit français ne reconnaît une autorité juridique conjointe sur les enfants adoptés qu'au sein des couples mariés. Mais pas aux couples "pacsés" qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels. Dans ce cas, l'adoption simple par le "parent social" prive le parent biologique de l'autorité parentale.

"Il faut que la France aligne l'autorité partagée entre conjoints aux couples homosexuels", plaide Me Mecary. L'avocate dénonce une "discrimination indirecte" envers les couples homosexuels, qui ne peuvent se marier pour détourner l'obstacle, contrairement aux "pacsés" hétérosexuels. Elle y voit encore une "source d'insécurité pour les enfants qui ne peuvent pas hériter". 3,5 millions de personnes sont concernées, affirme Me Mecary.

Dans le cas de Nathalie et Valérie, la justice avait en première instance rejeté une adoption qui priverait la première de "l'exercice de l'autorité parentale", se retrouvant ainsi "dans l'impossibilité de prendre quelque décision que ce soit relativement à l'éducation de sa fille".

En appel, le procureur général de Versailles avait estimé que "le mariage est actuellement la seule structure symboliquement destinée à accueillir des enfants" et "que l'intérêt de l'enfant n'est pas conforme" au projet d'adoption par Valérie.

"La Cour (européenne des droits de l'Homme) peut vouloir donner un coup de pouce pour que la France modifie sa législation", espère Me Mecary, dont la démarche est soutenue par la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).

Lors de l'audience, en avril 2011, le gouvernement français a réfuté "toute différence de traitement" entre le couple que forment Nathalie et Valérie avec un couple hétérosexuel. Il a également suggéré le recours possible à "une délégation de l'exercice de l'autorité parentale".

Autant d'arguments qu'a rejetés Me Mecary pour qui il s'agit là d'une "suite de prétextes illégitimes" en soutien d'une mesure discriminatoire contraire à la convention européenne. En outre la délégation de l'autorité parentale, qui est "temporaire" ne permet pas, a-t-elle expliqué, la transmission du nom ou des biens à l'enfant.

"Je vous demande de permettre à (l'enfant) d'avoir deux parents sur le plan juridique quand bien même ces deux parents sont deux femmes lesbiennes (...) que toutes les trois puissent être réunies par les liens de l'amour et du droit", a-t-elle plaidé.

(Source AFP)

Retrouvez les archives d'Illico / E-llico.com.

Plus 40.000 articles de la rédaction retraçant la vie de la communauté LGBT dans les domaines politique, sociétal, culturel et sanitaire de 2001 à 2022.

Tapez un mot-clé exprimant votre recherche dans le moteur de recherche ci-dessus.