Ihsane Jarfi, 32 ans, disparu dans la nuit du samedi au dimanche 22 avril a été retrouvé mort dans un champ à l'écart d’une route peu fréquentée de la région liégeoise.

Il avait été vu pour la dernière fois à proximité de l'Open Bar, un établissement gay de Liège.

Il avait alors accepté de monter dans une voiture à bord de laquelle se trouvaient quatre hommes, qui avaient auparavant demandé en vain à une jeune fille de les suivre, a expliqué une porte-parole du parquet de Liège, Valérie Schaaps.

Son corps a été retrouvé mardi dans un champ isolé, à une vingtaine de kilomètres. Il avait été "frappé à mort", a-t-elle  précisé.

"Le caractère homophobe de l'agression d'Ihsane Jafri est avéré, selon nos informations", a déclaré jeudi Vincent Bonhomme, de l'association "Arc-en-Ciel".

"Il s'agit du premier meurtre homophobe en Belgique, ce qui nous amène à penser que l'homophobie est sous-estimée par la population et les pouvoirs publics, qui doivent proposer un plan de lutte contre la discrimination", a-t-il ajouté.

Trois suspects ont été interpellés le 30 avril et inculpés de "détention arbitraire" et de "coups", a précisé la représentante du parquet, qui réclamera vendredi que leur inculpation soit requalifiée en "assassinat". Un quatrième homme recherché a été interpellé jeudi.

Le parquet "ne retient pas à l'heure actuelle" la discrimination comme mobile du meurtre, a précisé Valérie Schaaps. "Les suspects font état de propositions homosexuelles faites par la victime, mais on n'a pas d'éléments à l'heure actuelle disant que c'était le mobile premier du crime".

Deux des quatre suspects sont "connus de la justice pour des faits de violence grave et gratuite", a-t-elle indiqué.

Jugeant qu'il s'agit de "bagarreurs", la représentante du parquet estime qu'ils "voulaient 'chercher misère' à quelqu'un mais que ce n'était nécessairement dirigé à l'égard d'un homosexuel dès le départ".

Dans un communiqué, le parti vert Ecolo a néanmoins plaidé pour que "la lutte contre les discriminations et les violences homophobes devienne une véritable priorité nationale".

Le président du Parti socialiste, Thierry Giet, a déclaré que, "d'après les premiers éléments connus, il s'agirait d'un meurtre à caractère homophobe". "Si cela devait se vérifier, le PS appelle à la plus grande fermeté par rapport aux auteurs de ce crime ignoble", a-t-il ajouté.

Depuis la disparition et davantage encore la découverte du corps torturé de Ishane, la communauté LGBT liégeoise est sous le choc. 

Pour l'organisation Arc-en-Ciel Wallonie, "cette information remet en cause une série de certitudes. L'homophobie, au même titre que le racisme, est un phénomène grave. Il doit être pris au sérieux et ne devrait pas être sous-estimé, ni par le grand public, ni par les pouvoirs publics".

Arc-en-Ciel Wallonie réclame un plan national de lutte contre la discrimination et la violence homophobe. 

Dans le prochains jours, l'association se concertera avec les responsables de la Ville de Liège afin de mieux déterminer les motivations et implications de ce meurtre. 

"Pour le moment, dit-elle, l'heure est au recueillement".

(Avec AFP)