Un regain d'optimisme terni par l'explosion des cas en Europe de l'est - Conférence de Washington

Conférence de Washington

Un regain d'optimisme terni par l'explosion des cas en Europe de l'est

L'explosion des cas d'infection par le virus du sida (VIH) en Europe de l'est depuis dix ans va à l'encontre du regain d'optimisme qui a marqué la 19e Conférence internationale sur la maladie qui s'est achevée vendredi soir à Washington.

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Un regain d'optimisme terni par l'explosion des cas en Europe de l'est
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Mis en ligne le 30/07/2012

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"La mortalité due au sida a reculé de 35% dans le monde ces dix dernières années et l'incidence des nouvelles infections a diminué de plus de 20% en cinq ans, sauf dans sept pays qui font totalement exception et dont cinq se trouvent en Europe de l'est et en Asie centrale", a expliqué devant la presse durant la conférence le Dr Michel Kazatchkine, envoyé spécial de l'ONU pour le sida dans cette région.

Dans ces pays, "la mortalité et l'incidence des infections s'est accrue de plus de 25%", a précisé l'ancien directeur du Fonds mondial contre le sida, fonction dont il a démissionné en janvier.

Selon les dernières statistiques de l'Onusida publiées juste avant la conférence de Washington, 1,5 million de personnes vivaient avec le VIH en 2008 en Biélorussie, en Russie, en Ukraine, en Roumanie, en Moldavie (Europe de l'est) et au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizstan, au Tadjikistan et au Turkménistan (Asie centrale), soit une progression de 66% depuis 2001. Parmi elles, 170.000 venaient de contracter l'infection.

En Russie, dans cinq régions du pays, les infections ont grimpé de 700% de 2001 à 2008 et aujourd'hui un Russe sur cent est infecté, souligne le Dr Kazatchkine.

Dans ces pays, la forte augmentation des infections résulte essentiellement du partage des seringues parmi les toxicomanes.

"Plus de 60% des cas cumulés sont liés directement au partage des seringues et au fait que les politiques publiques ne reconnaissent pas la réduction des risques" ou la valeur prouvée des traitements substitutifs comme la méthadone, explique le Dr Kazatchkine.

En Russie, les échanges de seringues permettant d'éviter que les drogués ne se les partagent, "sont quasiment inexistants" alors que par exemple aux Etats-Unis les programmes publics fournissent 140 seringues par utilisateur et par an.

En Russie, les drogués représentent 64% des personnes infectées par le VIH et seulement 18% des celles ayant accès à un traitement antirétroviral.

"Cette région est très en retard dans l'accès au traitement alors que, comme l'indique le rapport de l'Onusida, on est à 54% en moyenne de couverture des 15 millions de personnes infectées ayant besoin de ces traitements dans les pays à faibles et moyen revenu", déplore le responsable de l'ONU.

"Dans la région Europe de l'est et Asie centrale, ce taux d'accès aux antirétroviraux est de seulement 23%", dit-il.

La combinaison d'une absence de prévention et de traitement explique qu'en Europe de l'est, le nombre de décès par des maladies liées au sida est six fois plus élevée maintenant avec 90.000 en 2011, que dix ans auparavant.

A cela s'ajoute une fréquence accrue de co-infections dans les mêmes régions chez les toxicomanes s'injectant de la drogue, qui ont 23 fois plus de chances de contracter la tuberculose que dans la population générale.

Le Dr Kazatchkine a aussi souligné le fort accroissement des co-infections par l'hépatite C.

La professeur François Barré-Sinoussi, Nobel de médecine 2008 pour la codécouverte du VIH, a déploré durant la conférence que "l'urgence à agir médicalement se heurte à la stigmatisation et à la la criminalisation" des malades dans ces pays.

Elle a indiqué qu'en tant que nouvelle présidente de la Société internationale sur le sida, elle s'efforcerait de parler avec les autorités de ces pays pour infléchir leur politiques en matière de prévention du sida et de traitement.

(Source AFP)

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